
Par Victoria GEFFARD
Dans une conférence de presse, ce vendredi 1er septembre 2023, l’agence régionale de santé de Bretagne, la direction de l’hôpital du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) et le Pr Emgan Querellou, chef du département de médecine d’urgence du CHRU et chef du Samu (service d’aide médicale urgente) du Finistère, ont détaillé les raisons de la régulation des urgences à Carhaix, à partir du lundi 4 septembre 2023.
L’annonce a provoqué une vague de réactions : les urgences de l’hôpital de Carhaix, dans le Finistère, seront fermées la nuit à partir du lundi 4 septembre 2023. Son accès est « régulé ». Les patients n’y seront admis qu’en passant par un médecin régulateur du centre du Samu (service d’aide médicale urgente). Le centre hospitalier régional universitaire (CHRU) en a fait l’annonce mercredi 30 août 2023. La direction du CHRU, le chef du département de médecine d’urgence du CHRU et l’agence régionale de santé ont donné les raisons du choix de ce fonctionnement en conférence de presse à distance, ce vendredi 1er septembre 2023.
Comment fonctionneront les urgences à Carhaix à partir de lundi ?
« À Carhaix, explique le Pr Emgam Querellou, chef du département de médecine d’urgence du CHRU et du Samu 29, il y a bien une ligne de service d’urgences (contre deux auparavant en fonctionnement complet) présente tous les jours et 24 heures sur 24. Elle sera toujours active après le lundi 4 septembre. Elle englobe cinq à six professionnels en équivalent temps plein, qui se relaient. »
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Le médecin continue : « Le service d’urgence de Brest et de Carhaix est un énorme navire. Ce département de médecine comprend quinze lignes de jour et huit lignes de garde de nuit ». Et « plus des deux tiers » des soignants aux urgences travaillent « en plus ou à côté » de la structure CHRU, dans le Finistère. Une équipe partagée entre plusieurs sites, qui effectue parfois « des heures supplémentaires ».
Pourquoi faire le choix de la régulation en passant par le 15 ?
Principalement, le manque drastique de médecins urgentistes. Aujourd’hui, pour faire fonctionner correctement le département des urgences, « il manque douze équivalents temps plein », souligne le Pr Emgam Querellou. C’est-à-dire douze professionnels ou plus, selon qu’il soit à temps plein ou à temps partiel. « Les effets de la loi Rist », évoque aussi Jean-Paul Mongeat, directeur du Finistère à l’agence régionale de santé (ARS). Une disposition qui limite la rémunération des soignants employés en intérim.
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Quand les patients seront-ils réorientés vers d’autres hôpitaux ?
« Ce fonctionnement garantit toujours une prise en charge des urgences vitales en moins de trente minutes. Dans les autres cas, les patients sont réorientés vers les professionnels les plus qualifiés pour les soigner, y compris les médecins de ville dans leur cabinet », argumente Jean-Paul Mongeat. En parallèle, une structure mobile d’urgence et de réanimation (Smur), basé à Carhaix, fonctionne normalement, « un service intangible en Centre Bretagne », appuie le Pr Emgam Querellou.
Faut-il s’attendre à une fermeture du service ?
Non, affirme l’ARS de Bretagne. « Le schéma régional de santé qui planifie l’offre de soins prévoit un service d’urgences à Carhaix, informe Jean-Paul Mongeat, le futur schéma, qui sera arrêté à la fin 2023, ne prévoit pas de modification. Il n’y a pas de raison de mettre en doute le maintien de ce service ». L’ARS n’a, en revanche, pas avancé de date de fin de cette régulation.
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