
Par Gérald FROMAGER
Le dernier communiqué officiel de Pôle emploi et de la Dares (services statistiques du ministère du Travail laisse entendre que le chômage diminue. Qu’en est-il en réalité ?
Pôle emploi et la Dares (services statistiques du ministère du Travail) publient le communiqué ci-après : « En moyenne au premier trimestre 2023, en France métropolitaine, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s’établit à 5 089 600. Parmi elles, 2 801 400 personnes sont sans emploi (catégorie A) et 2 288 100 exercent une activité réduite (catégories B, C). En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A baissé de 1,3 % (-35 600) ce trimestre et de 5,8 % sur un an. Le nombre de personnes exerçant une activité réduite courte (catégorie B) augmente de 0,3 % par rapport au trimestre précédent et sur la même période celui des personnes en activité réduite longue (catégorie C) croît de 0,9 %. Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C diminue de 0,4 % sur ce trimestre (-19 000) et de 3 % sur un an (…). » Cela s’appelle un communiqué en trompe-l’œil.
5,3 millions d’inscrits à Pôle emploi
En effet, ledit communiqué fait apparaître une baisse de demandeurs d’emploi de catégorie A (-1,3 % sur le trimestre et – 5,8 % sur un an) et une baisse du nombre de demandeurs d’emploi A + B + C (0,4 % sur un trimestre et 3 % sur un an).
Nul besoin d’être un grand statisticien pour comprendre que, en fait, la précarisation des salariés s’accentue. Il s’agit non d’un élément signalant une amélioration de l’emploi, mais une augmentation des emplois précaires.
Il est d’ailleurs significatif de constater que la publication évoque le total des catégories A, B et C pour présenter les choses d’une manière fallacieuse : « Le nombre de personnes exerçant une activité réduite courte (catégorie B) augmente de 0,3 % par rapport au trimestre précédent et sur la même période celui des personnes en activité réduite longue (catégorie C) croît de 0,9 %. » Le propos cherche à présenter positivement cette information, alors que, autrement dit, il y a une augmentation du nombre de salariés placés en précarité.
Comprenons-nous bien : jamais nous n’avons prétendu dans ce journal que les chiffres du chômage ne pouvaient, en aucun cas, baisser. Nous affirmons, en revanche qu’il y a bien des façons de les présenter avantageusement de la part du gouvernement.
Une manière de faire oublier que la totalité des demandeurs d’emploi de catégorie A, B et C représente (chiffres du ministère du Travail, métropole et « DOM ») 5,369 millions de personnes.
Toujours aussi cruelle pour le gouvernement est la statistique concernant les jeunes de moins de 25 ans inscrits à Pôle emploi. Ils sont 372 600, ce qui représente une hausse de 0,8 % sur un an. Ce n’est pas en faisant travailler deux ans de plus leurs aînés que les choses vont s’arranger. Mais l’on sait bien que l’objet de la retraite à 64 ans avec 43 annuités de cotisation a un tout autre objectif.
Jacques, 80 ans, contraint de continuer à travailler (Source : Le Parisien du 2 mai) Après avoir travaillé 51 ans (de 14 à 65 ans) dans le BTP, Jacques ne touche que 905 euros par mois de retraite. Une fois le loyer et les factures payés, il ne lui reste que 30 euros pour vivre. Bien que paralysé d’un bras après la chute d’un échafaudage à 50 ans, il est contraint de travailler à temps partiel dans une grande surface où il range les étagères « Le plus difficile, c’est de se baisser pour atteindre les rayons proches du sol. » Sa hantise : la visite médicale obligatoire : « Ce dont j’ai peur, c’est que le médecin me dise que je suis trop vieux, trop cassé pour continuer. » Selon l’Insee, plus d’un Français sur dix de plus de 65 ans vit sous le seuil de pauvreté. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 495 000 retraités continuent à travailler. C’est ce monde barbare que Macron voudrait généraliser et dont les Français qui manifestent ne veulent pas. |
Gérald FROMAGER
Source : Informations Ouvrières n°755 (semaine du 4 au 10 mai 2023)
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/le-chomage-baisse-non-la-precarite-augmente-io-4-05-23/