
Pierre-Yves Cadalen, leader des Insoumis brestois, démontre ; en faisant référence aux conflits à Gaza et en Ukraine, que « les voix de la paix ont fort à faire contre ceux qui veulent vendre des guerres ».
La paix paraît être une revendication consensuelle : qui ne la souhaiterait pas ? Pourtant, les dépenses militaires mondiales annuelles ont augmenté de mille milliards de dollars en dix ans et les voix pour la paix sont malmenées.
Deux conflits donnent à voir la lutte contre la paix menée par des leaders d’opinion minoritaires tentant d’exciter les passions guerrières.
Pour la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui procède de l’invasion russe, les partisans de la paix répètent une évidence : toute sortie de guerre est négociée, à moins de tomber dans une logique d’anéantissement, guerres totales dont le spectre hante l’Europe. Une menace supplémentaire s’y ajoute depuis 1945, le cataclysme nucléaire. Alors que la Chine et l’Allemagne patronnent une conférence pour la paix en juin, en France les voix de la paix sont accusées de trahison. Qu’importe l’évidence : plus durera la guerre, plus nombreuses seront les pertes civiles et militaires. Si défendre la paix revenait à soutenir Vladimir Poutine, un seul choix demeurerait : la guerre totale, quand l’armement nucléaire menace l’humanité de destruction généralisée.
« Qui défend la paix risque d’être qualifié de traître, d’antisémite ou de complice du terrorisme. »
Le conflit israélo-palestinien : alors que 35 000 personnes, dont 14 000 enfants, au moins, sont mortes sous les bombes israéliennes depuis le massacre commis par le Hamas le 7 octobre, les voix qui réclament la paix (…) à Gaza sont accusées de complicité avec le terrorisme, ou de clientélisme électoral. Ainsi, vouloir qu’un massacre immense de civils cesse reviendrait à soutenir des actions terroristes : à ce jeu, les mots n’ont plus de sens. Vouloir que des Palestiniens ne soient plus les victimes innocentes de bombardements aveugles reviendrait à vouloir obtenir le vote des musulmans ou supposés tels. Ce n’est pas ce qu’on m’a appris à l’école : en République, le respect du droit international, des humains, est l’affaire de tous. La mobilisation de la jeunesse le montre.
Qui défend la paix risque d’être qualifié de traître, d’antisémite ou de complice du terrorisme. Les va-t-en-guerre, eux, estiment avoir la conscience tranquille : les pluies de bombes confortent leurs convictions, qu’importe les cadavres.
Dans ce contexte, le courage de la paix importe. Puisque les peuples ne veulent pas se laisser entraîner dans la guerre, l’expression peut sembler facile. Mais les voix de la paix ont fort à faire contre ceux qui veulent vendre des guerres, faire accepter des massacres et glorifier des assassins.
En leur temps, Jean Jaurès et Rosa Luxemburg, de chaque côté du Rhin, ont payé de leurs vies cet engagement pour la paix et la solidarité. Ils montrent un chemin étroit, vers lequel les principes humanistes conduisent. Les mots de Jaurès à la jeunesse, en 1903, nous éclairent : « Qu’on ne nous accuse point d’abaisser ou d’énerver les courages. L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. (…). Le courage, c’est d’aimer la vie et regarder la mort d’un regard tranquille : c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ». Le courage de la paix, cet idéal commun.
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