L’exigence de rupture des millions qui ont voté NFP est bien là (IO.fr-31/07/24)

Lucie Castets, candidate du NFP au poste de Première ministre, est accueillie chaleureusement par les habitants à Lille, le 27 juillet (Photo Twitter Zahia Hamdane)

Malgré tous les efforts pour essayer de la faire disparaître, leurs manœuvres et leurs attaques, il reste pourtant un problème pour Macron et ses partisans : le résultat de l’élection n’a pu être effacé d’un trait.

Par Victor CAYEUX.

Au lendemain du sabotage réalisé sur le réseau SNCF à l’occasion des JO, l’ex-directeur général de la police et vice-président LR Frédéric Péchenard ose déclarer dans une interview donnée à La Tribune : « Le terreau est fertile, influencé de manière dangereuse, selon moi, par Jean-Luc Mélenchon ». Après Nathalie Saint-Cricq qui va jusqu’à rendre LFI responsable de l’attentat contre Donald Trump aux USA, attaques et calomnies les plus grossières continuent de pleuvoir sur LFI, de la part de tous les tenants du système.

On ne peut comprendre ce déferlement continu et grotesque, si l’on ne part pas du résultat des élections que tous s’efforcent de faire disparaître. Le Nouveau Front populaire est pourtant bel et bien arrivé en tête aux dernières élections. Des millions se sont regroupés sur ce vote, réclamant la satisfaction de leurs revendications, à commencer par l’abrogation de la réforme des retraites, l’arrêt de la politique de destruction généralisée des services publics, des droits et garanties par Macron.

Bien des tentatives ont eu lieu pour escamoter cette exigence de rupture portée par le Nouveau Front populaire, et remplacer le NFP par un Front républicain, avec les macronistes voir Les Républicains, sans La France insoumise. Le Nouveau Front populaire s’est même accordé sur une proposition de Première ministre, Lucie Castets. Et c’est là que le bât blesse pour Macron et ses alliés, car dès sa première prise de parole, Lucie Castets a réaffirmé à la fois l’exigence de l’abrogation de la réforme des retraites, et la nécessité de respecter le programme du NFP.

Pour le capital, faire disparaître l’exigence de rupture

La pression est pourtant mise de toute part. Silencieuse jusqu’à maintenant sur le déficit public français, les milliards déversés aux entreprises par Macron depuis des années, la commission européenne ouvre une procédure pour déficit excessif.

Au moment où le programme du NFP est arrivé en tête des législatives, l’Union Européenne exige du gouvernement français un plan de redressement pour le 20 septembre. Interrogée par La Tribune sur ce qu’elle y répondrait, Lucie Castets répond « le NFP n’a pas pour objectif premier de respecter le pacte de stabilité ».

Ceux qui espéraient barrer la voie au programme de rupture et à LFI, avec un choix de personnalité issu de la « société civile » fulminent. Au PS, les opposants au NFP, parmi lesquels Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, en appellent à l’organisation d’une « convention de clarification ». Dans Le Parisien, Hélène Geoffroy considère que « la stratégie du Nouveau Front populaire n’incarne pas la gauche de gouvernement ». Elle y explique que Lucie Castets, « est obligée de porter les positions divergentes des différentes formations du NFP, l’empêchant de montrer un chemin avec clarté ». On ne saurait mieux dire : pour ces gens-là qui depuis des semaines cherchent un gouvernement d’union nationale avec Macron, que Lucie Castets annonce son intention de respecter le programme est un problème. Et LFI, une nouvelle fois, est désignée comme coupable de vouloir mettre en œuvre le programme pour lequel tous les députés du NFP ont été élus !

Un gouvernement « démissionnaire », battu, mais toujours en place

L’Opinion, journal patronal, se désole également de cette situation dans son édition du 29 juillet : « En 1936, le tout-puissant PC avait exigé une plateforme la plus anodine possible pour entraîner jusqu’aux radicaux contre l’extrême droite ; en 2024, l’omnipotente LFI a arrimé le cartel électoral à son projet maximaliste. » Le problème pour les représentants du capital, ce sont donc bien les mesures de ruptures obtenues par LFI dans la constitution du Nouveau Front populaire.

