
Par Carole TYMEN
C’est l’histoire d’un médecin de campagne du pays de Châteaulin (Finistère), de son épouse et de quatre de leurs neuf enfants. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, tous refusent la décision de Pétain et s’engagent dans la Résistance. Dimanche 18 juin 2023, le petit-fils sera de cérémonie pour entretenir ce qu’il appelle « l’héritage », ainsi que l’esprit et les valeurs qui ont guidé les siens.
À Plomodiern (Finistère), l’histoire de la famille Vourc’h est intimement liée à la vie de la commune autant qu’à celle de la France du XXe siècle. Une histoire pétrie de valeurs et d’engagements qui trouve un écho particulier chaque 18-juin.
Un christianisme engagé
Tout commence en 1910 quand Antoine Vourc’h s’installe dans cette commune du Porzay, située au pied de la montagne du Menez-Hom, « pour la splendeur des lieux de grève ». Fils d’agriculteur de Guipavas, le jeune homme de 25 ans s’y établit comme médecin de campagne et soigne les populations des communes alentour. Après son mariage avec Marguerite Doaré, ils ont, entre 1919 et 1935, quatre garçons et cinq filles.
En 1939, la Seconde Guerre mondiale débute. Pour Antoine, qui a été médecin militaire pendant la Première Guerre mondiale, « c’est, d’emblée, le refus absolu » raconte son petit-fils, Jean-Guy.
« Bernanosien dans l’âme, synonyme d’un christianisme engagé qui porte jusqu’au bout une parole de feu », le médecin s’insurge. Il comparait à plusieurs reprises devant l’Occupant, notamment pour avoir délibérément percé sa barque réquisitionnée et pour insultes. Il doit son salut à des prisonniers allemands, qui le remercient de les avoir soignés en 1917-1918.
Premier réseau de renseignement
C’est aussi Antoine Vourc’h qui aide à la création du premier réseau de renseignement en zone occupée (Johny), en planquant l’émetteur radio du réseau dans la chambre de lycéens de ses fils, Paul et Yves, à Quimper. De précieux renseignements sur l’état des moyens allemands dans le Finistère sont ainsi transmis à l’état-major britannique.
Marguerite, elle, participe à plusieurs réseaux de renseignement (Bordeaux-Loupiac et Jade-Amicol). Elle échappe de peu à la Gestapo venue l’arrêter en février 1944, à Plomodiern. Des voisins réussissent à la prévenir alors qu’elle est à la sortie de Quimper. Elle file en train à Paris et y reste dans la clandestinité jusqu’à la Libération de la capitale.
Deux commandos Kieffer
Si les filles Vourc’h, très jeunes, sont en pension, les quatre garçons imitent leurs parents.
Guy, âgé de 21 ans en 1940, rejoint l’Angleterre par la mer, avec son frère Jean, en octobre, après dix jours de galère sur une pinasse penn-sardin qu’il a achetée. Agent au Political Intelligence Department de Londres, il entre dans les commandos Kieffer en 1942, participe au Débarquement en Normandie puis à celui en Hollande.
Débarquement en Normandie
Engagé volontaire en 1939 mais blessé par un éclat d’obus, Jean, lui, rejoint les Forces françaises libres (FFL) en novembre 1940, à l’âge de 20 ans. Affecté au régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad, il participe aux campagnes de la « colonne Leclerc » et de la 2e DB, en Afrique du Nord.
Combats en Afrique du Nord
Après avoir caché dans sa chambre de lycéen l’émetteur radio clandestin du réseau Johny, Paul en devient un agent de liaison après l’obtention de son bac.
Il rejoint l’Angleterre en novembre 1941, s’engage dans les FFL, part en Afrique du Nord, fait la campagne d’Italie, participe au débarquement en Provence puis file faire la campagne d’Alsace.
Il est fait prisonnier à Obenheim mais s’échappe trois mois plus tard et rejoint la 1re division française libre.
Aviateurs cachés à Sainte-Marie-du Menez-Hom
Avant de rejoindre les commandos Kieffer (fusiliers marins) en Angleterre, le plus jeune des frères Vourc’h, Yves, fait partie du réseau de renseignement Bordeaux-Loupiac, en France.
L’une de ses missions consiste à convoyer des aviateurs de Paris à Brest. Pour ce faire, il en cache 23 dans la chapelle Sainte-Marie-du Menez-Hom, à Plomodiern, entre septembre et octobre 1943.
Il devait ensuite les acheminer vers les ports de Camaret et de Douarnenez, pour qu’ils rejoignent l’Angleterre.
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