
Après l’introduction d’un étudiant, le député Louis Boyard, bien connu de la plupart des présents, prend la parole, et commence par énoncer ce qu’est concrètement la politique du gouvernement et celle du Rassemblement national : « Là où la République en Marche vous propose de la com’, là où le RN est incapable de comprendre ce qu’est la pauvreté, nous la Nupes, proposons 1 102 euros pour tous les étudiants, une garantie d’autonomie qui empêche les jeunes travailleurs de vivre sous le seuil de pauvreté. Et on peut le financer ! On nous dit qu’on ne sait pas où trouver l’argent, la France n’a jamais eu autant de richesses et elles n’ont jamais été aussi mal partagées. A qui on doit faire confiance en politique ? Qui est de quel côté ? On dit “Macron et Le Pen, c’est pas pareil”. Ah oui ? Sur l’impôt sur la fortune, Marine le Pen, elle est comme Macron du côté des milliardaires ; sur l’augmentation des salaires, elle est avec Macron contre l’augmentation des salaires. Emmanuel Macron, c’est le serviteur du système et Marine le Pen c’est son assurance-vie. »
« La réforme des retraites de Macron, elle ne passera pas ! »
L’amphithéâtre applaudit. Louis Boyard poursuit en évoquant la question de l’écologie, des conséquences du réchauffement climatique sur le continent africain, les milliardaires qui profitent de ce système et termine par ce qui caractérise la situation : les retraites et la lutte des classes. « On n’a pas tous les mêmes chances. En venant ici, je sais que je m’adresse à des gens qui connaissent la galère, qui savent ce que c’est que de voir les politiques leur mentir tous les jours, qui sait ce que c’est la lutte des classe et dont j’attends qu’il se mobilise dans cette luttes des classes, et le moment qui va permettre cela, c’est le moment de la réforme des retraites. Ils veulent faire passer la retraite à 65 ans ! Nous, c’est la retraite à 60 ans ! »
Louis Boyard ajoute : « Comment est-ce qu’on s’organise? En faisant ce qu’on est en train de faire, une assemblée générale et on s’organise pour dire à Macron qu’on ne veut pas de sa réforme des retraites. Cette réforme elle ne passera pas. »
Le député Jérôme Legavre prend la parole : « Nous avons un pied à l’Assemblée et on a aussi un pied sur le terrain pour aider à organiser et à mobiliser. Je n’ai jamais vu une situation comme celle-ci dans ce pays, le bilan de Macron, c’est un effondrement de la situation faite à la jeunesse. Un quart de ceux qui font la queue pour la banque alimentaire sont des jeunes. La ministre aujourd’hui face à notre énoncé de cette situation a répondu en disant que l’aide alimentaire allait continuer. La seule réponse que propose le gouvernement est de continuer à traiter les jeunes comme des mendiants ! »
« Les révolutions ne se sont jamais faites sans la jeunesse »
Le député précise comment le gouvernement s’est attaqué au droit aux études : « J’ai connu une époque où on a bénéficié d’acquis arrachés par les étudiants et par la mobilisation des jeunes. Quand on avait le bac, on accédait à l’université de son choix. Ce gouvernement a décidé de tirer un trait sur cette acquis démocratique fondamental, avec la mise en place de Parcoursup. Un quart des licences aujourd’hui sont sélectives, 125 00 bachelier n’ont pas pu cette année accéder à l’Université et 300 000 n’ont pas pu avoir la formation de leur choix. Cela, ils veulent l’étendre aux Master.
Et Jérôme Legavre de lancer : « Nous exigeons l’abrogation de Parcoursup et on va se battre comme des chiens sur l’extension de la sélection en Master. »
Les étudiants applaudissent. Il est présenté l’action concrète qui a été mise en place par Louis Boyard et Jérôme Legavre, lorsqu’ils sont allés au ministère porter les dossiers des étudiants non acceptés en études supérieures début novembre, même si le discours de la Ministre était d’une grande hypocrisie ce jour-là.
Jérôme Legavre revient sur les blocages de lycées contre la réforme et la répression du gouvernement, que ce soit envers les jeunes de Mantes-la-Jolie en 2018 ou les nouvelles amendes Macron annoncées contre les mobilisations. Il indique aussi que, concernant les retraites « toutes les organisations syndicales sont opposées à la réforme des retraites, et ce n’est pas habituel. Il va y avoir nécessairement une mobilisation dans ce pays pour faire barrage, nous serons dans cette mobilisation et on va continuer ces réunions, pour être de plus en plus nombreux, car c’est cela qui fera reculer Macron…. Les révolutions ne se sont jamais faites sans la jeunesse. »
De nombreuses questions des étudiants
Les questions sont très nombreuses après ces deux interventions. Les étudiants interviennent sur des demandes concrètes d’organisation et de résistances : « Est-ce qu’il faut rester ou sortir du système ? ». « Comment on procède pour que les grandes entreprises nous donnent de l’argent ? »
Le député Louis Boyard propose une première réponse : « Oui, il va falloir sortir du capitalisme. Nous on vous propose une économie mixte. On peut parer de Marx et qu’il y a des prolétaires et des bourgeois, on peut parler de la révolution française. Il y a des biens communs : l’eau, le logement, la nourriture et l’énergie, on ne doit pas faire de fluctuation là-dessus. On peut nationaliser un certain nombre de choses. »
Jérôme Legavre ajoute : « Ce système est condamné et il conduit l’humanité à la barbarie, il vit sur la base des destructions qu’il entraîne. Prenons la guerre en Ukraine. Depuis le début il y a de sanctions, mais c’est sanctions ne touchent pas Poutine et son oligarchie. Le gaz russe n’arrive plus en Europe, mais les russes n’ont pas cessé de vendre leur gaz, ils le vendent à la Chine, à l’Inde, à l’Iran, pays qui ensuite le revendent aux occidentaux à des pris décuplés : cela porte un nom : la spéculation. Ce système procède sur la base des guerres qu’il mène sur tous les continents, notamment sur le continent africain. (…) Il faut rompre avec cela . Aujourd’hui il manque des médicaments en France. Cet été en Seine-Saint-Denis toutes les maternités étaient fermées. Les besoins sont énormes, il faut une politique planifiée, qui part des besoins. Comme de mettre fin au numérus clausus. »
Trouver les moyens de s’organiser
Un autre étudiant interroge : « Comment on fait pour la mobilisation ? »
« On peut faire comme mai 68, tout le peuple dans la rue. Ou alors comme les Gilets Jaunes, mais cette fois avec les étudiants », avance Louis Boyard. « Est-ce que dans la bataille à venir sur les retraites, les étudiants seront dans la bagarre? En 1995, les étudiants étaient aux cotés des salariés », ajoute aussi Jérôme Legavre.
Les députés rappellent qu’ils ont les même objectifs que les étudiants : en finir avec cette politique, trouver les moyens de s’organiser, par exemple en abordant dans les AG la question de Parcoursup, de la réforme des bourses, de la réforme des retraites. Du chauffage aussi : l’amphithéâtre est glacial, pas de chauffage et il n’y en aura certainement pas. Mais les discussions continuent, chaleureuses, engagées et dynamiques.
Des étudiants, après la conférence continuent d’échanger avec leur députés et leurs collaborateurs et des liens se font pour constituer un groupe LFI sur l’université.
Ophélie SAUGER