Macron et Bayrou annoncent un plan de guerre contre la classe ouvrière et la population (IO.fr-17/07/25)

Bayrou, Macron et Lecornu dans un discours aux armées à l’hôtel de Brienne, le 13 juillet. (AFP)

Il s’installe en ce début d’été un climat nauséabond : au plus haut sommet de l’État, une petite musique est en train de se jouer, celle qui consiste à faire monter, doucement mais sûrement, la pression pour préparer l’opinion à l’« effort de guerre ».

Par Pierre VALDEMIENNE.

Il s’installe en ce début d’été un climat nauséabond : au plus haut sommet de l’État, une petite musique est en train de se jouer, celle qui consiste à faire monter, doucement mais sûrement, la pression pour préparer l’opinion à l’« effort de guerre ».

Jeudi dernier (10 juillet), la France et le Royaume-Uni ont resserré la « coordination » de leurs forces nucléaires. Le lendemain, le chef d’état-major des Armées, dans un exercice peu banal, a tenu une conférence de presse au cours de laquelle, une fois n’est pas coutume, ont été détaillées les menaces militaires qui pèseraient sur le territoire. Deux jours plus tard, la veille du 14 juillet, le chef de l’État, le ton grave, appelle toute la nation à l’« effort de guerre ». Mardi 15 juillet, le Premier ministre annonce les grandes orientations en vue du budget 2026.

Au même moment, des présentateurs de télévision participent à une simulation d’opération avec le GIGN, des chefs de régiment demandent à leurs sergents de se « convertir » en influenceurs en treillis sur les réseaux sociaux. En Europe, après la Norvège et la Suède, le Danemark, qui a repoussé l’âge légal de départ en retraite à 70 ans pour financer l’« effort de guerre », vient d’introduire la conscription pour les femmes.

En France, ce sont les jeunes qui sont particulièrement dans le viseur de l’exécutif : « Nous devons accélérer les efforts sur notre réserve. On doit donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir », a affirmé Emmanuel Macron, qui précisera à l’automne des mesures.

Le scénario est bien rodé : pour aller jusqu’au bout du « changement de société », des attaques, remises en cause et contre-réformes méthodiquement déjà engagées, Macron mise tout sur l’ « effort de guerre » censé être abondé comme jamais, au détriment des « dépenses sociales ».

« Bourse : premier semestre en fanfare pour les banques européennes » (Les Échos, 9 juillet)

Pendant qu’il annonce vouloir consacrer 64 milliards d’euros en 2027 aux dépenses de guerre, des incendies brûlent en ce début d’été des centaines d’hectares, comme cela a été le cas dans l’Aude il y a deux semaines, faute de moyens matériels et humains pour y faire face. Des services d’urgence ferment ou sont restreints cet été, faute de lits et de personnels pour assurer la prise en charge des patients : par exemple, les urgences de nuit de plusieurs villes bretonnes ne seront accessibles uniquement via un appel au 15 jusqu’au 1er octobre en raison d’un « manque d’effectif médical ».

Au même moment, mercredi 9 juillet dernier, le journal patronal Les Échos titrait en une : « Bourse : premier semestre en fanfare pour les banques européennes », avec une progression de l’indice européen Stoxx 600 de + 29 % sur six mois. « C’est du jamais vu au XXIesiècle », ajoute le quotidien.

« Big bang social »

Cette situation de désertification-liquidation des services publics organisée par le gouvernement, c’est précisément ce que veut généraliser et amplifier l’exécutif avec son plan de guerre contre la classe ouvrière et la population laborieuse contenu dans le projet de budget 2026 annoncé ce mardi 15 juillet par François Bayrou (cf. ci-dessous, communiqué du POI). C’est ce que le journal La Tribune Dimanche (13 juillet) appelle « un big bang social ». Un véritable bouleversement, pour lequel « le gouvernement doit solliciter les syndicats et le patronat. »

Parmi les mesures anti-ouvrières annoncées : la remise en cause de l’abattement de 10 % pour les retraités. Dans ce domaine, comme sur les autres, là aussi, le gouvernement cherche à associer les syndicats : « Politiquement, le locataire de Matignon sait combien les parlementaires sont frileux lorsqu’il s’agit de ponctionner ces électeurs mais, pour les convaincre, sa stratégie consiste à s’appuyer sur le compromis que syndicats et patronat ont trouvé sur le sujet. Lors des discussions du conclave sur les retraites, ces derniers sont, en effet, tombés d’accord sur la nécessité de demander un effort aux pensionnés les plus fortunés. » (idem). Le feront-ils ?

Meeting international contre la guerre, dimanche 5 octobre à Paris

En prévention, et conscients qu’un risque réel existe de se retrouver sans majorité à l’Assemblée, Emmanuel Macron a menacé les oppositions qui seraient tentées de censurer le gouvernement lors de l’examen du budget à l’automne.

Car il sait très bien ce qui attend l’exécutif : l’adoption d’un tel budget de guerre, de guerre sociale, est périlleuse, parce que, dans la population, ça ne passe pas. Macron et Bayrou sont rejetés1. À peine le retour de la conscription envisagée dans la jeunesse, le deuxième syndicat étudiant, Union étudiante, a sorti un visuel intitulé : « Ni chair à patron ni chair à canon : des sous pour l’université, pas pour la guerre ! » Les rassemblements contre le génocide à Gaza qui se tiennent en ce début d’été sont toujours importants.

