L’Iran est-il sorti victorieux de l’affrontement de 12 jours ? Par Hamdan Al Dumeiri.

Point de vue : L’Iran est-elle sortie victorieuse de l’affrontement de 12 jours ?


Oui, et sans aucun doute. Face à une coalition sioniste-américaine soutenue par d’autres puissances occidentales comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, l’Iran a réussi à réaliser plusieurs avancées et à faire échouer le plan de l’entité sioniste, malgré la participation directe de l’impérialisme américain dirigé en cette période par un Trump imprévisible.

Mon analyse repose sur un ensemble de réalisations que je résume dans les points suivants :

Premièrement, l’objectif principal de l’entité sioniste, tel qu’annoncé par Netanyahou et son ministre de la Guerre Katz, était de changer le régime en Iran et de transformer la situation iranienne en un scénario similaire à celui de la Syrie après la chute du régime d’Assad : un pays faible, sans souveraineté, en proie à la division et à la fragmentation. Cet objectif ne s’est pas réalisé. Le régime iranien est resté en place et le pays est demeuré uni.

Deuxièmement, le programme nucléaire iranien est toujours en place, malgré certains dégâts. L’enrichissement de l’uranium continue sur le sol iranien. Tout accord futur consacrera ce droit – celui d’enrichir en Iran – selon un taux à convenir, comme ce fut le cas dans l’accord de 2015 entre l’Iran et le groupe 5+1. Cet objectif, pourtant clairement affiché, n’a donc pas été atteint. Il s’agit d’une ligne rouge pour l’Iran, comme le savent les observateurs et analystes.

Troisièmement, l’Iran a démontré pendant cette période de confrontation sa capacité de résilience, ainsi que la puissance de son système de missiles, capable d’infliger des frappes douloureuses à l’entité sioniste. L’ampleur des destructions à Tel-Aviv, Haïfa, et dans les villes proches de Tel-Aviv témoigne de l’efficacité de cette technologie. La précision des cibles atteintes mérite notre admiration, et révèle la fragilité de cet ennemi que l’on a tant présenté comme invincible, capable de mener la guerre uniquement sur les terres de ses adversaires. Grâce à la performance iranienne, une partie de la guerre s’est déroulée au sein même des villes et installations de l’entité sioniste.

Quatrièmement, l’Iran a prouvé qu’elle possède un système de missiles sophistiqué, probablement parmi les plus avancés. Cela en fait un État doté de capacités de dissuasion très importantes. Tout agresseur potentiel devra réfléchir à deux fois avant d’envisager une attaque. C’est une victoire stratégique pour l’avenir du pays, qui renforce son statut d’acteur-clé dans la région du Moyen-Orient, zone cruciale pour l’économie mondiale.

Cinquièmement, au cours de cette confrontation avec la coalition sioniste-américaine, l’Iran a réussi à consolider son front intérieur contre les ennemis. Même certaines voix de l’opposition extérieure ont exprimé leur soutien à leur pays face à cette agression. Cela constitue un exemple pour toutes les oppositions : lorsque la patrie est en danger, toutes les divergences doivent être mises de côté pour faire face à l’ennemi commun. Les ennemis ont parié sur l’effondrement de ce front pour faire tomber le régime, mais ont échoué.

Sixièmement, après cette confrontation, l’Iran prendra place parmi les États opposés à l’hégémonie mondiale, et jouera peut-être un rôle important dans la redéfinition des relations internationales à venir. Nous vivons une phase de transition vers un monde nouveau, où les rapports issus de la Seconde Guerre mondiale – dominés par l’Occident – touchent à leur fin. Cette phase d’accouchement d’un ordre mondial différent pourra durer, mais la page de l’après-guerre est tournée. L’Iran sera à la tête d’un nouveau « Tiers Monde », si l’on peut encore utiliser ce terme. Avec des pays comme l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Malaisie, ou certains pays d’Amérique latine, une initiative pourrait naître pour fonder un nouveau groupe des pays du Sud.

Septièmement, après avoir démontré l’efficacité de son système de missiles, l’Iran deviendra dans la prochaine étape un pays producteur et exportateur de systèmes de missiles efficaces, alors que les systèmes vantés par les États-Unis et l’entité sioniste perdront en crédibilité. Il est même probable que l’on assiste bientôt à l’annulation de contrats valant des milliards de dollars, comme ceux avec l’Inde pour l’achat du système de Dôme de fer israélien.

Huitièmement, sur le plan intérieur de l’entité sioniste, cette confrontation a fragilisé la cohésion sociale et fait échouer le récit sioniste entretenu depuis des décennies, selon lequel Israël serait « l’endroit le plus sûr pour les Juifs ». L’Iran a révélé la vulnérabilité de cette société, et l’on observe déjà une migration inverse – certains habitants du territoire retournent dans leurs pays d’origine. Ils sont convaincus qu’Israël est en réalité le lieu le moins sûr pour les Juifs. Il s’agit là d’un tournant stratégique qu’il faut intégrer dans notre compréhension du conflit.

Il est vrai que le premier jour de l’agression a révélé une faille sérieuse dans le système de sécurité iranien, notamment l’absence d’une défense aérienne efficace capable d’empêcher les frappes aériennes. L’Iran devra répondre à ce défi dans la prochaine phase, en renforçant la défense de son espace aérien et en acquérant des avions de pointe. Si l’Iran réussit à le faire, en plus de ses capacités balistiques, elle deviendra un État souverain que nul n’osera plus attaquer.

Je termine cet article en conseillant aux pays du Golfe de réfléchir calmement à ce qui s’est passé, et de ne pas voir l’Amérique comme une fatalité.

Hamdan Al-Dumeiri
Militant palestinien en Belgique

Source : https://www.facebook.com/share/p/1bYwpw5cPT/

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/liran-est-il-sorti-victorieux-de-laffrontement-de-12-jours-par-hamdan-al-dumeiri/

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