
Dans une lettre ouverte, le député rennais interpelle le ministre de l’Intérieur suite aux images d’arrestation musclée par une unité de CRS, filmées samedi à Rennes. Il saisit le procureur de la République.
Après la manifestation non déclarée du samedi 15 avril à Rennes, de nouveau émaillée de dégradations et d’affrontements, plusieurs scènes ont fait le tour des réseaux sociaux. Sur l’une des vidéos les plus vues, tournée par une habitante boulevard de la Liberté, on aperçoit un homme poussé à terre puis maîtrisé par six policiers de la CRS 8. L’un d’eux le plaque, face au sol, avec son genou. Puis un autre monte à pied joint sur la cheville de l’interpellé. Une scène vue des centaines de milliers de fois et qui fait réagir le député Insoumis Frédéric Mathieu.
Ce mardi, le Rennais publie une lettre ouverte à Gérald Darmanin. Dans sa missive, le parlementaire épingle les méthodes de la CRS 8. « De nombreuses vidéos prises boulevard de la Liberté à Rennes, font état d’agissements illégaux de la part de la Police nationale et au centre desquels semble s’illustrer la CRS 8 », écrit le député. Avant de demander au ministre de ne plus la déployer dans la capitale bretonne. « Il serait par exemple judicieux de faire appel à des unités qui ne se comportent pas comme des commandos en terrain ennemi. »
Saisine directe du procureur de la République
La CRS-8, une unité décrite comme spécialiste des violences urbaines, a été envoyée à Rennes à deux reprises par le ministre de l’Intérieur. D’abord après le 16 mars et le déclenchement du 49-3, marqué par des scènes d’émeutes dans le centre-ville. Puis au lendemain du 14 avril, date de la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, qui s’était traduit par une nouvelle flambée de violences.
Frédéric Mathieu ne s’en tient pas à cette lettre ouverte. Il a également saisi la justice sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale. Une disposition selon laquelle toute autorité ou agent public est tenu d’informer le procureur de la République d’un crime ou d’un délit dont il a connaissance. Selon l’élu, des agents de la CRS-8 n’auraient en effet pas respecté plusieurs dispositions légales.
Le Club de la presse s’inquiète des « menaces à la liberté d’informer »
« On peut voir sur ces vidéos un [agent] pointer à bout touchant, avec un lance-grenade, des manifestants et une journaliste, manœuvre interdite car hautement dangereuse », détaille-t-il dans sa lettre. Sur d’autres images, un agent est aussi filmé en train d’avertir cette même journaliste qu’il s’apprête à l’interpeller pour outrage. Quelques instants auparavant, la photoreporter de l’agence Hans Lucas avait crié vers les policiers pour protester contre l’utilisation de la technique du plaquage ventral sur le manifestant.
Le député n’est pas le seul à critiquer les méthodes de la CRS-8. Dans un communiqué publié ce mardi, le Club de la presse Bretagne affirme que « plusieurs journalistes ont été visés par les forces de l’ordre alors qu’ils étaient témoins d’arrestations dans le centre-ville de Rennes », le samedi 15 avril. Le Club demande donc « des garanties à la préfecture pour mettre fin aux menaces illégales subies » par les professionnels de l’information, « qu’ils soient indépendants ou membres d’une rédaction ».
Auteur : Romain Roux