Loire-Atlantique-Coup de force contre les sablières et le béton (OF.fr-12/06/23)

Une partie du convoi reliant Saint-Colomban à Nantes sur une section à quatre voies entre le rond-point de Viais et Nantes.

Par Rémi Certain, Audrey Desnos et Emmanuel Vautier – Photos de Simon TORLOTIN (Presse Océan)

À vélo, en tracteur ou en voiture, près de 1 500 personnes ont convergé vers Nantes, dimanche, pour lutter contre l’industrie du béton et l’extraction du sable à tout-va.

 Ne léchez pas vos doigts, c’est bourré de pesticides.  Le conseil résonne dans un mégaphone tandis que plusieurs dizaines de personnes s’activent sur une parcelle de muguet, quelque part entre Saint-Colomban et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. Le dos courbé, elles s’attaquent au système d’irrigation et arrachent les plantes à la va-vite pour les remplacer illico par un mélange de graines plus  vertueuses ,  pour plus de biodiversité .

Juste avant le départ du convoi sud contre les carrières, le maraîchage intensif et la bétonisation des terres.

Ils veulent un moratoire : « Chaque kilo de sable extrait doit être justifié »

Le convoi sud de la manifestation « Fin de carrières 44 » s’est élancé depuis quelques minutes à peine qu’il stoppe sa progression vers Nantes pour une première opération coup de poing. Elle vise le  maraîchage industriel , accusé d’ accaparer les terres , de  polluer les sols et l’eau  ou bien encore d’ exploiter sa main-d’œuvre .

Parti de Saint-Colomban où l’association la Tête dans le sable lutte contre l’extension de deux sablières, le convoi composé de 500 cyclistes et 30 tracteurs a convergé vers Nantes en s’arrêtant pour des actions de « désobéissance civile ».
Les manifestants ont réalisé trois opérations coup de poing, dont la première dans une parcelle de muguet à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Des graines plutôt que du muguet.

L’activité est gourmande en eau et en sable. Bien trop au goût d’Emmanuel, 42 ans, et de Didier, 70 ans, badge  écoterroriste  épinglé sur la poitrine, qui s’inquiètent des projets d’extension des sablières Lafarge et GSM, sur presque 70 ha au total, à portée de fusil de leurs habitations respectives.  Si ces carrières s’étendent, cela signifie la poursuite de l’expansion illimitée du maraîchage industriel sur nos territoires. Or on voit déjà les conséquences de cette union sous nos fenêtres : nappes phréatiques laissées à ciel ouvert, terres achetées au prix fort, eaux de mauvaise qualité, surproduction… Ce sont des modèles dépassés , affirment les deux hommes en enfourchant leurs vélos.

Un manifestant sème des graines sous les serres d’expérimentation des Maraîchers nantais à Pont-Saint-Martin.

Comme eux, ils sont un millier ce dimanche, dont 500 cyclistes et une trentaine de tracteurs, à répondre à l’appel conjoint de l’association la Tête dans le sable et du mouvement d’écologie politique les Soulèvements de la terre, menacé de dissolution par le gouvernement. En chemin, le cortège fait une étape fracassante sous les serres des Maraîchers nantais à Pont-Saint-Martin puis une pause devant une centrale à béton aux Sorinières, où il revendique un nouveau coup de force : arrivée d’eau de l’usine coupée, trappe d’accès cimentée.

Les tracteurs du convoi sud parti de Saint-Colomban et sud du nord, parti d’Héric en opération escargot, se sont rejoints à Nantes.

À Nantes, les manifestants rejoignent un second cortège, parti d’Héric et composé de collectifs en lutte contre des carrières et une centrale d’enrobage au nord de la Loire-Atlantique, mais aussi Hosto Debout qui tire à boulet rouge sur la construction du futur CHU. Si 30 % du sable de la carrière GSM de Saint-Colomban est destiné aux maraîchers industriels,  70 % du sable extrait sert au BTP et donc à l’artificialisation et à la bétonisation des terres , critique Marie Nicolas pour la Tête dans le sable tout en réclamant  un moratoire : chaque kilo de sable extrait doit être justifié. 

« No Sablaran »

La politique de la Métropole, accusée de contribuer elle aussi à  cet extractivisme irréfléchi qui ne sert que des projets d’industries pour leurs profits, au détriment des biens communs , est pointée du doigt :  En pillant les ressources de la campagne, l’agrandissement de la ville participe à la destruction de nos paysages , assène Anthony, habitant du pays de Retz. Devant lui, certains façonnent un mur de paille et de terre pour barrer un accès au siège de Nantes métropole.  On montre qu’une autre façon de bâtir est possible.  Le mot du jour finit en lettres de terre sur la façade :  No Sablaran. 

Pour montrer que l’on peut construire autrement, les manifestants érigent un mur de paille et de terre devant les locaux de Nantes métropole.

Futur CHU, projet vitrine

Le mouvement Hosto Debout a ouvert la marche dans les rues nantaises.

Contre le gaspillage. Le mouvement Hosto Debout a ouvert la marche dans les rues nantaises, après des prises de paroles évoquant le système de santé et ses revendications. Margot Medkour, porte-parole de Nantes en commun, souhaite atteindre l’État, Johanna Rolland et la direction du CHU de Nantes. « La réflexion doit être sur l’Hôtel-Dieu et éviter les gâchis ». Plusieurs services comme la maternité ou l’héliport sont neufs. « L’argent est davantage investi dans le BTP que la santé. Le projet du CHU est trop pris comme un projet immobilier qu’hospitalier », conclut-elle. Plusieurs mobilisations sont prévues : vendredi 16 juin à 18 h place Royale, pour dénoncer le manque de services en psychiatrie ; mardi 20 juin à 14 h, devant le CHU.

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/coup-de-force-contre-les-sablieres-et-le-beton-cdd570d2-0876-11ee-b7eb-87c3ecdb3c7c

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