
Les joueurs de « Victoria 3 », un jeu de stratégie complexe où l’on doit faire prospérer son pays au fil du XIXe siècle, se sont rendus compte qu’établir un système communiste était une méthode beaucoup trop facile pour gagner la partie. Un patch sorti ce lundi tente de rééquilibrer les choses.
« C’est beaucoup trop facile », se plaint un joueur sur le site de discussion Reddit. Depuis la sortie en octobre dernier du troisième épisode de la série de jeux vidéo « Victoria », ils sont plusieurs à avoir suffisamment étudié la question pour émettre ce verdict : dans « Victoria 3 », le communisme est « OP », « overpowered », en français « beaucoup trop puissant ». Jusqu’à pousser le développeur du jeu à modifier certains algorithmes pour remettre les différents « styles de jeu » de son économie à égalité.
Un joueur explique en quelques points comment gagner à presque tous les coups : après avoir instauré un système de « coopérative ouvrière »où les travailleurs possèdent leur entreprise, « les capitalistes ne touchent rien, et toute la richesse supplémentaire va aux ouvriers, qui deviennent plus riches. Leur pouvoir d’achat augmente, la demande augmente, leur niveau de vie augmente, l’immigration augmente. » Le tout donne (dans le jeu, en tout cas) une économie florissante grâce à un cercle vertueux quasi-miraculeux.
Dans le jeu, les profits ruissellent
D’autres joueurs reprochent, non pas seulement l’efficacité excessive de ce type de système, mais la manière dont il peut être mis en place beaucoup trop facilement, « en cliquant juste sur un bouton ». Certains ont modifié eux-mêmes le jeu pour qu’il donne une chance à des systèmes économiques un peu moins marxistes.
Tous veulent une expérience la plus réaliste possible : or dans le jeu, non seulement la mise en place d’un système marxiste se fait sans aucune résistance, non seulement une éventuelle dérive autoritaire n’a pas de conséquence sur le moral des habitants, mais en plus le jeu suppose (comble de la fantaisie) que plus une entreprise rapporte d’argent, plus ses employés sont automatiquement mieux payés.
« Je ne veux pas qu’on présente le capitalisme ou la répression de l’immigration comme de ‘bons’ systèmes – d’ailleurs ils ont déjà leurs désavantages dans le jeu », résume un autre joueur. « Je veux juste que le jeu reflète de manière plus réaliste les désavantages de tous les systèmes. »
Même le développeur a fini par reconnaître un léger déséquilibre dans le fonctionnement de ses systèmes économiques. Dans un patch sorti ce lundi, parmi de nombreux autres ajustements, « Victoria 3 » modifie par exemple la manière dont les salaires sont augmentés : « Les hausses ne seront désormais décidées que pour prévenir une radicalisation massive des ouvriers [sic] ou pour attirer de la main d’œuvre, et plus seulement pour dire : ‘hé, on a fait de plus gros profits, augmentation pour tout le monde’ ! », explique l’un des responsables du projet sur son forum officiel.
Tant mieux pour le réalisme… Tant pis pour les millionnaires ouvriers virtuels.
Par Olivier Bénis