Alors que l’armée israélienne vient de détruire des centaines de puits d’eau privant plus de 1,25 million de Palestiniens d’un accès à l’eau potable, un nouveau bateau de la « Flottille de la Liberté » a quitté le port de Syracuse avant-hier en Sicile pour se rendre à Gaza, chargé de vivres et de médicaments, avec à son bord deux députées insoumises, Gabrielle Cathala et Emma Fourreau.

Après le blocage des livraisons d’armes par les dockers de Fos-sur-Mer en juin dernier, ce sont cette fois-ci les portuaires et dockers du Pirée en Grèce, qui refusent de décharger un navire transportant soixante-quinze lots d’acier militaire à destination d’Israël.

Dans toute l’Europe, des forces se dressent contre la marche à la guerre, une fraction large du mouvement ouvrier cherche à s’organiser pour empêcher la guerre. Pour une partie, elles seront là au meeting international contre la guerre du 5 octobre à Paris.

« L’Otan paie tout. Nous ne payons rien. » (Trump, 14 juillet)

Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a été reçu par Trump à la Maison Blanche, dans le bureau ovale, lundi 14 juillet, pour y annoncer l’accord avec l’Union européenne et l’Otan au sujet de l’achat d’armements pour l’Ukraine.Selon Mark Rutte, une « quantité massive » d’armes sera envoyée à l’Ukraine par les pays membres de l’Otan. Dans un premier temps, les États-Unis vendront environ 10 milliards de dollars d’armes, destinés à arriver sur le champ de bataille « en quelques jours ».Voici ce qu’en dit Trump : « Nous fabriquons le meilleur équipement, les meilleurs missiles… Les nations européennes le savent… Nous avons conclu un accord aujourd’hui où nous allons leur envoyer des armes et elles vont payer pour cela. Les États-Unis ne feront AUCUN paiement. » Et d’ajouter : « L’Otan paie tout. Nous ne payons rien. »De quoi conforter encore davantage les États-Unis comme le leader incontesté des marchands de canons : rappelons que 43 % des exportations mondiales d’armes proviennent des États-Unis, soit plus que les neuf pays suivants réunis.De quoi aussi pleinement illustrer la raison profonde qui a poussé les pays membres de l’Otan à rehausser leurs dépenses militaires à 5 % du produit intérieur brut : engraisser les marchands d’armes américains avec l’argent des peuples d’Europe.
Budget Bayrou « Non à la guerre et aux attaques contre les acquis sociaux » Communiqué du POI du 15 juillet

Macron et Bayrou, rejetés de toute part par la population2, qui n’ont pas de majorité à l’Assemblée, ont donc présenté, coup sur coup, au beau milieu du mois de juillet, des milliards supplémentaires pour préparer la guerre et, parce que l’un ne va pas sans l’autre, un véritable plan de guerre contre la classe ouvrière et la population laborieuse : 43,8 milliards d’euros de coupes ont été annoncées dans ce qu’on appelle les « dépenses sociales » afin de financer notamment l’« effort de guerre ».
Parmi les principales mesures contenues dans ce « big bang social » : suppression de 3 000 postes supplémentaires, non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, suppression des « agences improductives », réforme « en profondeur » des affections de longue durée (ALD), plus grande « efficience » demandée à l’hôpital (traduction : aggravation des suppressions de lits et de postes), remise en cause des indemnités journalières (arrêts maladie), gel de toutes les prestations sociales, gel du point d’indice dans la fonction publique, remise en cause de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, suppression de deux jours fériés (a priori, Pâques et le 8 mai), nouvelle contre-réforme de l’assurance chômage et du droit du travail, remise en cause du financement de la Sécurité sociale par les cotisations, mise en place dès l’automne d’« ordonnances de simplification » dans les entreprises…
C’est un véritable programme de guerre contre la classe ouvrière et la population laborieuse. Pendant ce temps-là, le patronat peut continuer à empocher les centaines de milliards d’aides publiques aux entreprises : au moins 211 milliards pour la seule année 2023 selon un rapport de la commission d’enquête sénatoriale publié la semaine dernière. En clair, chaque seconde l’ État offre aux patrons 6 690 euros. Donc ce n’est pas l’annonce d’une vague « contribution pour les plus fortunés » – dont on ne connaît pas le détail – qui va changer quoi que ce soit.
Pendant que Macron et Bayrou déclarent la guerre contre la classe ouvrière et la population laborieuse, les banques européennes enregistrent une progression de + 29 % de l’indice boursier (Stoxx 600) sur les six derniers mois : « du jamais vu au XXIesiècle. », précise le journal patronal Les Échos (9 juillet).

Plus que jamais, comme le rappellent les signataires de l’Appel européen contre la guerre : • NON à LA GUERRE ET AUX ATTAQUES CONTRE LES ACQUIS SOCIAUX ! • NON AUX BUDGETS DE GUERRE ET AUX FAUTEURS DE GUERRE ! • NON AUX POLITIQUES DE GUERRE, D’OÙ QU’ELLES VIENNENT !

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/07/17/macron-et-bayrou-annoncent-un-plan-de-guerre-contre-la-classe-ouvriere-et-la-population/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/macron-et-bayrou-annoncent-un-plan-de-guerre-contre-la-classe-ouvriere-et-la-population-io-fr-17-07-25/

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