Luttes-« Les salariés sont épuisés » : chez Naf Naf, l’attente et l’angoisse d’une troisième reprise en cinq ans (H.fr-6/08/25)

Le le tribunal des activités économiques de Bobigny fixera les salariés de Naf Naf sur le sort jeudi 7 aout 2025.
© Riccardo Milani / Hans Lucas

Les 600 salariés de Naf Naf sauront enfin, jeudi 7 août, de quoi sera fait l’avenir de l’enseigne, placée en redressement judiciaire un an après sa reprise. Les syndicats dénoncent un non-respect des engagements pris par le repreneur au moment du rachat de l’enseigne de prêt-à-porter féminin.

Par Mathilde TEXIER.

Le syndicat accuse Migiboy Tekstil d’avoir bénéficié d’aides publiques aux entreprises, notamment via les réductions de cotisations patronales prévues pour les salaires inférieurs à 1,6 fois le Smic brut. « Il n’y a aucun contrôle sur les repreneurs, c’est une vraie défaillance », s’insurge Élodie Ferrier, secrétaire fédérale de la CGT commerce.

« On peut s’engager à conserver un certain nombre d’emplois, puis finalement licencier sans être sanctionné », dénonce la syndicaliste. La CGT commerce a élaboré un projet de loi afin d’éviter la multiplication de ce genre de scénarios. Le syndicat propose la mise en place d’« un contrôle sur les engagements » des repreneurs, « le conditionnement des aides publiques au maintien de l’emploi, sous peine de remboursement des montants alloués » et « plus de transparence sur les finances de l’entreprise ».

Les employés de Naf Naf de nouveau face à l’inconnu. L’enseigne de prêt-à-porter féminin, placée en redressement judiciaire en mai dernier, devait être fixée sur son sort, ce jeudi. Il s’agit du troisième redressement judiciaire subi par l’entreprise en l’espace de cinq ans. « Les salariés sont épuisés », soupire Véronique Revillod, secrétaire générale de la CFDT services (syndicat majoritaire). Plus de 500 emplois sont menacés, dont 422 contrats à durée indéterminée (CDI).

Ce jeudi, le tribunal des activités économiques de Bobigny (Seine-Saint-Denis) tranchera entre les deux repreneurs potentiels : Amoniss, propriétaire de Pimkie, ou Beaumanoir, qui base sa stratégie sur la reprise d’enseignes en difficulté, comme Jennyfer, la Halle, ou encore Morgan. Le premier candidat propose de reprendre 146 CDI et 30 magasins.

Le second souhaite reprendre 12 boutiques qui seraient cédées à quatre enseignes appartenant à Beaumanoir. Le groupe prévoit par ailleurs la reprise de 48 CDI et 250 offres de reclassement. Une autre option reste possible : la liquidation pure et simple de Naf Naf. La CFDT n’a pas souhaité rendre d’avis, jugeant « la casse sociale inévitable dans les deux cas ».

« Aucun contrôle sur les repreneurs »

En juin 2024, l’enseigne avait été reprise par Migiboy Tekstil pour 1,5 million d’euros. Le fournisseur turc s’était engagé à conserver une centaine de boutiques en propre et à garder 521 emplois sur les 586 existants. « Migiboy Tekstil n’a pas honoré ses engagements. Nous en avons marre que l’on joue avec l’avenir des salariés », peste Véronique Revillod. Ce n’est pas la première fois qu’un repreneur de Naf Naf trahit ses engagements. Sy International, le repreneur de 2020, avait promis de conserver 944 des 1 170 emplois et 200 magasins sur 235. Au bout de trois ans, l’enseigne de prêt-à-porter a été déclarée en cessation de paiements.

Naf Naf est loin d’être la seule enseigne de prêt-à-porter française en difficulté : les marques Camaïeu et Jennyfer ont par exemple récemment disparu. « Certes, le prêt-à-porter ne se porte pas bien. Mais il y a aussi des aventuriers de l’économie qui font des investissements pour se refaire la cerise en jouant les vautours », déplore la secrétaire générale de la CFDT services.

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Source:https://www.humanite.fr/social-et-economie/naf-naf/les-salaries-sont-epuises-chez-naf-naf-lattente-et-langoisse-dune-troisieme-reprise-en-cinq-ans

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