
La proposition de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », portée par le député LR Laurent Duplomb, député Les Républicains a été adoptée, mardi 8 juillet 2025. On fait le point sur le vote des députés du Morbihan.
Par les rédactions OF du Morbihan
Les députés avaient à se prononcer, mardi 8 juillet 2025, sur la loi Duplomb, qui vise à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur
. Elle a été adoptée par 316 voix pour, 223 contre et 25 abstentions. Les élus du Morbihan étaient partagés sur la question. Nous les avions interrogés en mai 2025 sur leur positionnement, et ils n’ont pas changé depuis.
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Les députés Ensemble des circonscriptions de Hennebont-Gourin, Jean-Michel Jacques, et Nicole le Peih, de la circonscription Pontivy-Baud-Elven, ont voté pour. À l’inverse, Damien Girard, du groupe écologiste et social, de la circonscription de Lorient, a voté contre, comme Jimmy Pahun, du Modem, de la circonscription d’Auray-Port-Louis. Deux députés se sont abstenus. Il s’agit de Anne Le Hénanff, du groupe Horizons, de la circonscription de Vannes et de Paul Molac, député Liot de la circonscription de Ploërmel.

« Je suis tout de même fier, car nous sommes plusieurs députés bretons à avoir voté contre ou nous êtres abstenus », indique Jimmy Pahun, député Modem. Ces dernières semaines le député de la deuxième circonscription du Morbihan avait subi les pressions de groupes d’agriculteurs, notamment la FDSEA pour qu’il change d’avis sur son vote. « J’ai eu pas mal de pression, mais je ne regrette pas du tout mon vote, dit-il. Je pense que cette loi est un recul agro-écologique. Ce retour des néonicotinoïdes est une catastrophe, notamment environnementale : les premières victimes sont les abeilles, qui pollinisent 70 % de nos fleurs. » Au Modem, qui n’avait pas donné de consigne de vote, 9 députés ont voté contre, soit un tiers des effectifs. Pour le député, « les enjeux importants pour le monde agricole n’ont pas été réglés avec cette loi. Car des grosses problématiques sont le revenu et la transmission. C’était vraiment là-dessus qu’il fallait qu’on avance, et je crois qu’on est vraiment passé à côté. C’est le drame qu’on vit actuellement au Parlement : on a des reculs partout, sur le Zan, les ZFE, la loi Duplomb. » Le député tient tout de même à saluer certains agriculteurs qui « depuis longtemps, font leur part pour nous donner des produits de qualité, et sans trop d’intrants. Je veux les remercier pour ça. »
Pour Damien Girard, député écologiste de Lorient, Groupe écologiste et social à l’Assemblée, « cette loi, que beaucoup surnomment déjà la “loi Poison”, est un recul historique pour l’agriculture. Elle met sérieusement en péril la santé des agriculteurs et agricultrices, des Françaises et des Français, de la biodiversité. Un recul historique, aussi, pour l’attractivité de la Bretagne. […] Comment le gouvernement peut-il “en même temps” défendre un registre national des cancers et faciliter l’usage de substances cancérogènes ? C’est à n’y rien comprendre. J’ai proposé, notamment, d’instaurer un moratoire sur les nouveaux projets ou extensions dans les zones où les concentrations de particules fines dépassent les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé ».
La députée de la circonscription de Vannes, du groupe Horizons et Indépendants, Anne Le Hénanff, explique son choix : « Hier, j’ai fait le choix de m’abstenir, bien que le groupe Horizons et Indépendants dont je fais partie soutenait ce texte. Pourquoi ? J’ai reçu de nombreuses interpellations de la part d’habitants de ma circonscription, en particulier sur l’article 2 relatif à la réintroduction des néonicotinoïdes. Au terme d’un travail personnel sur ce texte, j’ai été sensible aux arguments constructifs avancés et sur les inquiétudes émises. Aussi, j’ai moi-même des doutes sur les conséquences de cet article pour la santé et l’environnement. Toutefois, si je n’ai pas voté contre, c’est parce que je suis profondément attentive aux réalités du monde agricole, et je trouve que plusieurs articles de ce texte vont dans le bon sens : simplification de l’activité des éleveurs et accès à l’eau. »
Le député de la circonscription de Ploërmel, Paul Molac, justifie son abstention par son opposition à l’article prévoyant la réintroduction des néonicotinoïdes. Je considère que cette réintroduction, même à titre dérogatoire, n’est pas un bon signe
, explique-t-il. Il déplore par ailleurs que cette disposition n’ait pas été soumise à un vote à l’Assemblée nationale : Je pense qu’une majorité s’y serait opposée, mais cela n’a pas été possible à cause de l’obstruction parlementaire. Clairement, la stratégie du “tout ou rien” voulue par certains a été perdante. C’est du gâchis.
Sur le reste du texte, le député du groupe LIOT se dit plutôt d’accord
. Il souligne que la loi contient des éléments intéressants pour l’agriculture
, en particulier pour mieux s’aligner sur la réglementation européenne, notamment concernant les élevages, et pour engager une réflexion sur la gestion de l’eau, notamment en lien avec l’installation des maraîchers, y compris bio. Il se satisfait également que l’ANSES puisse conserver son indépendance.
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