
Aucune « stabilité » ne peut être acceptée parmi la population qui refuse que les écoles de ses gamins soient sacrifiées, l’hôpital démantelé ou ses faibles revenus encore amputés.
Par Adrien DUQUENOY .
François Bayrou vient de déclencher son quatrième 49.3 depuis sa nomination par Macron à la suite de Barnier… Cette fois-ci pour entériner la troisième partie du budget d’austérité qu’il a prévu pour la Sécurité sociale. La France insoumise, fidèle à l’orientation de rupture qu’elle porte, a déposé une nouvelle motion de censure. Le PS la votera-t-il ? À vrai dire, après trois refus de voter la censure de Bayrou, aux côtés du RN, cela ne fait plus vraiment suspens…
L’austérité validée par le PS, suivi du RN
Ainsi, ces derniers jours, le PS aura donc littéralement validé la hausse des tarifs d’électricité pour 11 millions de Français, la hausse des prix des mutuelles, la baisse des APL et de la prime d’activité, la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie pour les fonctionnaires (et le gel de leur salaire), la suppression de l’aide médicale d’État pour 40 000 personnes, la taxe de 30 euros pour près d’un million d’apprentis et d’alternants du pays… mais aussi l’amputation de 2,5 milliards d’euros à l’écologie, la disparition de 1,5 milliard pour les universités et la recherche, la réduction de 200 millions pour l’Éducation nationale et l’acceptation de milliers de fermetures de classes, ou encore la coupe drastique de 1,6 milliard sur le budget du logement, etc.
Voici donc ce qu’ils viennent d’accepter, au mépris le plus total de ces électeurs qui, bien que méfiants et malgré l’expérience, avaient accepté avec intelligence de mettre tout de même un bulletin PS dans l’urne… pour que la rupture avec Macron l’emporte.
Le PS, il y a encore quelques mois, avait bien compris qu’il lui fallait accepter le programme de rupture proposé par la France insoumise pour rester en vie… Mesurant que la colère n’a cessé de s’approfondir, notamment après la remise en cause du résultat des dernières élections législatives par Macron, il avait d’ailleurs su censurer Barnier aux côtés des autres membres du NFP.
Mais cette fois-ci, bien que conscient que le budget Bayrou est pire que celui de Barnier et ne pourra que provoquer l’accélération de la misère parmi la population, le PS a considéré que l’impératif était ailleurs… La situation était trop dangereuse pour Macron et le régime qu’il représente… D’où un impératif de maintien de l’ordre désigné « stabilité ».
Cris de joie parmi les macronistes et autres défenseurs du système pourri dans lequel ils survivent ! C’est ainsi que dès le lendemain de la première non-censure, la porte-parole du gouvernement en personne remerciait chaleureusement le PS sur les plateaux de télévision. Tout comme d’ailleurs l’a fait Gérald Darmanin en précisant que le PS « a bien compris » ce qu’il fallait faire pour sauver son gouvernement, à savoir « rompre avec la France insoumise ». Darmanin allant jusqu’à avouer : « C’est ce qu’on attendait de lui [le PS] depuis un certain temps ». Une satisfaction d’autant plus importante qu’elle permet même au RN de trouver un argument pour ne pas censurer le gouvernement : « Si le PS avait voté la censure, alors nous l’aurions fait aussi parce que dans ce cas ça aurait été concret » (Jean-Philippe Tanguy, RN).
Le racisme comme outil de maintien de l’ordre
« Stabilité », sauvetage du gouvernement… Le PS (et avec lui le RN) a sa boussole.
Bayrou le sait. Mais il sait aussi que chaque mesure prise dans le budget ne fera qu’approfondir la colère dans le pays… Alors maintenant que la docilité du PS lui est acquise, il peut concentrer ses efforts ailleurs pour tenter de tenir, à savoir : la division de la population, la surenchère sur le terrain du racisme !
C’est ainsi que dès le lendemain de la non-censure s’ouvrait comme par magie une nouvelle séquence : un débat sur le droit du sol et l’identité française !
Et jusqu’à l’intervention de Rachida Dati, ministre de la Culture, pour évincer un humoriste des plateaux de télévision de France 5, accusé d’islamisme pour avoir porté un bonnet et une barbe… tout en étant arabe !
Voilà ce que signifie concrètement aujourd’hui la recherche de « stabilité », la « responsabilité » tant vantées par le PS…
Dans le pays, des mesures qui ne passent pas…
Ce mardi 11 février, refusant les fermetures de classes, plus de 60 % des professeurs des écoles de Paris sont en grève, 170 écoles sont fermées. Devant le rectorat, 1 000 personnes, parents, enseignants rassemblés. Ils refusent la « stabilité ». Ils veulent garder les classes !
Et il en est de même dans tout le pays où depuis ces derniers jours, confrontés aux annonces de fermetures de classes, enseignants et parents cherchent les moyens de s’organiser, notamment en bloquant les écoles, jusqu’à faire craquer les autorités académiques… effrayées par le risque que cela se développe.
Aucune « stabilité » ne peut être acceptée parmi la population qui refuse que les écoles de ses gamins soient sacrifiées, l’hôpital démantelé ou ses faibles revenus encore amputés.
Chaque conflit qui jaillit aujourd’hui, même très localisé, l’exprime avec force et donne une indication du processus en cours dans les profondeurs du pays.
Les dirigeants des confédérations syndicales qui ont décidé d’œuvrer eux aussi à la « stabilité » dans le conclave prévu à cet effet devraient regarder de ce côté-là. Du moins s’ils entendent tenter de respecter ce qui s’exprime parmi les travailleurs qui, eux, n’en peuvent plus.
Heureusement, dans ces conflits, nombre de syndicalistes sont aux avant-postes. Si cela ne se fait pas sans difficultés du fait de la politique de leurs directions, ils cherchent les moyens d’engager le combat pour faire reculer le gouvernement et les patrons.
Dans les initiatives qu’ils prennent, ou dans celles des travailleurs qu’ils appuient, nombre de militants de la France insoumise sont à leurs côtés.
Et pour cause : tout comme les syndicalistes et plus largement la population, ils refusent que la politique de Macron se poursuive, et malgré les appels à la « responsabilité », ils entendent rester fidèles au mandat qu’ils ont reçu.
« Le refus de la compromission avec l’adversaire » (Jean-Luc Mélenchon)
« Aucun accord ne nous obligera à être confondus avec les partisans de la “cogestion” de la stabilité de Macron. (…) Dans notre conception comme dans notre stratégie, la réparation des années Hollande et de la destruction de la gauche exige la fidélité absolue à la parole donnée et le refus de la compromission avec l’adversaire », écrit Jean-Luc Mélenchon dans sa dernière note de blog. Avant d’ajouter : « Nous méritons la confiance de millions de gens qui nous la renouvellent depuis ces douze ans où notre score dans toutes les élections a été multiplié par presque deux sans faille ni repli ». Nous le pensons et l’action dont fait preuve chaque jour la France insoumise en est la démonstration.
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