Le préfet du Morbihan, Pascal Bolot, a accueilli, ce lundi 12 mai 2025, à Vannes (Morbihan), une dizaine d’élus des treize communes concernées par les demandes de permis exclusifs de recherches des mines polymétalliques. Des membres du collectif Stop Taranis étaient présents pour « apporter un soutien amical » aux élus.
Par Mélanie BÉCOGNÉE et Vincent BESNARD.
« Notre objectif n’est pas de faire une démonstration de force, mais d’apporter un soutien amical aux élus. » Raison pour laquelle seule une poignée de membres du collectif Stop Taranis est venue manifester devant la préfecture du Morbihan, lundi 12 mai 2025 à 17 h. C’est un moment clef pour ces habitants opposés aux projets miniers de Breizh ressources. Le préfet du Morbihan Pascal Bolot a convié les élus du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine concernés à une réunion sur ces prospections qui suscitent beaucoup d’inquiétudes. Une vingtaine d’élus ont répondu présent à cette invitation à laquelle les dirigeants de Breizh ressources étaient également conviés.
Après plus de deux heures, maires et adjoints ont fini par sortir. Certains pas vraiment convaincus par l’exposé. « On nous a dit et redit que ce n’était qu’un permis et qu’on n’a pas le droit de dire non à ce genre de recherche», rapporte le maire de Sainte-Anne-sur-Vilaine Jean-Michel Gaudichon qui ne souhaite pas que sa commune soit « soumise à des exploitations minières qui impactent le territoire et surtout la ressource en eau ».
Le maire de Saint-Congard est encore plus frileux. « Ce n’est pas rassurant du tout. Ce ne sont que des recherches mais j’ai l’impression qu’on met le doigt dans l’engrenage. » Didier Hurtebize reconnaît un projet « cohérent » mais ce « maire d’une petite commune qui a deux rivières et deux zones de captage » estime qu’il « y a suffisamment d’exemples pour savoir qu’une mine génère de la pollution. Nous avons déjà une rivière qui n’est pas en bon état. On n’a pas besoin d’en rajouter ».
Ces projets qui suscitent la méfiance d’habitants et élus locaux sont portés par la start-up morbihannaise, Breizh Ressources. En octobre 2023, cette filiale du groupe canadien Aurania Resources, société spécialisée dans l’extraction minière et la recherche de métaux précieux a déposé trois demandes de Permis exclusifs de recherches (PER) de mines polymétalliques au ministère de l’Économie et des Finances. Deux de ces demandes, intitulées Epona et Taranis, concernent treize communes morbihannaises. Le premier projet, Epona, implique sur 50 km2 Kervignac, Nostang, Hennebont et Languidic . Le second, Taranis, qui se développe sur 350 km2, englobe Cournon, Les Fougerêts, La Gacilly, Ruffiac, Saint-Congard, Saint-Laurent-sur-Oust, Saint-Martin-sur-Oust, Saint-Nicolas-du-Tertre et Tréal… mais aussi des communes du pays de Redon, en Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique.
Une réunion en préfecture
La plupart des conseils municipaux ont voté des avis défavorables, mais à dimension seulement consultative. La réunion en préfecture intervient une semaine avant le lancement d’une consultation publique nationale, le 19 mai 2025. Une première consultation avait eu lieu l’été dernier mais sans qu’elle n’ait bénéficié d’une grande publicité. Cette nouvelle consultation est ouverte jusqu’au 18 juin sur le site du ministère de l’Économie.
Des réunions publiques d’information ont été menées dans ces différentes communes, la dernière a eu lieu dimanche 11 mai 2025, à Saint-Martin-sur-Oust. Elles ont été organisées par les mairies à destination de leurs habitants, et ont fait salle comble la plupart du temps. Des représentants de l’association Eau et Rivières de Bretagne, qui catalyse l’opposition à ces projets miniers, y ont présenté avec un diaporama dense les différentes raisons qui les poussent à s’y opposer.
Dans un communiqué transmis à la presse, la préfecture du Morbihan précise que l’objectif était « d’échanger avec les élus sur l’état d’avancement de l’instruction des dossiers et de répondre à leurs interrogations ». Des propos qui se voulaient avant tout rassurants. Le préfet et le délégué interministériel rappellent qu’« un permis exclusif de recherches n’autorise pas la réalisation de travaux miniers et que si le PER devait être attribué, les mesures ou forages nécessaires à l’exploration feraient l’objet d’une autorisation au cas par cas ».
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