
À l’été 2024, la CGT avait fait parler avec son « mur de la honte » aux urgences de Brest, pointant des temps d’attente record sur les brancards. Le syndicat réitère dans les Ehpad du département, où les conditions de travail sont décrites comme fortement dégradées.
Par Delphine VAN HAUWAERT.
« Madame F. a été levé trop tôt après une intervention chirurgicale, entraînant une nouvelle intervention deux jours après. » ; « » Madame A. a chuté après le passage de l’équipe de nuit à 22 h, elle restera au sol pendant cinq heures » ; « Madame L. n’a eu que 8 minutes pour manger. » Toutes ces situations « se sont réellement produites dans des Ehpad du Finistère », assure la CGT du CHRU Brest-Carhaix qui, en lien avec l’union départementale du syndicat, vient de dévoiler son « mur de la honte » sur le thème de la prise en charge du grand âge dans les établissements.
Une initiative similaire avait été prise, l’été 2024, aux urgences de Brest. « On avait décidé d’afficher les temps d’attente de patients sur des brancards, des situations concrètes personnifiées pouvant entraîner des conséquences graves sur la santé de la population », rappelle Thomas Bourhis, secrétaire général de la CGT du CHRU.
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« On s’est aperçus qu’on a tous les mêmes difficultés »
Ce « mur de la honte » avait beaucoup fait parler à l’époque. D’où cette idée « de le transposer aux Ehpad », avec, là encore, un zoom sur des cas concrets. « On s’est aperçus qu’on avait tous un peu les mêmes difficultés, on a donc décidé de faire sortir des murs ce qu’il se passait dans nos établissements », raconte Guilaine Gélébart, qui travaille à l’hôpital Le Jeune de Saint-Renan, et responsable de section locale CGT.
La trentaine de panneaux regroupés sur une banderole de plusieurs mètres, et destinée à voyager d’Ehpad en Ehpad, vise « à recenser les situations de prises en charge très dégradées dans les Ehpad du Finistère, afin de les mettre en relations avec les conditions de travail », reprend Thomas Bourhis.
Déjà difficiles, ces conditions de travail se seraient encore détériorées ces dernières années, aux dires de membres du personnel du centre René-Fortin, à Bohars, qui a reçu, jeudi 27 février 2025, le député Insoumis de Brest centre, Pierre-Yves Cadalen.

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Une prise de conscience, mais pas de réel changement aux urgences
« Ce mur de la honte reflète exactement notre quotidien », témoigne l’une d’entre eux, déplorant, comme ses collègues, trop d’arrêts maladie non remplacés, ou contraints d’être palliés par l’équipe en place. Avec un impact sur la vie personnelle, mais aussi sur la prise en charge des résidents.
Choquantes, voire révoltantes, les situations mises en lumière « ne visent pas à dévaloriser les soignants, tient à préciser la CGT. C’est même l’inverse ». Ce que le syndicat espère, avec cette nouvelle initiative, « c’est de faire évoluer la loi, peut-être via des questions au Parlement par les députés. Il nous faut absolument des moyens dans les Ehpad pour avoir des conditions de travail correctes, et arrêter ces prises en charge problématiques ».
Le mur de la honte des urgences n’a, lui, pas encore abouti à des changements majeurs. « Il y a eu une vraie prise de conscience au niveau de la population, des élus, analyse Thomas Bourhis. Malheureusement au niveau politique, ça n’a pas suivi, car il n’y a pas eu de mesures correctives de ces situations-là. Mais on continue à revendiquer, et on espère, qu’a un moment tout le monde prenne conscience qu’il faut vraiment un grand plan d’urgence, pour les urgences. »
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