
En grève depuis le 7 mars contre la réforme des retraites, les ripeurs de Saint-Brieuc Armor Agglomération ont voté ce 24 mars la poursuite de leur mouvement. Et lâchent un peu de lest. Ambiance au cœur des discussions.
Après quasiment trois semaines de grève, les éboueurs de l’Agglo briochine ont voté, ce vendredi 24 mars, la poursuite du blocage pour sept jours. Du jamais vu. « De mémoire, il faut remonter à 2010, et le passage de l’âge de la retraite à 62 ans, pour voir une telle mobilisation ici. Ça avait duré quinze jours », commente Jean-Stéphane Le Fèvre, secrétaire général de la CGT Agglo de Saint-Brieuc. Le mouvement est très majoritairement suivi avec, en moyenne, 60 % des agents en grève. Au centre technique logistique des déchets, à Ploufragan, à l’heure où les deux équipes se croisent, ils étaient 53, sur un peu plus de 80 titulaires, à assister à l’assemblée générale.

La menace de l’arrêt de l’usine d’incinération
Si la question de la reconduction de la grève, d’abord portée jusqu’au 29 mars puis au 31, a été votée à l’unanimité, le second point a, lui, été plus discuté. À savoir, autoriser la sortie de trois camions chaque jour, en plus des quatre actuels. Pendant plus d’une heure, les délégués syndicaux ont joué les intermédiaires entre le vice-président Vincent Alleno et les agents, sur une ligne de crête.
« Vincent Alleno demande un effort supplémentaire pour répondre au problème de salubrité publique et éviter la mise à l’arrêt de l’usine d’incinération de Planguenoual, informe Jean-Stéphane Le Fèvre. Il dit que ça pourrait intervenir dès mardi. Avec un coût? de 35 000 € pour l’arrêt, plus 6 000 € par jour », rapporte-t-il.

« On n’est pas en guerre contre nos élus »
« Trois camions en plus des autres, ça fera presque la moitié des tournées quotidiennes et c’est trop de personnel mobilisé », objectent les agents. L’idée passe également assez mal auprès des représentants syndicaux. « Sachez qu’on a déjà mis un certain nombre de conditions pour deux camions. On peut en demander davantage pour trois camions, mais faut garder à l’esprit le risque lié à l’usine. Si elle est vraiment arrêtée, ça pourrait se retourner contre nous, dans nos futures négociations », soupèsent Jean-Stéphane Le Fèvre et Mathias Mauduit, secrétaire général adjoint, rappelant la qualité actuelle du dialogue social. « Il ne faut pas tout mélanger, on n’est pas en guerre contre nos élus », plaident plusieurs voix.

Trois ou deux camions ?
Un compromis à deux camions bennes (26 t) plus une micro benne (10 t) est discuté, mais divise les rangs. Est alors soumise au vote l’option des trois camions : elle est rejetée par 51 voix sur 53. Celle des deux camions est adoptée avec 47 voix pour. Un coup de fil au vice-président plus tard : « Il n’est pas d’accord et rappelle le risque de réquisitions », rapporte Mathias Mauduit. Ça ne prend pas. L’assemblée commence à se réduire, le délégué syndical tente un dernier vote sur deux camions de 26 t plus un petit. C’est non. On en reste à deux.
À 18 h, Vincent Alleno a quand même tenté une ultime négociation. Sur place, avec Rémy Moulin, vice-président aux déchets, il discute avec les grévistes et émet son souhait d’une assemblée générale extraordinaire mercredi 29 mars. « Pour sortir la micro benne », essaie-t-il. « Si on le fait, ça sera juste le temps de dire non », s’amuse un gréviste. « On en parlera à la prochaine AG, vendredi », tranche Mathias Mauduit.
Reste pour les élus l’enjeu de l’usine d’incinération de Planguenoual. « Il faudra qu’on trouve une solution avant le week-end », prévient Rémy Moulin.

Auteurs : Gwénaëlle Le Ny et Julien Molla