
Par Denis RIOU
L’établissement d’accueil des personnes âgées de Trignac (Loire-Atlantique) a organisé une chaîne de solidarité, mercredi 4 octobre, pour dénoncer les menaces qui planent sur le modèle de prise en charge associatif.
« Les vieux méritent mieux ! » Plusieurs pancartes aux mains des résidents, membres du conseil d’administration, personnels de l’Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Maepa Camille-Claudel, à Trignac (Loire-Atlantique), ont été brandies, ce mercredi après-midi 4 octobre, lors d’une chaîne de solidarité pour dénoncer les menaces qui planent sur le modèle économique des établissements associatifs(1). « L’effort financier pour le grand âge n’est pas fait par l’État, comme s’il souhaitait que des établissements comme le nôtre passent aux mains de groupes à but lucratif », proteste Guy jacques, vice-président du conseil d’administration.
Les finances de cet établissement, « toujours autonome », sont encore saines, mais plus pour longtemps, « si l’État ne revoit pas son mode de financement par une loi grand âge digne de ce nom », redoute sa directrice, Sahra Djeradi. « Notre expert-comptable nous annonce que d’ici deux à trois ans, nous serons dans le rouge en dépit d’une gestion saine », renchérit Guy Jacques.
Pas plus de 2 100 € par mois
À Camille-Claudel, aucun loyer ne dépasse 2 100 €, quand le coût réel d’une place est au moins du double en fonction des niveaux de prise en charge de la dépendance. Au fur et à mesure qu’ils avancent en âge – 82 ans de moyenne d’âge il y a dix ans, 87 ans, désormais – les résidents ont besoin de davantage de soins, donc de personnels. « La tutelle y ajoute ses propres injonctions réglementaires, salariales, sans prévoir les ressources financières pour y faire face. Notre but n’est pas de tout faire supporter par les résidents, d’autant que leurs retraites n’augmentent pas », remarque la directrice.
Camille-Claudel n’en croit pas moins à un modèle qui a fait ses preuves. « Une bonne structure, ce ne sont pas des coûts optimisés, c’est la capacité à faire vivre un lieu et d’en faire un lieu de vie et de solidarité avec des personnels fidèles, respectueux des résidents », argumente Sahra Djeradi. Camille-Claudel forme ses propres personnels pour les fidéliser et éviter de recourir à l’intérim qui alourdirait sa masse salariale. L’Ehpad s’efforce de maintenir un ratio le plus important possible de salariés (6,7 pour dix résidents) mais redoute « de devoir ponctionner sa trésorerie » pour maintenir la qualité du service.
« On s’épuise à réclamer à l’État une cinquième branche de la Sécurité sociale pour financer le grand âge. Nous ne pouvons plus bricoler les budgets », résume Guy Jacques. Claude Aufort a rappelé la solidarité de la mairie pour cet établissement créé en 1995, en regrettant « qu’on demande aux travailleurs sociaux de créer de la richesse alors qu’ils sont la richesse ».
(1) Camille-Claudel relayait un appel national de la Fnadep, Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées.
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