Par Pierre Chapin
La troisième aura été la bonne pour le candidat du Nouveau Front populaire : ce dimanche, Pierre-Yves Cadalen (NFp) a été élu aux Législatives avec près de 3 000 voix d’avance sur le sortant Jean-Charles Larsonneur, sur Brest centre.
« La politique, ce n’est pas que de l’arithmétique ». Ou la formule de Pierre-Yves Cadalen (NPf) sur le plateau de Tébéo, quelques minutes après l’officialisation de sa victoire aux Législatives sur Brest centre. Ce dimanche 7 juillet 2024, celui que les froids calculs donnaient perdant à l’ouverture des bureaux de vote, vaincu probable par son fidèle adversaire au jeu des reports de voix, a renversé la table. Avec fracas : avec 41,01 % des suffrages, il devance le député sortant Jean-Charles Larsonneur (divers centre) de 2 871 voix.
On pourrait y voir un symbole : alors qu’en mairie, le candidat du Nouveau Front populaire ne cessait de s’abreuver de résultats partiels qui le donnaient largement en tête, c’est François Cuillandre, qui, le premier, a effacé les derniers doutes, d’un simple « Félicitations », glissé à l’Insoumis brestois, avant la proclamation des résultats. « Merci. Et merci pour votre soutien », répondait alors celui qui venait, le temps d’une poignée de mains, de chasser les démons de 2022, où une centaine de voix avaient suffi à sa défaite.
Le plein de voix à Brest
L’échange entre les deux hommes ne s’éternisera pas au-delà : les fractures du passé ne s’effacent pas d’une victoire, même aux Législatives. Mais les deux hommes devront apprendre à travailler ensemble, et l’appui, même tardif, du maire de Brest aura sans doute pesé dans le résultat final : Pierre-Yves Cadalen, dont on pensait qu’il avait fait le plein de voix dans les bureaux brestois au premier tour, y a encore gagné plus de 2 700 suffrages en l’espace d’une semaine. « Quand j’ai vu tous ces jeunes dans les bureaux de vote brestois, dans la journée, j’ai compris que ce serait difficile », confiera pour sa part Jean-Charles Larsonneur.
Il est 20 h 30 et tandis que la foule amassée au pied des marches de la mairie remet à la mode un chant de manif sur la retraite à 60 ans, Pierre-Yves Cadalen peut brandir le poing, balayant ses deux défaites – prometteuse puis douloureuse – face à Jean-Charles Larsonneur, ou celles, plus nettes, aux dernières Municipales et Régionales.
Les larmes dans le couloir
Alors que sa garde rapprochée ne semble plus toucher terre, Pierre-Yves Cadalen fend brièvement l’armure dans un couloir de la mairie, à l’abri des regards, répondant à l’appel d’un proche en Colombie. Les larmes coulent enfin sur le visage du nouveau député, qui les essuie avant de se présenter aux médias, et de reprendre le ton fédérateur qu’il n’a pas quitté de sa campagne, promettant d’entrer à l’Assemblée nationale dans une posture « d’inspiration jaurésienne ».
L’émotion, elle, sera pour plus tard, pour les proches, les militants, réunis à la Maison des syndicats pour une nuit de fête. André Cadalen, le père du nouveau député, n’en est pas surpris : « C’est fait et bien fait. Mais la satisfaction est mesurée, aussi, par le contexte et les fractures sociétales ».
Toujours dans son sillage, Eugénie Cazaux, sa directrice de campagne, tente d’expliquer la victoire par « une superbe mobilisation tout au long de la campagne, menée dans la dignité et la joie ». Un bon candidat, peut-être ? « Humainement, c’est quelqu’un d’exceptionnel. Et il fera un très bon député ».
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