
Quimper et Châteaulin ont centralisé le mouvement de grève au sein de six magasins Lidl, dans le Sud Finistère. Une vingtaine de salariés, venus de Trégunc, Pleyben, Châteaulin, Douarnenez, Audierne et Quimper, se sont retrouvés devant les enseignes pour dénoncer une course à la performance, et l’ouverture nouvellement obligatoire de tous les magasins du groupe le dimanche matin.
Par Quentin SAISON.
Ils étaient une dizaine, ce vendredi 7 février 2025 au matin, à manifester leur colère devant le magasin Lidl de Quimper. Et autant à Châteaulin. Dans le Finistère, des « équipiers polyvalents » du groupe allemand ont suivi l’appel national à faire grève, après des négociations annuelles obligatoires qu’ils estiment insatisfaisantes.
Ouverture obligatoire le dimanche matin
« Lidl, ça casse les gens », gronde Jenny Lebegue, élue CGT au conseil social et économique de la direction régionale de Lidl dans l’Ouest. Mère d’une famille monoparentale, elle est en arrêt maladie depuis deux ans, et souffre d’une tendinite de la coiffe des rotateurs ainsi que de fissures aux tendons. Une souffrance du quotidien, qu’elle impute à son activité professionnelle.
« Ça fait deux ans que ça me fait très mal, se confie-t-elle. Ça fait deux ans que je ne peux plus porter ma fille qui n’a pas encore six ans. Lidl nous demande beaucoup de sacrifices, et en plus ils veulent nous obliger à ne pas voir nos familles le dimanche matin ? »
C’est l’une des principales raisons de la colère des syndicats du groupe allemand : dorénavant, tous les magasins Lidl seront tenus d’ouvrir leur porte le dimanche matin. Jusqu’alors, seuls les volontaires se pliaient au jeu. « On rate déjà beaucoup de choses dans nos familles en travaillant le samedi, regrette une des six équipières du Lidl de Trégunc présentes sur le piquet de grève. Alors le dimanche, en plus ? »
Des « notes à la performance » et des non-remplacements
Depuis plusieurs années, déjà, de nombreux employés de Lidl font état d’une certaine souffrance au travail, liée à leur polyvalence notamment. Ainsi, dans un magasin, tous les ouvriers occupent le même poste : « équipier polyvalent ». Charge à eux de s’occuper à la fois de la mise en rayon, de l’accueil client, des caisses, de maintenir le magasin propre durant les horaires d’ouverture.
De quoi pousser Nadia Merdy, employée de 52 ans à Quimper, à rejoindre le piquet de grève quelques heures ce vendredi matin. « Même toute seule, j’aurais débrayé. On est notés à la performance, on nous reproche de ne pas passer assez d’articles en caisse, après on est convoqués et on nous tape sur les doigts… Individuellement, on doit passer 25 articles chaque minute ! »
Les syndicats ont voté une grève reconductible. « On ne vise pas les directeurs de magasins, souligne Jenny Lebegue. Ils sont en première ligne des décisions prises par Lidl, ils sont pris entre deux feux. Par contre, on attend de voir ce que nous propose la direction nationale. » En attendant, tous les magasins qui comptaient des grévistes sont restés ouverts, sans que le mouvement n’ai d’incidence pour les clients.
Sollicité, Lidl estime qu’il « permet de maintenir le pouvoir d’achat de ses salariés malgré un contexte économique complexe », et indique que « l’ouverture généralisée le dimanche dans tous ses supermarchés s’accompagne de la majoration à 50 % des heures travaillées le dimanche ».
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