Louis Mével, le dernier résistant de Quimper est décédé, la Ville lui rend hommage (OF.fr-6/02/25)

Louis Mével, résistant à Quimper pendant la Seconde Guerre mondiale. Ici chez lui à Quimper (Finistère), le 9 août 2024, entouré de ses filles. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

Louis Mével s’est éteint cette semaine dans sa 101e année. Dernier résistant de la ville de Quimper (Finistère) lors de la Seconde Guerre mondiale, il avait reçu, le 8 août 2024, la médaille de la Ville. Un hommage lui sera rendu vendredi 7 février 2025, à 13 h 30, au crématorium de Quimper. Voici son portrait, initialement publié en août 2024.

Par Alix OSTIAN.

Louis Mével est décédé dans sa 101e année. « Il était de ces hommes qui ont choisi de résister plutôt que de se résigner à la présence de l’occupant nazi », rend hommage ce jeudi 6 février 2025 la Ville de Quimper. « Il était de ces hommes qui ont choisi l’engagement pour des valeurs et mis en parenthèses leurs jeunes vies. Il était de ces héros qui ont participé à la libération du Sud Finistère. Il demeurera toujours un exemple pour sa famille et l’ensemble des Quimpéroise et des Quimpérois. »

Voici le portrait publié en août 2024 : Il n’avait que 19 ans lorsqu’il s’est engagé dans la résistance à Quimper (Finistère), au péril de sa vie. C’était il y a 80 ans. Aujourd’hui, une légion d’honneur et une médaille de la Ville de Quimper dans les tiroirs, Louis Mével se souvient toujours.

Louis Mével, résistant à Quimper pendant la Seconde Guerre mondiale. Ici, chez lui à Quimper, âgé de 100 ans, le 9 août 2024. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

Ses premiers faits de résistance ont eu lieu dès l’arrivée des Allemands, en 1940, alors qu’il n’a que 17 ans : « Ils venaient en train jusqu’à Pont-l’Abbé, prendre toutes les pommes de terre de la côte. Avec un ami, on a badigeonné les rails avec de l’huile de vidange. On se disait : ça va au moins les retarder ! » Repérés par les soldats, c’est leur voisine qui les sauve in extremis en disant qu’ils ont 10 ans au lieu de 16 ans. Leur geste, pris pour une bêtise d’enfant, n’est pas allé plus loin : « Et nous, on rigolait. Ah ! Ça, on rigolait  », sourit encore Louis, qui a fêté ses 100 ans en juillet dernier. Cette innocence l’a suivi pendant toute la période de l’occupation. « On ne se rendait pas compte des risques qu’on prenait. C’est après la guerre, quand j’ai eu le temps d’y réfléchir, que je me suis dit : j’ai eu beaucoup de chance de survivre. Bien d’autres ne l’ont pas eue ».

Claudine Mével, l’une des filles de Louis Mével, continue les recherches sur la vie de sa famille pendant la période de la guerre. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

Une résistance familiale

Son véritable engagement commence en 1942, par le biais de son grand frère, Jean Mével (décoré de l’Ordre national du Mérite en 1994). Engagé dès 1940 et nommé en 1944 comme lieutenant de la première compagnie FTP (Franc-Tireur et Partisans, mouvement de résistance intérieure) à Quimper, c’est lui qui le fait entrer dans la résistance. Louis commence par de la distribution de tracts, et au bout de quelques mois, il entre dans la section commandement et sabotage, pilotée par Jean.

Louis Mével, jeune, avec un uniforme anglais, après la Libération de Quimper survenue le 8 août 1944. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

« Toute sa famille était engagée. Il a un cousin qui est mort en déportation, l’autre a été décapité en forteresse et un autre était aussi engagé dans le réseau », explique Claudine Mével. Même le petit frère s’est engagé à la libération de Quimper (8 août 1944), et a rejoint le front de Concarneau (libéré quelques semaines plus tard) où il a été blessé.

Lire aussi : « Les choses se précipitent d’une façon imprévue » : en 1944, il y a 80 ans, Quimper se libère

La collecte de ses mémoires

La guerre terminée, en 1946, Louis Mével se marie et de cette union naissent quatre enfants : trois filles et un garçon. L’une d’elles, Claudine, 70 ans, est passionnée d’Histoire : « J’ai toujours eu envie de coucher sur le papier l’histoire de ma famille. » Elle a écumé les archives, fait le tour de la famille, collecté et classé dans deux classeurs pleins à craquer des documents sur la vie de son père. « C’est un travail à deux. Il parle et moi j’écris  », résume Claudine, qui vit avec son père et s’occupe de lui à temps plein.

Claudine Mével présente des photos d’archives. | GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

De certaines histoires, il est douloureux de se souvenir : sur le front de Lorient, en 1945, Louis Mével a souvent remplacé un de ses amis qui avait peur lors des patrouilles de nuit. Un jour, obligé de prendre son poste, cet ami est mort d’une balle dans la tête. « Ça aurait dû être moi. Depuis, ma vie, c’est juste du rab », confie le résistant.

Louis Mével a reçu, jeudi 8 août 2024, des mains de Gilbert Gramoullé, premier adjoint à la mairie de Quimper, la médaille de la Ville. | KEVIN GUYOT / OUEST-FRANCE

Louis Mével ne tire aucune fierté de cette période : « On a juste fait ce qu’on avait à faire ». Il se moque des honneurs et des médailles et sourit volontiers quand il évoque sa rencontre avec le président de la République, Emmanuel Macron, en juin dernier, sur l’île de Sein.

Malgré les horreurs du passé, il n’a pas perdu son sens de l’humour. Lorsqu’on lui demande ce qui l’a motivé pour entrer en résistance, Louis Mével s’amuse : « Avec le couvre-feu, les Allemands nous empêchaient de sortir. On en avait marre : on ne pouvait plus aller au bal !  »

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Source: https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/guerre-39-45/depuis-ma-vie-cest-juste-du-rab-louis-mevel-100-ans-etait-resistant-a-quimper-a3b7f604-5667-11ef-9a12-58a3dd767213

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/louis-mevel-le-dernier-resistant-de-quimper-est-decede-la-ville-lui-rend-hommage-of-fr-6-02-25/

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