Venue de Sibérie, l’oie bernache cravant a quitté sa toundra arctique pour hiverner au Cap-Coz à Fouesnant (Finistère). Les premières colonies sont arrivées sur l’estran dès le mois de septembre.
« Trooutt, trooutt, troouttt… » A la pointe du Cap-Coz, à Fouesnant (Finistère), les oies bernaches cravants émettent des petits cris. « On dit qu’elles donnent des coups de trompettes », raconte Lucienne Moisan, guide nature. Elles glissent sur l’eau en file indienne. Et s’installent sur les petits bancs de sable découverts par la marée.
Chaque année, l’arrivée des oies bernaches venues de Sibérie est un événement attendu dans le Pays fouesnantais. À un jet de pierres, des promeneurs munis de jumelles et d’appareils photos patientent sans bouger. « Elles arrivent par petits groupes à partir de la mi-septembre et restent jusqu’à février dans la vasière. Elles viennent y chercher de la nourriture. Les lichens et la mousse de la toundra arctique dont elles se nourrissent étant pris sous la glace. En ce moment elles sont à peu près 300 et beaucoup sont baguées. »
Un long périple de 6 000 à 7 000 km
L’anatidé a pris ses quartiers d’hiver. Il est arrivé de l’île Spitzberg (Norvège), mais aussi du Groenland et de Sibérie. Et a parcouru un long périple de 6 000 à 7 000 km pour sa migration en faisant escale deux mois en mer des Wadden, dans la région nord des Pays-Bas où il s’est reposé.
« L’oie bernache est un oiseau grégaire de couleur sombre avec une tache blanche au niveau du cou. Le dessous de sa queue est blanc et on reconnaît les juvéniles aux liserés blancs sur leur plumage. Les petits migrent avec leurs parents et passent le premier hiver avec eux. » Elle mesure 55 cm de long pour 40 cm de haut, peut atteindre 1,20 d’envergure et vole à 90 km/h. Elle n’a qu’un partenaire pour la vie et pèse entre 1,7 kg et 2 kg.
« On la trouve à la Mer Blanche, aux Glénan et au Cap-Coz. Mais L’animal est aussi présent dans la baie du Mont-Saint-Michel et dans le bassin d’Arcachon, là où on note la présence d’un herbier de zostère et où le biotope est préservé. L’espèce vit environ 17 ans, mais une bernache baguée observée par la LPO dans le bassin d’Arcachon était âgée de 42 ans », souligne la guide.
Un nid à même le sol
Sur les bancs de sable, des oies peignent et huilent leurs plumes pour les rendre imperméables pendant que d’autres picorent ou se reposent. Quand la marée remontera, elles s’envoleront jusqu’à Kerleven, l’anse Saint-Laurent ou la Mer-Blanche. « C’est un animal qui vit au rythme des marées. Pour le voir, il faut venir deux heures avant la pleine mer ou deux heures après, et avec un coefficient de marée moyen. Mieux vaut se garer assez loin de la vasière. Un simple bruit ou un vêtement de couleur peut les effrayer. »
La bernache se reproduit une fois par an dans la toundra arctique où elle revient pour la nidification. Elle y construit son nid à même le sol et pond de trois à cinq œufs qu’elle couve de 24 à 26 jours. « Au moment de la couvaison, la femelle s’arrache le duvet sous le ventre pour que les œufs se collent à la chaleur du cou. Une fois que les petits auront atteint 40 jours ils pourront prendre leur envol, mais ne pourront se reproduire qu’à l’âge de trois ans »
Véronique MOSSER