Par Hélène BIELAK
Mardi 16 mai, le conseil des prud’hommes de Nantes a condamné Hellfest productions, l’association organisatrice du festival de métal de Clisson, pour harcèlement moral envers une ancienne stagiaire. L’attitude du tuteur a été dénoncée. Le harcèlement sexuel n’a pas été retenu.
Son tuteur de stage l’appelait « ma sexy assistante » et l’incitait à « montrer sa poitrine », avait révélé l’avocate de la plaignante lors de l’audience du 28 mars dernier. Finalement, le harcèlement sexuel n’a pas été retenu dans l’affaire qui oppose Hellfest productions à l’une de ses anciennes stagiaires.
Mardi 16 mai, le conseil des prud’hommes de Nantes a condamné l’association organisatrice du festival de métal de Clisson pour harcèlement moral. Il a également requalifié le stage de la jeune femme en CDI et condamné l’association à verser 14 000 € à la victime, principalement pour « licenciement nul ».
Un maître de stage au comportement problématique
Les faits remontent à 2017. Une étudiante en master 2 sciences humaines et sociales décroche un stage communication et production au sein du plus grand festival de musiques extrêmes d’Europe, à Clisson. Son stage prend fin de manière prématurée, un mois avant la fin.
Cinq ans plus tard, la jeune femme saisit les prud’hommes pour dénoncer les comportements de « harcèlement moral, harcèlement sexuel et agissements sexistes » de la part de son ancien maître de stage.
Lors d’une soirée, un témoin raconte qu’au-delà d’appeler la jeune femme « sa sexy assistante », le tuteur « avait des propos déplacés et inconfortables à la discussion » rappelle le conseil dans son jugement.Un autre jour, le maître de stage a reconnu avoir « explosé et crié très fort » sur la plaignante, alors qu’il était en état d’ébriété, via un message posté sur le groupe Facebook des bénévoles du festival.
« L’association Hellfest productions avait connaissance de ce dérapage d’un salarié […]. Or, l’employeur ne justifie pas avoir par la suite effectué une enquête et un recadrage de ce salarié », estime le conseil des prud’hommes dans son jugement, qui relève également « un manquement » de l’association « à l’obligation de sécurité ».
Un « management humiliant »
Dans son jugement, le conseil constate « une charge de travail démesurée, y compris nuit et week-end », un « management humiliant » et des « relations de travail altérées par la présence de substances psycho-actives ».
Il pointe que « ces agissements ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits […] et à sa dignité […], d’altérer sa santé physique et mentale […]. En conséquence, le Conseil de prud’hommes retient que la salariée a été victime d’un harcèlement moral. »
Pour Marie-Océane Gelly, qui défend l’ex-stagiaire, « ma cliente est satisfaite, dans le sens où il y a une sanction. L’idée était de briser l’omerta en allant devant la justice. C’est la première à avoir osé parler. » Reste que les faits de harcèlement sexuel n’ont pas été suffisamment caractérisés aux yeux des prud’hommes, car le caractère répétitif « des propos ou comportements à connotation sexuelle » n’a pas été démontré.
Les deux parties ont un mois pour faire appel. Pour faire reconnaître le harcèlement sexuel, « on y réfléchit », indique Marie-Océane Gelly. Sollicités, ni l’équipe du Hellfest ni leur avocat n’ont souhaité réagir.
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