
[Libération de la Bretagne 8/12] Ancien de l’Afrikakorps, aux idées ultra-nationalistes, le général Ramcke, nommé commandant de la Festung (forteresse) de Brest le 12 août 1944, a contribué à l’anéantissement de la ville en refusant à deux reprises de rendre les armes.
Par Tangi LEPROHON.
« Le bourreau de Brest » titre Le Télégramme le 23 février 1951 ; un nazi convaincu selon plusieurs historiens même si son adhésion au parti d’Adolf Hitler n’est pas établie : Hermann Bernhard Ramcke ne fera rien pour atténuer sa sinistre réputation jusqu’à sa mort, le 4 juillet 1968, à l’âge de 79 ans. Au contraire même. En 1951, il dénonce, dans le mensuel suisse Der Turmwart, le comportement des autorités françaises à l’égard des militaires allemands retenus pour crimes de guerre. La même année, dans la revue allemande Geopolitik (1), il rend hommage au maréchal Pétain. Le 26 octobre 1952, en Allemagne, lors d’une réunion d’anciens SS, il déclare que les Alliés sont « les véritables criminels de guerre » et injurie le président américain Eisenhower (2). Le gouvernement fédéral fait aussitôt part de ses vifs regrets aux États-Unis, à l’inverse du dernier commandant de la Festung de Brest qui maintient ses propos, affirmant qu’ils sont approuvés par une majorité d’Allemands.
Il disparaît en février 1951 avant d’être retrouvé à Hambourg
Le fanatisme de ce fils d’agriculteurs, qui débuta sa carrière comme mousse dans la marine impériale avant de terminer général parachutiste (il a servi dans les trois corps d’armée), est donc intact après la capitulation du IIIe Reich. Et ce fanatisme, il l’a transmis à la 2e division parachutiste qui arrive dans le Finistère en juin 1944 pour combattre les maquis. Depuis le mois d’avril en effet, l’armée a pris en main la répression contre la Résistance bretonne. Au chef du Sipo-SD de Rennes, le SS Hartmut Pulmer, Ramcke apporte le concours de ses troupes basées à Brest, Châteaulin, Landerneau et Landivisiau. Ainsi, le 16 août 1944, le lieutenant parachutiste Erich Lepkowski, à la tête d’un convoi allemand, sort de la poche de Brest et réussit un raid à Brasparts où il libère 130 soldats allemands prisonniers de la Résistance. Car devant l’avancée des Américains, la 2e division parachutiste est désormais retranchée dans la cité portuaire et combat farouchement. Lorsque la ville est libérée, Ramcke s’est déjà réfugié dans la presqu’île de Crozon où il se bat avec 15 000 soldats acculés, avant de se rendre le 19 septembre. Inculpé de crimes de guerre en France, assigné à résidence en Seine-et-Marne en tant que prisonnier sur parole, il disparaît en février 1951 grâce à d’anciens parachutistes de la Wehrmacht. Retrouvé à Hambourg, il est condamné un mois plus tard à cinq ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Paris.
1. Le Monde du 18 avril 1952.
2. Le Sarasota Herald-Tribune du 27 octobre 1952 et Le Citoyen d’Ottawa du 22 novembre 1952.
Cet article est issu de l’ouvrage inédit du Télégramme sur la Libération de la Bretagne. À commander en ligne ici
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