Logement sur les îles. Un débat brûlant d’actualité à l’Île-aux-Moines(OF.fr-26/09/22-6h

Trois cents personnes ont assisté au débat sur la question sur la question du logement dans les îles. Dont des adhérents du collectif Enfants de tempêtes, venus avec des pancartes dénonçant la flambée des prix des maisons sur l’ensemble des îles du Ponant.

Il est devenu quasiment impossible aux insulaires d’acquérir un logement, du fait de la flambée des prix de l’immobilier. De nouvelles pistes, comme le foncier solidaire, sont sans doute à explorer. C’est ce qu’a montré le débat organisé, samedi, à l’Île-aux-Moines (Morbihan), dans le cadre du festival des îles du Ponant.

La question du logement sur les îles. C’est le thème du débat qui s’est déroulé à l’Île-aux-Moines, samedi matin, dans le cadre du festival des îles du Ponant, Les Insulaires. Il n’a pas laissé indifférent. Trois cents personnes avaient pris place dans la salle polyvalente de la commune. Bien visibles au dernier rang, les pancartes brandies par le collectif Enfants de tempête, basé à l’île d’Yeu. Avec, pour chaque île du Ponant, le prix moyen des maisons en 2022. Des chiffres qui donnent le tournis.

Le géographe Louis Brigand, spécialiste des îles du Ponant, a planté le décor. Il a rappelé que, dans le Monopoly de l’immobilier breton, « la rue de la Paix, c’est Belle-Île-en-Mer ». Les autres îles bretonnes ne sont pas en reste. Il y a quelques jours, Le Figaro a publié une annonce immobilière proposant une maison en bord de mer sur l’île d’Hœdic. Prix de vente : 840 000 € !

Des maisons accaparées par les résidents secondaires

À ce tarif-là, peu d’insulaires ont les moyens de devenir propriétaires. À l’Île-aux-Moines, 73 % des logements sont aujourd’hui des résidences secondaires. À Groix, un peu mieux lotie, le pourcentage de résidences secondaires atteint tout de même 52 %. Les insulaires ont également beaucoup de mal à trouver une location. Les locations à la semaine sont beaucoup plus rentables pour les bailleurs.

Quelles solutions apporter à cette situation ? Maire de l’Île-aux-Moines, et président de l’Association des îles du Ponant, Philippe Le Bérigot souligne que les élus insulaires s’efforcent depuis longtemps de trouver des remèdes à cette situation. « À l’Île-aux-Moines, nous demandons aux lotisseurs de restituer 20 % de leurs projets au logement social », rappelle-t-il.

Cela est-il suffisant ? Non, estime Roxane Berger, du collectif Enfants de tempête. L’habitante de l’île d’Yeu a poussé un véritable coup de gueule. « Les solutions proposées ne sont que de petits pansements sur une hémorragie alors que la situation est devenue dégueulasse, a-t-elle dénoncé. I l y a beaucoup trop de locations saisonnières. Trop souvent, on demande à l’occupant d’un logement de lâcher sa location l’été, alors que c’est interdit. Il faut réguler les locations et les prix de vente. »

La solution du foncier solidaire

Réguler, oui mais comment ? Les habitants des îles se tournent souvent vers les maires. Mais ceux-ci ne font pas la loi. De nouveaux dispositifs, cependant, peuvent leur venir en aide. C’est le cas du bail réel solidaire, qui permet de dissocier la propriété du sol de celle du bâti. Un projet faisant appel à cette solution est lancé à Groix à l’initiative de la municipalité. Il doit permettre la construction de 20 maisons, la moitié en accession à la propriété, l’autre moitié en locatif social. « On a des candidats pour tous les lots », annonce Marie-Françoise Roger, adjointe au maire de Groix.

L’Association des îles du Ponant (AIP) étudie l’intérêt que pourrait présenter la création d’un office foncier solidaire permettant à la sphère publique de garder la main sur le foncier. « Il faut éviter que les logements construits grâce aux programmes d’accession à la propriété aboutissent sur le marché de la résidence secondaire alors que le foncier devient rarissime sur les îles », a souligné Denis Bredin, directeur de l’AIP. La déconstruction de bâtiments anciens peut permettre de récupérer du foncier.

Autre solution possible, le viager solidaire. C’est ce que propose une coopérative à but non-lucratif basée à Lyon, Les trois colonnes. « La coopérative devient propriétaire des logements et les propose aux collectivités en priorité au lieu de les remettre sur le marché, a expliqué en visioconférence Alice Boyer, coordinatrice sociale et immobilière de cette coopérative. Cela aide les personnes âgées et court-circuite le marché de la résidence secondaire. »

Des lois à changer ?

Ces solutions sont-elles à la hauteur des enjeux ? Ce n’est pas l’avis du collectif Enfants de tempête. « Le sol pour les insulaires deviendrait public mais pas celui des résidences secondaires ? Est-il normal que l’on puisse continuer à acquérir 3 000 m2 de terrain pour construire des maisons de 300 m2 que l’on n’occupe que quinze jours par an ? », a lancé l’un des adhérents du collectif.

Conseiller régional, Nil Caouissin a rappelé que l’on peut imaginer d’autres leviers. Notamment en changeant la loi. En février dernier, l’Assemblée nationale a adopté, contre l’avis du gouvernement, une proposition de loi permettant de surtaxer en Corse les résidences secondaires d’une valeur de plus de 350 000 € pour financer un droit de préemption spécifique.

Par ailleurs, la récente loi 3DS comporte un amendement qui reconnaît les îles comme des territoires sensibles. « La loi est la même pour tous. Mais cela nous offre la possibilité d’aménager la loi et de permettre un traitement de nos différences », espère Philippe Le Bérigot.

Le maire de l’Ile-aux-Moines a également plaidé pour que les élus ne servent pas de boucs émissaires en matière de logement. « Surtout ne nous opposons pas. Nous avons besoin de soutien. »

Olivier MELENNEC

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/logement-sur-les-iles-un-debat-brulant-d-actualite-a-l-ile-aux-moines-f72b4610-3cf6-11ed-abc8-4779451cdf06

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