« Les prix de l’énergie étranglent la profession » : ce boulanger de Saint-Brieuc prêt à faire grève. ( OF.fr – 09/12/22 – 07h14 )

Pierre-Yves Guillouët, patron de Tartapain, tire la sonnette d’alerte pour rallier les boulangers costarmoricains et faire bouger les choses.
Pierre-Yves Guillouët, patron de Tartapain, tire la sonnette d’alerte pour rallier les boulangers costarmoricains et faire bouger les choses. 

À la tête des boulangeries Tartapain, disséminées dans l’agglomération de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), Pierre-Yves Guillouët veut alerter et lancer un appel « dans un esprit de ralliement » pour tenter de fédérer les professionnels. « On rentre dans le rouge avec la hausse des prix de l’énergie. »

Un classeur, une avalanche de factures, de devis… Et un avenant au contrat d’énergie que Pierre-Yves Guillouët, gérant des boulangeries Tartapain disséminées dans l’agglomération de Saint-Brieuc et à Lamballe (Côtes-d’Armor), a négocié avec son nouveau fournisseur il y a un an et demi​, dit-il, presque résigné, derrière son bureau, au siège du groupe, à Ploufragan. Il a reçu cet avenant fin novembre 2022.

En hiver, le tarif en heures pleines, c’est 0,37 € HT le kWh, et 0,05 € en heures creuses. Un tarif en application à partir du 1er janvier 2023, pour une durée de trois mois. C’est cinq fois plus cher que l’an dernier​, s’indigne le patron, qui a 120 salariés sous sa coupe. J’ai appelé un courtier en énergie et il m’a conseillé de rester avec ce fournisseur. ​Son prestataire actuel, dont le contrat s’achève au 31 décembre 2022, proposait une nouvelle tarification de l’heure creuse d’été avec un bond de 258 %. C’est diabolique !

« Compressé comme un citron »

Dans ses quatre commerces, les prix ont déjà augmenté en deux vagues sur des produits ciblés. Compressé comme un citron ​avec l’inflation, Pierre-Yves Guillouët appliquera de nouvelles hausses en 2023. Pour maintenir le navire à flot, je n’ai pas le choix. ​

Outre le pain et la pâtisserie, Tartapain propose aussi de la restauration rapide. L’artisan fait face à une folle flambée des prix des matières premières. La farine accuse une hausse finale de 50 % en un an. Les matières grasses (crème, lait, mozzarella) ont pris 100 %. Le poulet a augmenté de 25 %, le sucre est passé de 0,80 € à 1,30 € le kg, le mois dernier. ​Une liste longue comme le bras.

Un appel « dans un esprit de ralliement »

On rentre dans le rouge avec la hausse des prix de l’énergie. Les professionnels sont étranglés. Dans le monde de la boulangerie, le four est le poste le plus énergivore. Il représente plus de 50 % de la consommation annuelle. ​En prenant la parole, Pierre-Yves Guillouët veut alerter et lancer un appel dans un esprit de ralliement » ? ​pour tenter de fédérer les professionnels des Côtes-d’Armor, où la Fédération régionale de la boulangerie n’a pas de représentant implanté. On ne sait pas si on va faire grève, mais s’il le faut, je suis prêt à le faire et à aller manifester dans la rue. Il faut se faire entendre, réagir… De quelle façon ? Je n’ai pas la réponse.

Pierre-Yves Guillouët : « Plusieurs boulangers sont en souffrance. On est tous isolés avec des contrats différents. » | OUEST-FRANCE

« On a tous une épée de Damoclès au-dessus de la tête »

Autour des pétrins, ça s’éveille​. Plusieurs boulangers sont en souffrance. On est tous isolés avec des contrats différents. Par rapport à d’autres métiers, comme les bouchers, on consomme cinq à dix fois plus​. Disposer encore d’une année avant la fin d’un contrat, et se dire qu’on a le temps, ce n’est rien, on a tous une épée de Damoclès au-dessus de la tête. ​Et pour ceux qui viennent de s’installer, c’est une catastrophe​. À Andel, près de Lamballe, une boulangerie a tiré le rideau en raison des prix de l’électricité.

« Le pain a toujours été un indicateur de prix »

En cumulant les quatre sites de Tartapain, la facture s’élevait à plus d’un million de kWh, en 2021, soit un total de 180 000 €​. Pour 2023, la hausse sera autour de 5 000 à 10 000-15 000 € par mois, par site, évalue Pierre-Yves Guillouët, avec fatalité. ​C’est compliqué… ​En appliquant des hausses à répétition, on perd un type de clientèle​. Le pain a toujours été un indicateur de prix. Si on le bloque, on perd de l’argent…​. Aujourd’hui, la baguette coûte 1,05 € et la tradition 1,25 €.

« On attend quelque chose de la part de l’État »

Cette année, le chiffre d’affaires de l’entreprise sera stable, mais ce n’est pas bon. Cela signifie qu’il n’y a pas de progression​, traduit Pierre-Yves Guillouët, qui s’apprête à mettre en service, en mars 2023, une nouvelle centrale de production, dans la zone de Brézillet, à TrégueuxHeureusement, des panneaux solaires vont être installés​, relativise, en partie, l’entrepreneur. Mais cette production de 200 kWh ne couvrira pas tous les besoins du site. On n’a pas encore choisi le fournisseur. On patiente. Il y a un jeu d’observation en ce moment. On attend quelque chose de la part de l’État… Vite.

Auteur : Soizic QUÉRO.

Source : « Les prix de l’énergie étranglent la profession » : ce boulanger de Saint-Brieuc prêt à faire grève (ouest-france.fr)

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