
Par Clara GROUZIS
Depuis deux ans, le collège de la Durantière, à Nantes, demande son reclassement en zone d’éducation prioritaire renforcée. Jeudi matin 6 juillet, personnels et enseignants voulaient se faire entendre, alors qu’ils réclament l’ouverture de deux classes supplémentaires.
« Viser Rep+, uniquement Rep+. » Sur l’air de la chanson d’Amel Bent, le personnel du collège la Durantière, à Nantes, s’est mobilisé, ce jeudi matin 6 juillet, devant l’inspection académique. Des pancartes « SOS », une chorégraphie et des paroles bien apprises : ils ne lâchent rien. Cela fait deux ans que ce collège nantais demande son reclassement en réseau d’éducation prioritaire renforcé. Cinquante conseils de discipline en deux ans, des élèves qui décrochent, des heures de cours non rattrapées faute de professeurs : les difficultés se multiplient et les moyens manquent.
Pour la rentrée prochaine, l’équipe éducative du collège demande l’ouverture de deux classes et davantage d’heures de cours. Le représentant syndical Sylvain Marange était en réunion jeudi à la Direction académique de Loire-Atlantique afin de renégocier la répartition des moyens éducatifs. « La Directrice académique nous répond qu’elle entend, qu’elle prend note, mais qu’elle manque de moyens. Les ajustements devraient se faire dans les jours ou les semaines à venir », relate-t-il.
En mai, personnels et enseignants ont monté un dossier de quarante pages, transmis au ministre de l’Éducation nationale. Ils réclamaient une audience à Pap Ndiaye pour négocier le reclassement et donc l’octroi de davantage de moyens, matériels et humains. On les a renvoyés vers le Rectorat.
« Ça nous semble fou, on demande juste une rencontre, souligne Sylvain Marange, professeur d’histoire-géographie. Tout le monde nous soutient : la Ville de Nantes, des élus départementaux, la députée de la circonscription et trois autres députés du département. » Pour protester, les enseignants, le personnel et les parents d’élèves ne siègent plus dans les instances du collège (conseil de discipline, conseil d’administration…) depuis début juin.
Des difficultés qui se multiplient
« Si nous, on se sent abandonnés, alors les élèves aussi. Ce sont eux qui trinquent, déplorent les enseignants. Il y a quelques années, on pouvait leur dire qu’on avait des effectifs réduits et qu’ils auraient leurs chances. Maintenant, c’est plus compliqué. » 70 % des familles du secteur contournent le collège pour mettre leurs enfants ailleurs.
« Ce qui nous vexe c’est d’avoir la confiance des familles et de ne pas pouvoir faire au mieux, s’attriste Sylvain Marange. Mais on y croit tous, on a très très envie de faire réussir nos élèves. »
D’autant que l’établissement accueille aussi deux unités localisées pour l’inclusion scolaire, pour les élèves présentant certains troubles, de plus en plus d’élèves allophones et de nombreux élèves en situation de handicap. Selon les enseignants, les conditions pour le passage en Rep+ sont réunies.
Les parents d’élèves aussi soutiennent les revendications de l’équipe éducative. « On a l’impression de venir quémander chaque année des bouts de sparadrap. On a besoin de pérennité, de visibilité. Ça donne le sentiment qu’il y a des problèmes mais qu’on aura jamais de solution », commente ainsi affirme David Paulet, père d’une élève de 3e.
En attendant, l’équipe du collège garde le poing levé, même si les vacances scolaires débutent ce week-end.
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