Yann Manac’h, président de la section laitière à la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricole (FDSEA) du Finistère, avec le syndicat Jeunes agriculteurs, a détaillé la situation difficile dans le secteur du lait.
À Poullaouen (Finistère), une petite centaine d’éleveurs laitiers venus de toute la Bretagne ont échangé, jeudi 1er septembre 2022, sur la situation actuelle difficile. Ils demandent à nouveau d’être payés à la hauteur de leur travail. Ils ont décidé en fin de soirée de lancer une action : créer la pénurie dans les supermarchés, pour le beurre et le lait, en bloquant la sortie des produits finis des usines.
« On sera bientôt une espèce en voie de disparition », se désole un agriculteur. Il a participé, comme une petite centaine d’éleveurs laitiers à une réunion publique organisée à Poullaouen (Finistère), jeudi 1er septembre 2022, par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricole (FDSEA) du Finistère, des Côtes-d’Armor et du Morbihan et le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) du Finistère et des Côtes-d’Armor. Les agriculteurs se sont déplacés après leur journée de travail, des quatre coins de la Bretagne.
Les coûts de production augmentent avec l’inflation
Tous sont d’accord sur la difficulté majeure : leur production de lait n’est pas rentable. Ils réclament aujourd’hui un prix d’achat des 1 000 litres de lait à 500 € minimum. « Il manque 120 € pour l’atteindre », dit un producteur. L’augmentation des charges, comme l’énergie et l’aliment pour les bêtes, qui entrent dans les coûts de production, empire la situation. « Ça devient vraiment compliqué de travailler avec l’inflation. Si le prix du lait n’augmente pas, ce sera la galère », souligne Jean-Yves, qui élève seul 50 vaches à Cléden-Poher (Finistère).
Autre facteur : le nombre d’exploitants laitiers diminue à vue d’œil. Et par conséquent, il y a moins de volume collecté : « Le lait qui arrive dans les usines baisse beaucoup. Et particulièrement en Centre Ouest Bretagne », pointe Yann Manac’h, de la FDSEA du Finistère.
Après les constats, rapidement, dans la salle, chacun fait part de ses difficultés. Nombre d’entre eux sont en contrat avec la première coopérative de France, Sodiaal. Frédéric Rannou, administrateur au niveau national chez Sodiaal depuis avril 2022, représentant des éleveurs de la région Bretagne Ouest, a pris part à la discussion.
« Il faut créer la pénurie dans les magasins »
Ancien administrateur national et producteur dans le Morbihan, Pascal Nizan lance l’idée : « Sommes-nous capables de se prendre en main pour se sortir de cette galère ? Il faut créer la pénurie dans les magasins, de beurre et de lait, en bloquant les départs des produits finis ».
« Changer les choses, quel que soit le moyen »
Un vote à main levée se fait rapidement pour sonder l’assemblée. L’action semble remporter l’adhésion. Frédéric Rannou suit la proposition : « Je ne peux qu’adhérer. Je veux des prix pour les agriculteurs. Il est de temps de transformer la filière. »
Catherine, éleveuse à Landrévarzec (Finistère) d’une trentaine de vaches, est partante : « Nous subissons le marché laitier qui est mal construit. Il faut changer les choses, quel que soit le moyen. » Même avis pour Gauthier, éleveur de 26 ans à Langolen (Finistère) : « Je suis prêt à rejoindre cette action. Ça enverra un message fort ».
Cette idée devrait être coordonnée au niveau régional chez les syndicats. « Un mot d’ordre national » sera réclamé à la Fédération nationale des producteurs de lait pour valider complètement l’action.
Auteur : Victoria GEFFARD