Dimanche 7 juillet 2024, Pierre-Yves Cadalen a été élu député de la deuxième circonscription du Finistère (Brest-centre) au second tour des élections législatives. Il s’est imposé devant son rival historique, Jean-Charles Larsonneur
Par Mickaël LOUEDEC.
Nous sommes le 8 juillet 2010. Pour la première fois, Ouest-France évoque le nom de Pierre-Yves Cadalen dans ses colonnes. Pas pour un meeting ou une campagne électorale, mais… pour les résultats du baccalauréat. Le jeune lycéen de presque 18 ans (il est né pendant les premières Fêtes maritimes) pose pour la photo, arborant une longue chevelure et une écharpe négligemment jetée sur les épaules.
Il vient d’obtenir une des meilleures notes pour un bachelier breton : 20,08 ! La plus mauvaise note figurant sur son bulletin scolaire est un… 15/20, récolté en sports. L’anecdote résume à elle-seule le profil du celui qui a été élu, dimanche soir, député de la deuxième circonscription du Finistère : c’est une tête bien remplie.
« C’est un garçon brillant et cultivé qui s’est très tôt intéressé à la politique », estimait, en 2020, son adversaire de toujours, Jean-Charles Larsonneur (Divers centre). « Il est intelligent, il a des qualités d’expression indéniables », résume aussi Vincent Perrot, élu municipal d’opposition à Brest. Ce même Vincent Perrot était un camarade de Pierre-Yves Cadalen au lycée Sainte-Anne.
« On n’était pas du même bord politique, rigole-t-il. Mais Pierre-Yves était déjà très politisé, il a toujours voulu faire ça. Ce n’est pas une surprise de le retrouver là. » Il ne se permet qu’une légère critique à l’encontre de son ancien camarade : « Il manque parfois de nuance ».
Mélenchon, très tôt
Le bac en poche, Pierre-Yves Cadalen part vivre sa vie. Après une enfance passée entre Brest et Ploudalmézeau, le voilà Parisien pour un temps. Il entame une licence à Sciences-Po.
Politiquement, il s’affirme aussi. Il démarre son parcours par un passage-éclair au Parti Socialiste. « Cela n’a duré que quelques mois, indique-t-il. Le temps de m’apercevoir qu’il n’y avait pas de colonne vertébrale pour gouverner. »
On retrouve trace de lui en 2015, après l’obtention d’un master en relations internationales et une année d’études au Chili. Le voilà chargé des relations presse du Mouvement pour la VIe République, initié par Jean-Luc Mélenchon. La France Insoumise n’existe pas encore.
Le jeune Brestois est aux premières loges pour assister à son lancement et c’est naturellement qu’il porte ses couleurs aux élections législatives de 2017. À la surprise générale, il est le candidat de la gauche qui récolte le plus de voix. En se qualifiant pour le second tour, il élimine la socialiste Patricia Adam, que l’on pensait indéboulonnable.
Battu en 2020 et 2022
Battu au second tour, il disparaît un peu des écrans radars avant de revenir fin 2019 pour préparer les municipales de 2020. Pour un résultat qui reste bien en-dessous de ses espérances. Celui qui est devenu enseignant-chercheur ne totalise en effet qu’un peu plus de 7 % des voix. « Notre campagne visait les quartiers populaires, et c’est majoritairement ceux qui ne sont pas allés voter, à cause du Covid », analyse-t-il aujourd’hui.
Il s’investit ensuite dans les élections régionales avant de revenir faire campagne à Brest, pour les Législatives de 2022. Cette fois-ci, la déception est immense. Dans le nombre important de circonscriptions gagnées par les Insoumis cette année-là, il se disait forcément que Brest ferait partie du lot. Raté. Malgré une campagne active, il est battu de 118 petites voix par Jean-Charles Larsonneur. « Le regret est surtout qu’il n’y ait pas eu de majorité de gauche à l’Assemblée », tempère-t-il.
La revanche est donc pour cette année. Cette élection que personne n’avait vu venir aura été la sienne. Il avait promis qu’une fois élu, il ferait le tour des principaux acteurs locaux. À commencer par le maire François Cuillandre qui, en lui apportant son soutien durant l’entre deux-tours, n’a pas pu s’empêcher de lui mettre une pique. « Tant mieux, tranche Pierre-Yves Cadalen. Je préfère bosser avec des gens francs du collier. Au moins, on se dira les choses. »
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