
Par Xavier Boussion & Marianne Dardard (Presse Ocean)
La dernière journée d’action contre la réforme des retraites a nettement moins mobilisé que les précédentes en Loire-Atlantique. À Nantes, de nouveaux incidents ont eu lieu en marge de la manifestation.
Le camion sono de la CGT crache la chanson On lâche rien, des drapeaux et des ballons flottent au vent, le soleil est de la partie, mais on sent bien que le cœur n’y est plus vraiment.
Je crains que ce soit le chant du cygne
, admet Jean Brunacci en observant les rangs clairsemés des manifestants devant le Miroir d’eau, ce mardi en fin de matinée.
« Les gens pensent à leurs vacances. Mais en septembre ils vont pleurer »
De toutes les manifs contre la réforme des retraites depuis le 19 janvier, l’ancien porte-parole de Solidaires 44 voit bien que la foule des grands jours n’est pas au rendez-vous de cette quatorzième journée de mobilisation. Autour de 20 000 personnes à Nantes, selon l’intersyndicale, moins de 9 000 selon la préfecture. Pas ridicule, mais rien à voir avec les défilés XXL du 7 mars ou du 1er mai.
Les gens ont tourné la page, ils pensent à leurs vacances. Mais en septembre, ils vont pleurer
, regrettent ces trois militants CGT de Naval Group, qui veulent croire que la réforme peut encore être abrogée. On l’a bien fait pour le CPE (contrat première embauche, ndlr) en 2006, pourquoi ça ne serait pas possible pour les retraites ?
.
Professeures des écoles, syndiquées à l’Unsa, Cécile et Muriel espèrent elles aussi que la proposition de loi du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) visant à abroger la réforme a encore une chance infime d’être votée à l’Assemblée, jeudi. C’est pour ça qu’on est encore là. Pour nous faire entendre avant qu’il ne soit trop tard
.
Mais du côté des leaders syndicaux, on est plus réaliste. Difficile d’y croire face à un président aussi méprisant
, lâche Fabrice David, le secrétaire de la CGT 44, forcé d’admettre lui aussi que cette journée d’action est la dernière avant un moment, du moins sur les retraites.
Un avis partagé par Jonathan Semelin, le nouveau secrétaire de l’union régionale CFDT : Les vacances arrivent, on ne va pas envoyer les gens au casse-pipe
.
Mais si elle a perdu le combat contre la réforme des retraites, qui devrait entrer en vigueur en septembre, l’intersyndicale ne s’avoue pas battue. Il y a un cycle de mobilisation qui s’est enclenché en janvier et qui ne va pas s’arrêter comme ça, veut croire Bernard Valin, de la FSU. On travaille ensemble depuis cinq mois, on va continuer de le faire à la rentrée, sur d’autres dossiers : les salaires, les conditions de travail, l’assurance chômage
…
Des vitrines brisées
Ces cinq mois de mobilisation contre la réforme des retraites auraient pu s’achever dans le calme. Mais à Nantes, la manifestation a une nouvelle fois été émaillée d’incidents liés à la présence en tête de cortège de quelques dizaines de militants anticapitalistes radicaux, tout de noir vêtus.
Ces « black blocs » ont brisé des vitrines et du mobilier urbain cours des 50-Otages et s’en sont pris à plusieurs reprises aux forces de l’ordre qui ont répliqué à coups de grenades lacrymogènes. Ces heurts sporadiques se sont poursuivis jusqu’au terme du défilé, devant les Nefs, sur l’île de Nantes, en début d’après-midi. Plusieurs interpellations ont eu lieu et huit personnes ont été placées en garde à vue.
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/loire-atlantique-reforme-des-retraites-le-dernier-tour-de-piste-des-syndicats-of-fr-6-06-23/