Face au manque de psychiatres, le gel d’une vingtaine de lits permet à tous les services de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de Caudan de fonctionner, alors que les médecins prennent leurs congés estivaux.
Par Gaëlle LUCAS.
L’Établissement public de santé mentale (EPSM) Charcot, à Caudan (Morbihan), a décidé de geler 20 lits cet été. Du 1er juillet au 29 août, quatre unités d’admission, qui reçoivent des patients en hospitalisation complète pour une durée limitée, « passeront de 20 à 15 lits chacune », confirme Ophélie Renouard, directrice de l’établissement psychiatrique.
Dans un contexte de « pénurie médicale », selon les termes d’une déléguée syndicale CGT, les congés estivaux des médecins psychiatres mettent sous tension les équipes soignantes. Le gel de lits apparaît comme la seule façon de « maintenir tous les dispositifs ouverts dans le territoire, comme les équipes mobiles, les centres médico-psychologiques, l’hôpital de jour… Nous devons ajuster l’équipe des unités d’admission », explique la directrice. Ces 20 lits gelés s’ajoutent à une vingtaine d’autres qui le sont déjà depuis 2020 d’après la CGT, et dont « le renouvellement est régulier », indiquent des délégués syndicaux de Sud Santé et CFDT.
Coût exorbitant des intérimaires
« Autrefois, nous recrutions des médecins intérimaires en été », rappelle Ophélie Renouard. Mais la loi Rist a mis fin à ce système en 2023, compte tenu du coût exorbitant de ces médecins pour le système de santé. « Chaque année, ça coûtait entre 600 000 et 700 000 € à l’EPSM », affirme la déléguée de la CGT, qui rappelle qu’entre 2020 et 2023, « il manquait l’équivalent de huit équivalents temps plein (ETP) en termes de temps médical à Charcot ». Aujourd’hui, « il y a encore trois postes vacants», indique Ophélie Renouard.
Le gel des lits, qui a déjà été mis en place durant les étés 2023 et 2024, ne compromet pas l’accueil des patients, rassure Ophélie Renouard : « Ces lits sont réactivables en cas de besoin. Cela peut arriver notamment pendant les périodes plus tendues comme le Festival interceltique. C’est un système très agile. »
Unités renforcées
Du côté des syndicats, on se montre plutôt compréhensifs, « d’autant que les équipes minimales des unités d’admissions sont passées de trois à quatre personnes il y a quelques mois », rappelle la déléguée de la CGT. Cependant, « on est inquiets. Des médecins de l’EPSM vont bientôt partir à la retraite. Or, il est très difficile de recruter des psychiatres en France ».
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