Les pluies abondantes de mars et avril ont permis aux cours d’eau et nappes souterraines de se refaire une santé en Ille-et-Vilaine. Excepté quelques zones, les niveaux d’eaux sont bons. Mais le risque de sécheresse n’est pas pour autant écarté pour cet été 2023, si les pluies cessent et que les fortes chaleurs reviennent.
Il a plu, voir beaucoup plu ces dernières semaines en Ille-et-Vilaine. De quoi permettre aux cours d’eau et aux nappes souterraines de se refaire une santé, après un mois de février 2023 historiquement sec. Alors que 47 départements français sont déjà en niveau d’alerte, qu’en est-il du risque de sécheresse dans le département ?
Des pluies abondantes en mars et avril
Avec plus de 20 jours sans une goutte de pluie et un déficit pluviométrique qui avoisine les 80 %, le mois de février 2023 aura été historiquement peu arrosé sur le territoire bretillien.
Heureusement, en mars, « il est tombé quasiment le double de la normale, sur le département, indique Franck Baraer, de la direction Ouest de Météo France à Rennes-Saint-Jacques. De quoi donner des cumuls de septembre à mars équilibrés. » Ces pluies d’hiver, dites « utiles » ou « efficaces », qui permettent à la ressource de se reconstituer, avant que l’eau ne soit captée par la végétation et l’évaporation au printemps.
En avril, les cumuls de pluies étaient encore au-dessus de la moyenne quasiment partout, sauf dans le pays de Redon. Avec un week-end diluvien, les 23 et 24 avril, où « l’équivalent de 15 jours de pluies d’avril », est tombé en 48 h, relevait Météo France.
Ce début mai n’est pas non plus avare en bonnes averses. Mais « mieux vaut des pluies régulières que des grosses pluies », explique Flora Lucassou, hydrogéologue au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) à Rennes.
La ressource en eau ne s’est pas reconstituée partout
Si les cumuls sont importants, toutes les nappes souterraines d’Ille-et-Vilaine n’ont pas eu le temps de retrouver un niveau satisfaisant, contrairement au reste de la Bretagne.
Sur douze sites de surveillance du niveau des nappes dans le département, trois étaient toujours au niveau « modérément bas » à fin avril : Boisgervilly près de Montfort-sur-Meu, Saint-Grégoire au nord de Rennes, et Louvigné-du-Désert, près de Fougères. Des zones « à surveiller car la ressource ne s’est pas reconstituée », commente Flora Lucassou.
En Ille-et-Vilaine, 73 % de l’eau potable est captée dans les cours d’eau, contre 27 % dans des nappes d’eau souterraines. Mais quand les pluies sont plus rares, ce sont ces nappes qui alimentent les cours d’eaux, « les deux sont liés », confirme Flora Lucassou.
Une sécheresse toujours possible cet été
Si la situation est tout de même plus favorable que l’année dernière, le risque de sécheresse n’est donc pas écarté. « On ne peut jamais être sûr, tout dépend de la pluviométrie des prochains mois, explique l’hydrogéologue. Il faudrait que les pluies soient régulières », en mai et juin. Si ce n’est pas le cas, les nappes souterraines et les cours d’eau se tariraient cet été, quand la consommation est au plus haut (tourisme, agriculture…) et les niveaux au plus bas.
Les prévisions à trois mois de Météo France annoncent un nouvel été au-dessus des normales. Des épisodes de fortes chaleurs qui entraîneraient mécaniquement une tension sur la ressource en eau dans le département. D’où l’importance de continuer à l’économiser.z
Auteur : Hugo HUAUMÉ.