Les chauffeurs de taxi : « Maintenant, c’est à Macron d’assumer ! » (IO.fr-31/05/25)

Aux abords du ministère de transports, le 22 mai. (AFP)

Cela fait dix jours que les taxis sont mobilisés par milliers, dans tout le pays. A Paris, des centaines de taxis se relaient, campant boulevard Raspail. Ils ont reçu le soutien de plusieurs syndicats de salariés.

Par Yan LEGOFF.

Le gouvernement les désigne comme coupables de l’envolée des frais de transport des malades, alors que c’est lui, le gouvernement, qui en est responsable, par sa politique de fermetures en masse des structures hospitalières et de lits d’hôpitaux ! Et il voudrait, en plus, aggraver encore la situation, en entassant les malades à plusieurs dans chaque taxi, au mépris de leur santé, quitte à ouvrir des salles d’attente dans les hôpitaux !

Déjà étranglés par les plateformes, Uber et autres, que la déréglementation a laissé fleurir depuis des années, les taxis n’en peuvent plus.

Leurs revendications : le retrait de la nouvelle convention de transport des malades que le gouvernement veut leur imposer, réduisant la prise en charge des trajets par l’Assurance maladie, et le strict encadrement de l’activité des plateformes.

Ils ont contraint François Bayrou à les recevoir, samedi 24 mai. Ne s’engageant à rien, celui-ci a déclaré : « Il est nécessaire que l’on y réfléchisse ensemble et de prendre en compte les contraintes auxquelles nous sommes exposés… Nous allons retravailler dans les semaines qui viennent, le détail des décisions, des mesures et orientations qu’il faut prendre. »

Mardi 27, avait lieu la première séance de négociation. A sa sortie, à la mi-journée, l’un des représentants des taxis déclare : « Ils ne nous ont rien donnés. On ne bougera pas ! »

« Vous avez dit : pas de compromissions. On ne s’est pas compromis », dit un autre représentant.

Et la masse des taxis scande immédiatement : « C’est tout ou rien ! »

Un troisième représentant ajoute : « Retailleau, il ne sert à rien, il ne sait parler que de l’Algérie… M. le ministre des Transports, il ne sert à rien, on ne l’a jamais vu. » Et d’ajouter : « On veut Macron, maintenant ! Parce que le Premier ministre, on n’en veut plus… C’est Macron qui nous a fait le plus de dégâts depuis dix ans. C’est à lui d’assumer ! »

« Les revendications des chauffeurs de taxis rejoignent les nôtres »
 Communiqué de l’union départementale FO des Hauts-de-Seine (25 mai)


« Depuis lundi 19 mai, des centaines de taxis bloquent le boulevard Raspail à Paris, pour exiger entre autres le retrait de la nouvelle convention de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), qui doit entrer en vigueur le 1er octobre et qui revoit en forte baisse leurs prestations tarifaires relatives au transport sanitaire (transport de patients).40000 taxis sont à l’heure actuelle conventionnés et véhiculent chaque année pas loin de 3 millions de patients.Cette nouvelle convention a été mise en place, comme l’a rappelé le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme lui-même, dans Le Parisien (23 mai), pour réaliser des économies sur le transport sanitaire inscrites dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2025 : pas moins de 300 millions d’euros à l’horizon 2028 !Cette décision est parfaitement inacceptable et révèle le cynisme des pouvoirs publics en la matière.Il faut rappeler que c’est le gouvernement Hollande-Valls par la loi Touraine dite « de modernisation du système de santé » du 26 janvier 2016, qui a donné un coup d’accélérateur à ce qu’ils appellent le « virage ambulatoire » destiné à réduire considérablement les hospitalisations – notamment de nuit – et raccourcir les séjours hospitaliers.C’est en vertu de ce « virage ambulatoire » que, depuis fin 2013, les gouvernements successifs se sont évertués à fermer 43 500 lits d’hospitalisation complète, soit une diminution de l’offre de 10,5 % (Drees, octobre 2024).Cette politique qui vise à généraliser les soins ambulatoires, et qui accélère les fermetures de lits d’hospitalisation complète, a eu notamment pour effet d’augmenter les dépenses liées au transport sanitaire : qui peut donc s’étonner que les dépenses liées aux taxis aient augmenté de 45 % en cinq ans ?Et aujourd’hui, les mêmes qui ont utilisé hier le « virage ambulatoire » pour fermer des lits et faire des économies sur le dos de la santé des travailleurs se retournent dorénavant vers les taxis pour leur dire : « Vous aussi, désormais, vous nous coûtez trop cher ! ». Tout cela sur notre dos, sur le dos des malades, qui vont voir leurs conditions de prise en charge se dégrader.Pendant ce temps-là, les patrons continuent de ne pas payer leurs cotisations sociales à la Sécu : en 2023, 75 milliards d’euros « manquent » au financement de la Sécurité sociale du fait des exonérations patronales. C’est vingt-cinq fois le montant total des dépenses liées aux taxis en 2024 (3,1 milliards d’euros). C’est l’équivalent de 2,7 points de produit intérieur brut (PIB).Dans ces conditions, nous soutenons les revendications des taxis, à commencer par leur exigence de retrait de la nouvelle convention avec la Cnam qui leur ferait perdre plus de 40 % de leurs revenus.Nous appelons à manifester par toutes les formes que les structures jugeront nécessaires notre soutien à la grève des taxis, en allant à leur rencontre dans les blocages qui sont organisés à Paris, boulevard Raspail, et en région parisienne.Soutien aux revendications des taxis !Soutien à la grève des taxis ! »
Motions de soutien

La fédération FO de l’enseignement« La colère des chauffeurs de taxi est légitime… La Fnec FP-FO déclare son soutien [à leurs] revendications (…). Elle invite ses syndicats à apporter par toutes les formes qu’ils jugeront nécessaires leur soutien à la grève des taxis, en allant à leur rencontre. »La chambre syndicale des employés et cadres de Sécu FO d’Ile-de-France« La Chambre syndicale est du côté des assurés et des taxis qui se battent pour leurs revendications et le retrait de la nouvelle convention de transport. Abandon immédiat des mesures de restriction sur les transports. Maintien des centres de santé Réouverture des 90 500 lits fermés Abrogation des LFSS »L’union départementale FO du Puy-de-Dôme« Le mouvement des chauffeurs de taxi ne peut que recevoir le soutien des travailleurs et de l’ensemble de la population, car au final, l’attaque du gouvernement contre les taxis est une attaque contre les droits des assurés sociaux, contre la Sécurité sociale ».
Eric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, aux côtés des députés LFI Jérôme Legavre, Claire Lejeune, Carlos Martens Bilongo, Thomas Portes est venu à la rencontre des chauffeurs de taxi, le 24 mai, à Paris. (LFI)

Eric Coquerel : « On vous apporte ici le soutien plein et entier de la France insoumise (…). Nous demandons que cette convention [de la Cnam] soit retirée, car le projet de la loi de financement de la Sécurité sociale n’a été voté par personne, il a été imposé par le 49.3 (…). Les travailleurs, les taxis, doivent être respectés (…). Nous disons non à l’ubérisation ! »

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/05/31/les-chauffeurs-de-taxi-maintenant-cest-a-macron-dassumer/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/les-chauffeurs-de-taxi-maintenant-cest-a-macron-dassumer-io-fr-31-05-25/

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