Comment a répondu Macron à cette situation ? À nouveau, par le déni démocratique le plus total, par le refus de nommer un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. « Personne n’a gagné ! » ose-t-il. « Il serait faux de dire que le Nouveau Front populaire a une majorité quelle qu’elle soit », « le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique », « personne ne peut appliquer son programme ».

Et donc le gouvernement de Macron, battu aux élections, démissionnaire, illégitime, continue et prépare en ce moment la rentrée ! Il construit son budget, son projet de loi de Finances, fort de nouvelles coupes budgétaires, dans une situation où Ecole et hôpitaux sont déjà exsangues.

Voir tous ces ministres d’un parti, pourtant battu aux élections, venir parader à l’occasion des JO, ne peut qu’indigner les millions qui ont exigé la rupture par leur vote aux législatives. En refusant le résultat des urnes et en appelant dans son interview à la télévision les partis du « Front républicain » à « faire des compromis », il annonce son intention de chercher à continuer comme avant !

À l’appui du déni démocratique la trêve olympique

Emmanuel Macron espère aussi bénéficier d’une trêve olympique – relative – d’une union nationale derrière les JO, pour continuer à tout écraser sous son talon. Mais aux JO, lui qui se présentait comme le barrage républicain à l’extrême droite, parade avec le dirigeant d’extrême droite argentin Javier Milei. Il donne aussi l’accolade à Isaac Herzog, président d’un Etat génocidaire, qui menace d’envahir et amplifier son attaque contre le Liban. Condamne LFI sur les athlètes israéliens, qui « doivent pouvoir concourir sous leurs couleurs » tandis que le massacre se poursuit à Gaza.

Dans ces circonstances, voir Bernard Thibaut parader comme porteur de flamme, des dirigeants de la CGT s’enorgueillir de la charte olympique qu’elle a mise en place et de ses soi-disant merveilleux résultats, doit interroger nombre de militants. En particulier parmi les syndicats de travailleurs des JO, qui ont dû déposer des préavis de grève face aux conditions de travail inacceptables.

Malgré leurs manœuvres et leurs attaques, il reste pourtant un problème pour Macron et ses partisans : le résultat de l’élection n’a pu être effacé d’un trait. L’exigence de millions, portée à travers le NFP est toujours là, arrimée en particulier autour de LFI et de ses plus de 60 000 nouveaux membres en quelques semaines. Une exigence de respect du mandat donné par les électeurs, qui est une exigence fondamentale de démocratie.

Lucie Castets : « il faut abroger la loi sur la réforme des retraites »
Elle a déclaré : « Le déni de démocratie, en refusant d’appeler la formation politique arrivée en tête aux élections, est grave. » (France Inter, 24 juillet) « Une coalition avec le camp présidentiel est impossible. » (ibid.)
Elle estime qu’il
« n’y a pas de coalition possible entre ceux qui veulent financer davantage les services publics et ceux qui pensent qu’il est urgent de réduire les moyens. » (ibid.) « La revalorisation des salaires dans leur ensemble, pour qu’on puisse vivre correctement de son travail ». « Ça comprend le Smic (à 1 600 euros net, Ndlr) mais aussi le point d’indice des fonctionnaires » (ibid.), que le Nouveau Front populaire propose d’augmenter de 10 %, a-t-elle rappelé. « Le programme du Nouveau Front populaire est notre base, il a mis d’accord toutes les forces de gauche de ce pays, c’est un exploit, je souhaite quand même qu’on le reconnaisse. Ensuite il s’agira de convaincre à l’assemblée pour faire adopter ces mesures. » (ibid.) Concernant la réforme des retraites : « On peut revenir sur cette réforme par décret, pour décaler son entrée en vigueur. Cela permettra aux générations qui devaient être concernées de ne pas l’être. » (BFM TV, 25 juillet 2023) « Il y a un large consensus sur le fait qu’il faut renforcer nos services publics, qu’il faut abroger la loi sur la réforme des retraites, mais aussi, probablement sur la loi sur l’assurance chômage. » (ibid.) « Le NFP n’a pas pour objectif premier de respecter le pacte de stabilité. » (La Tribune, 28 juillet)

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/07/31/lexigence-de-rupture-des-millions-qui-ont-vote-nfp-est-bien-la/

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