
La proposition de loi Duplomb, qui vise à « lever les contraintes » à l’exercice du métier d’agriculteur, ne sera pas examinée par les députés à l’Assemblée nationale. La motion de rejet préalable déposée contre le texte a été votée, ce lundi 26 mai 2025. Prochaine étape : la commission mixte paritaire. Voici comment les six députés du Morbihan se positionnent sur le sujet.
Par les rédactions OF du Morbihan.
La proposition de loi Duplomb, visant à « lever les contraintes » à l’exercice du métier d’agriculteur, qui devait être débattue, ce lundi 26 mai 2025, à l’Assemblée nationale, a été rejetée. Le rapporteur LR du texte a fait adopter une motion de rejet pour envoyer sa proposition de loi en commission mixte paritaire.
Alors que plus d’une centaine d’agriculteurs ont manifesté devant l’Assemblée nationale, après un appel à la mobilisation lancé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs, les six députés du Morbihan nous donnent leur point de vue sur le sujet.
Jean-Michel Jacques (Renaissance), circonscription Hennebont-Gourin : pour
Le député de la sixième circonscription, macroniste de la première heure, se dit favorable à la proposition de loi Duplomb. Selon lui, elle « apporte des réponses concrètes pour simplifier le quotidien des éleveurs comme des cultivateurs et rétablir l’équité avec nos voisins européens. Il en va de notre souveraineté alimentaire. Cette loi envoie un message clair au monde agricole : nous les écoutons, nous les respectons, et nous agissons pour leur permettre de produire, d’innover et de transmettre ».
Le parlementaire dénonce, par ailleurs, « l’obstruction organisée » par la gauche, qui a déposé environ 2 000 amendements. Pour Jean-Michel Jacques, il s’agit d’un « usage dévoyé du droit d’amendement qui empêche tout débat sur une proposition de loi essentielle à nos agriculteurs ».
Anne Le Hénanff (Horizons), circonscription de Vannes : ne se prononce pas
Pour la députée, « le groupe Horizons était assez aligné sur la version du texte tel que sorti du Sénat. Je regrette un certain nombre de modifications (ajouts et suppression) qui ont eu lieu lors de l’examen en commission, surtout en commission développement durable. Avec Horizons, nous portons un certain nombre d’amendements de groupe, notamment autour de la gestion et au stockage de l’eau ». Et Anne Le Hénanff d’ajouter : « Je dénonce vivement l’obstruction faite par les groupes de la Nupes qui ont déposé plus de 3 000 amendements, dont beaucoup ne portent pas sur le fond, malheureusement. Je suis en faveur d’un débat constructif qui permettra d’aboutir sur un texte équilibré, et très attendu par le monde agricole. J’attends que nos amendements de retour au texte initial du Sénat soient adoptés. J’attends donc les débats dans l’hémicycle et je verrai avec mon groupe pour le vote final. »
Nicole Le Peih (Renaissance), circonscription de Pontivy-Baud-Elven : pour
« Je me pose la question : a-t-on vraiment faim en France ? », interroge la députée. Elle déplore, notamment, le « procès » de l’acétamipride, l’un des insecticides au cœur de la mobilisation des agriculteurs. « C’est quelque chose qui est utilisé sporadiquement, sur certaines plantes. Nous avons travaillé pour utiliser ce produit au minimum. On a réussi à obtenir un texte compatible avec le Sénat, attendu par le monde agricole, pour lever les contraintes au métier d’agriculteur.
Elle évoque, notamment, un échange avec un membre des Jeunes Agriculteurs du Morbihan. « Il m’a dit : “Je fais de la betterave. Si je ne mets pas d’acétamipride, je n’aurai pas de récolte.” Il en est arrivé à livrer ses betteraves dans le Nord car ils n’arrivent plus à produire. Par contre, l’Allemagne a augmenté sa production de 47 %, les Pays-Bas de 10 ou 12 %. On laisse ce marché à nos voisins. On ne se rend pas compte que nos agriculteurs alimentent Rungis tous les jours pour nourrir une grande partie de l’extrême gauche qui ne veut pas de cette loi. »
Paul Molac (Libertés et territoires), circonscription de Ploërmel : ne se prononce pas
Pour le député Paul Molac, deux articles posent réellement problème : « la réintroduction des néonicotinoïdes, ainsi que l’autorisation systématique de toute nouvelle retenue d’eau, ce qui est problématique pour la gestion de la ressource ». Par ailleurs, il déplore « que l’examen en commission ait conduit à un moratoire empêchant toute nouvelle retenue, alors même que l’irrigation est essentielle, tout particulièrement pour le maraîchage. En outre, je regrette l’obstruction parlementaire et les tentatives de contournement qui entravent les discussions. Ce texte doit être débattu pour trouver les compromis nécessaires. J’attends donc de connaître le texte définitif avant de me prononcer. »
Damien Girard, 5e circonscription de Lorient : contre
Damien Girard, député écologiste, né dans une famille d’agriculteurs conventionnels (ses parents étaient éleveurs de volailles industrielles), se bat avec son groupe pour éviter que la loi Duplomb ne soit adoptée. Il a défendu un amendement pour la préservation de la qualité de l’eau. « Ce projet de loi ne répond pas à la mobilisation des agriculteurs qui demandaient un meilleur revenu. Le choix politique fait par LR, le RN et le bloc central favorise l’agro-industrie et l’agriculture productiviste. Les normes nous protègent, et en premier lieu les agriculteurs. Il faut en revanche instaurer des « clauses miroir » pour éviter la concurrence déloyale d’agriculteurs européens. Concernant l’acétamipride (un néonicotinoïde), il existe des alternatives puisque les agriculteurs bios arrivent à s’en passer. »
Jimmy Pahun (Modem), circonscription d’Auray-Port-Louis : contre
Alors que des agriculteurs de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), syndicat majoritaire dans le Morbihan, a invité les agriculteurs à se rassembler, ce lundi 26 mai 2025, devant sa permanence à Locmiquélic pour l’interpeller, le député Modem Jimmy Pahun a fait savoir qu’il ne goûtait pas les méthodes « vindicatives ». Il indique avoir, par ailleurs, échangé par courriel avec le syndicat, expliquant sa position : « J’ai pu expliquer à la directrice, à l’un des vice-présidents, pourquoi je ne voterai pas favorablement. Je reste un homme de dialogue. Pour moi, cette proposition de loi est un retour vers les pesticides, les fermes usines, une perte de la biodiversité. Cela ne va dans le sens de l’agriculture bretonne et d’une circonscription maraîchère. »
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