Macron-Barnier voudraient passer en force sur leur budget de guerre… (IO.fr-24/10/24)

Un budget que le gouvernement s’apprête à faire passer au 49.3. contre la volonté de près de 80 % de la population. Un gouvernement qui ne doit son salut encore une fois qu’au RN.

Par Rosalie ALBANI.

Dans un récent sondage publié par le Journal du Dimanche (JDD), Emmanuel Macron rassemble derrière lui 22 % des Français satisfaits de son action.

78 % des sondés sont donc mécontents d’Emmanuel Macron, c’est historique. Jamais le président n’a été autant rejeté. Seul Hollande avait fait pire, avec 13 % de satisfaits à l’automne 2014. Plus que le caractère historique de son impopularité, c’est la vitesse à laquelle il a dévalé la pente qui surprend Frédéric Dabi, patron de l’Ifop : « Il a perdu 9 points depuis mai, dernière étude réalisée avant les européennes et l’annonce de la dissolution. » Le Premier ministre Michel Barnier chute lui aussi.

Macron et son gouvernement cristallisent le rejet et la colère de millions et de millions qui n’en peuvent plus de leur politique. Désavoué trois fois en un mois lors des dernières élections, illégitime à l’issue des résultats, totalement minoritaire, Macron use du passage en force comme méthode de gouvernement que lui permettent les institutions réactionnaires et anti démocratiques de la Ve République et l’inaction des dirigeants du mouvement ouvrier.

Cette situation est pour le moins inhabituelle. Des minoritaires archi battus aux élections veulent faire adopter leur projet de budget pour 2025 coûte que coûte qui prévoit 60 milliards de saignée budgétaire.

« C’est le plan d’austérité le plus violent que le pays ait jamais connu, comparable avec ce qui s’était passé en Grèce » dénonce le député LFI Manuel Bompard.

En 2010 en Grèce, alors qu’un nouveau gouvernement socialiste venait d’être élu, ce dernier découvrait un déficit de 12,7 % du PIB, soit un chiffre deux fois supérieur à celui annoncé par le gouvernement de droite sortant.

Plusieurs plans d’austérité sont votés et le pays est mis sous la tutelle des hommes noirs de la Troïka (FMI, UE et Banque centrale européenne). La principale victime de ce « déficit » ? Le peuple grec, étrillé par l’austérité  : 40 % de baisse des salaires des fonctionnaires, les pensions de retraite divisées par deux, l’âge de départ à la retraite repoussé à 67 ans, des familles exsangues, le départ de milliers de jeunes vers l’étranger, etc. En France, nous n’en sommes pas encore là mais c’est dans ce chemin que le gouvernement veut s’engouffrer.

Déficit ?

Ce que s’apprête donc à faire passer Macron, c’est un budget qui vise à écraser la population. Dans le projet de budget du gouvernement, il est prévu (entre autres) 4 000 suppressions de postes d’enseignant, la baisse des remboursements des consultations médicales, la baisse de 10 % du budget des outre-mer…

Dans sa présentation du projet de loi, lundi 21 octobre, le ministre de l’Économie dit : « Nous allons donner un coup de frein réel, responsable aux dépenses sociales ». Mais combien de morts cette politique imposée depuis des années a-t-elle déjà fait à coups de fermetures de services et de lits dans les hôpitaux ? Et une asphyxie sans précédent des collectivités territoriales : au moins 5 milliards de coupe dans les dotations aux communes, départements et régions. « Avec ce nouveau coup de rabot, nous allons passer de 30 % à 85 % de départements en grande difficulté financière » alerte Sébastien Vincini, président du conseil départemental de la Haute-Garonne dans Mediapart.

Et les départements sont ceux qui payent le RSA, l’ASE (Aide sociale à l’Enfance), l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou encore les dotations de fonctionnement des collèges déjà rabotées l’an dernier. Mais dans toutes ces coupes prévues, un budget continue d’augmenter : celui de l’armement avec 3,3 milliards de hausse (sur un budget total de 50,5 milliards d’euros) pour continuer à alimenter les guerres, en Ukraine, au Liban et à Gaza.

C’est cela qu’ils veulent donc continuer contre la volonté de près de 80 % de la population !

Face aux coupes budgétaires, des maires de tous bords politiques alertent le Premier ministre Barnier : « Vous voulez nous mettre à l’os ? » (Mediapart).

Mais pour satisfaire les besoins du capital, le gouvernement reste (pour l’instant) sourd à toutes les alertes et s’apprêtent à faire les poches de la population.

Rappelons pourtant que chaque année 200 milliards d’euros de fonds publics sont versés aux grandes entreprises privées. Comme le révèle l’Insoumission, c’est en réalité le premier budget de l’État ! Plus de 30 % de son budget total et deux fois plus que celui de l’Éducation nationale.

Vers un recours au 49.3

Le gouvernement l’a déjà annoncé : il s’apprête à avoir recours au 49.3 pour faire passer en force son budget puisqu’il ne dispose pas de majorité pour le faire. Et même son « socle gouvernemental » (l’Opinion) semble vaciller. Dans la commission des finances qui a voté plus d’une centaine d’amendements rabotant en grande partie le projet du gouvernement, le Modem, pourtant étiqueté « majorité » présidentielle a voté avec les amendements du NFP.

C’est encore une fois au Rassemblement national que le gouvernement doit son salut, le RN ayant voté contre le projet de loi amendé notamment par les députés du NFP et fort de 60 milliards de recettes nouvelles prises aux plus riches.

Dans ces conditions, certains veulent que le « débat » qui s’est ouvert lundi 21 octobre à l’Assemblée nationale se referme au plus vite avec le recours au 49.3. « Laisser s’installer le chaos ajouterait la crise à la crise. Abîmé par Elisabeth Borne, le recours au 49.3 doit être dédramatisé, réhabilité. Au nom du sursaut », alerte l’Opinion. L’ex-Première ministre l’avait utilisé 23 fois lors de la précédente mandature et déjà pour passer en force sur le budget 2024.

Jamais la crise politique n’avait été aussi béante…

Dans cette situation, comment faire pour les arrêter ? Dans les hôpitaux, des mobilisations locales puissantes s’organisent avec la population et les personnels de santé, avec les syndicats de base et souvent soutenues par les élus comme à Carhaix ou à l’hôpital Beaujon de Clichy (92).

Les agriculteurs expriment de nouveau leur colère, aucune de leur revendication n’ayant été réglée depuis leur dernière mobilisation il y a dix mois. Dans l’industrie, les salariés de l’usine Saunier-Duval à Nantes étaient en grève la semaine dernière contre les 250 suppressions de poste. Tout comme les salariés de Sanofi de Lisieux et Compiègne contre l’annonce du plan de rachat du Doliprane par un fonds américain.

Les travailleurs, les cadres syndicaux, les militants et les députés honnêtes sont fondés à trouver, à l’Assemblée nationale et dans la vie de tous les jours, tous les moyens qu’ils jugent utiles pour bloquer cette mécanique infernale. Et il n’est pas certain que les moyens traditionnels et habituels soient d’une quelconque efficacité…

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/10/24/macron-barnier-voudraient-passer-en-force-sur-leur-budget-de-guerre/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/macron-barnier-voudraient-passer-en-force-sur-leur-budget-de-guerre-io-fr-24-10-24/

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