
Le département du Morbihan comptait en 2023 plus de 300 médecins de plus qu’en 2014. Le nombre de gynécologues a cependant drastiquement baissé et l’accès aux soins reste plus difficile en zone rurale.
Par Gaëlle LUCAS.
Le Morbihan n’est pas si mal doté en médecins. « La densité médicale a progressé de 28,28 à 30,87 médecins pour 10 000 habitants, et reste au-dessus de la moyenne nationale », de 27,28 en 2023, d’après l’étude nationale « Fracture sanitaire 2025 » d’UFC-Que Choisir, basée sur des chiffres de l’Ordre des médecins. À titre de comparaison, Paris est la zone la mieux dotée avec 76,83 médecins pour 10 000 habitants et Mayotte, la plus mal lotie, avec 8 médecins pour 10 000 habitants.
Le Morbihan comptait, en 2023, 2 400 médecins inscrits à l’Ordre des médecins, soit 304 de plus qu’en 2014. Cet afflux de nouvelles blouses blanches n’atténue toutefois pas vraiment les difficultés d’accès aux soins.
Moins de gynécologues
Ainsi, du point de vue des spécialités, le nombre de généralistes a certes augmenté, passant de 673 en 2014 à 699 en 2023, mais leur densité recule légèrement, à 8,99 généralistes pour 10 000 habitants. De même, le Morbihan compte deux ophtalmologues de moins, à 46 praticiens. La situation de la gynécologie est plus préoccupante, avec quasiment deux fois moins de praticiens de moins en 2023 par rapport à 2014, à seulement 24 (contre 43) pour tout le département.
Déserts médicaux
Par ailleurs, la répartition géographique des médecins creuse également « la fracture sanitaire ». D’après une porte-parole de l’UFC-Que choisir, les praticiens s’installent en nombre sur la côte, délaissant des zones rurales plus reculées, « comme Gourin, dans le Roi Morvan Communauté » .
Un précédent rapport de l’association, paru en novembre 2023, pointait d’ailleurs déjà du doigt cette inégale répartition : « 11,5 % des habitants du département résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et […] 44,1 % des femmes et 38,9 % des enfants […] sont respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique », notait UFC-Que Choisir à l’époque.
Proposition de loi Garot
Un an et demi plus tard, l’association de consommateurs, qui constate que ces problématiques concernent tout le territoire, réclame « une régulation de l’installation des médecins, comme le prévoit une proposition de loi Garot (qui vise à lutter contre les déserts médicaux) votée à l’Assemblée nationale […]. À cette fin, notre association contacte ce jour les sénateurs de notre département pour qu’ils œuvrent à ce que ce texte soit examiné et voté au Sénat dans les plus brefs délais ». En mai, la Chambre haute avait préféré au texte de Guillaume Garot, la proposition de loi Mouiller préférant à la régulation stricte de l’installation des médecins, un principe de solidarité territoriale aux médecins qui souhaiteraient s’installer sur des territoires déjà bien lotis en termes de présence médicale.
Sollicité, Simon Uzenat, sénateur socialiste, a d’ores et déjà déclaré être « favorable à la proposition de loi Garot qui est, somme toute, modérée. Les inégalités d’accès aux soins sont intolérables ». Pour le sénateur de l’Union centriste, Yves Bleunven, «le système Garot (qui empêche les installations de médecins dans les zones déjà bien dotées, NDLR) est trop coercitif pour résoudre le problème».
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