
La conférence de financement des transports, qui s’ouvre ce lundi 5 mai, devra notamment trouver le milliard d’euros manquant pour la régénération du réseau ferroviaire. Les sociétés gestionnaires d’autoroutes pourraient être mises à contribution, selon l’expert Antonin Mazel.
Par Naïm SAKHI .
Depuis Marseille, ce lundi 5 mai, le gouvernement lance la conférence « Ambitions France Transports », consacrée au financement des infrastructures. Durant au moins dix semaines, quatre groupes d’études regroupant des élus, des professionnels et des experts tâcheront de mettre en adéquation les projets de transports déjà annoncés et les besoins de financements, alors que l’exécutif envisage 40 milliards de nouvelles coupes dans les dépenses publiques.
De l’avenir des concessions autoroutières aux 24 projets de services express régionaux métropolitains (Serm) labellisés, la France devra révolutionner ses transports pour respecter ses objectifs de neutralité carbone, en 2050.
L’État veut évaluer la « dette grise en matière de transports ». De quoi s’agit-il pour le rail ?
Antonin Mazel,Expert ferroviaire 3E Consultants
Il s’agit de l’ensemble des coûts futurs d’entretien et de régénération du réseau qui devront être payés en l’absence d’investissements réalisés dès aujourd’hui. Dans le ferroviaire, ce qui n’est pas rénové a de grandes chances d’être fermé demain.
Il y a donc un besoin de chiffrage pour répondre aux impératifs de neutralité carbone en 2050, dans lesquels le ferroviaire sera primordial, avec un report modal de la route vers le rail. L’âge moyen du réseau français est de 28 ans. Mais cela va de 20 ans pour les LGV à parfois 75 ans pour des petites lignes.
Nous ne partons pas d’une page blanche. Le Conseil d’orientation des infrastructures table sur un besoin de 100 milliards d’investissement. Un chiffre repris par Élisabeth Borne, alors première ministre, dans son plan d’avenir pour les transports (2023), mais qui s’apparentait davantage à un effet d’annonce puisque ni les financements ni les financeurs n’étaient explicités. Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, évalue à 1,5 milliard d’euros supplémentaires les besoins de régénération du réseau par an. La SNCF s’est déjà engagée à verser 500 millions. Il reste donc 1 milliard à trouver.
Comment faire ?
Il ne peut provenir que de financements externes à la SNCF. Une des pistes serait de mettre fin aux rabais sur les péages ferroviaires consentis aux concurrents de la SNCF Voyageurs.
Les concurrents de l’entreprise publique pourraient également contribuer au fonds de concours pour le financement du réseau. À travers ce dispositif, SNCF Voyageurs reverse 60 % de son résultat net pour financer le réseau ferré national. Plus la SNCF alimente ce fonds, moins l’État a besoin de verser de sa poche.
Faut-il faire contribuer les concessions autoroutières qui arrivent à échéance entre 2031 et 2036 ?
Auparavant, les autoroutes allemandes étaient gérées par les Lander. En 2021, le réseau a été repris en main par l’État fédéral, via une entreprise publique. En France, la fin des concessions autoroutière se pose.
Selon l’Autorité de régulation des transports, les sociétés concessionnaires ont réalisé un bénéfice global de 4,4 milliards d’euros en 2023. Ces profits n’ont évidemment aucun bienfait sociétal, puisque 4,1 milliards d’euros sont partis dans des dividendes. Cet argent doit revenir dans le giron public pour développer les mobilités décarbonées.
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