
Par Marie
Alors qu’à Budapest, le maire Gergely Karacsony tient tête aux politiques réactionnaires et LGBTIphobes et maintient la Marche des Fiertés dans la Hongrie de Viktor Orban, Paris choisit la collaboration. En effet, après les coups d’éclats de Valérie Pécresse, responsable de la suppression de 50 000 euros de subventions, l’Inter-LGBT subit encore une attaque.
À quelques jours de la marche, la nouvelle tombe : la préfecture de police, à la demande de Bruno Retailleau, impose la présence des collectifs Eros et Fiertés citoyennes. L’Inter LGBT est très claire : « Les 130 structures composant le collectif de l’inter LGBT refusent de marcher aux côtés de ces deux collectifs d’extrême droite ». Notre article.
Pour aller plus loin : Marche des fiertés : l’Inter-LGBT attaquée par la droite et l’extrême droite
Des collectifs queerphobes et islamophobes imposés à la Marche des fiertés
Car sous le vernis républicain de Fiertés citoyennes se révèle rapidement un fond réactionnaire, prompt à se laisser séduire par les rhétoriques de l’extrême droite. Cette association, se voulant non-partisane, laïque et universaliste, a pourtant des positions claires. S’offusquant à la moindre mention du génocide du peuple palestinien, Fiertés Citoyennes est le digne héritier du printemps républicain engendré par le PS.
Si le printemps républicain revendique explicitement « l’insécurité culturelle » théorisée par Laurent Bouvet, la laïcité identitaire de Fiertés Citoyennes l’exprime implicitement. Leur obstination à ne surtout pas prendre la défense des personnes queers musulmanes ou racisées questionne. Cette généralisation de la queerphobie à toute personne musulmane (et par extension racisées, les non-blancs étant tous suspectés d’être musulmans par pur racisme et islamophobie) relève d’un racisme et d’une islamophobie puante. Se refusant à toute intersectionnalité, leur mascarade de lutte pour les droits LGBTQIA+ tombe bien vite.
Il est intéressant de souligner que Matthieu Gatipon-Bachette, porte-parole de Fiertés citoyennes a été sorti de l’Inter LGBT il y a quelques années. La cause ? Des propos islamophobes et transphobes contre l’inter LGBT et ses membres. Outre ces exactions, viennent s’ajouter des faits de harcèlement envers l’association et ses membres
Pour eux, la Marche des Fiertés est en fait une balade. Leur soutien à Pécresse dans la suppression des subventions évoquée plus haut le démontre. En vérité, peu leur importe la tenue de la marche. Le combat pour les droits queer n’est qu’un prétexte pour mettre des paillettes et marcher, pas pour revendiquer.
Une posture qui serait presque drôle, quand on sait qu’ils parlent de militantisme spectacle pour l’Inter LGBT, si elle ne traduisait pas une fascisation de fond. Leur message étant le même que celui de Jean-Philippe Tanguy, député RN : les luttes LGBTQIA + ne sont pas politiques.
Cette dépolitisation des luttes, consistant à vider les luttes queers de leur substance, pour y placer le racisme, la misogynie, et in fine, la LGBTIphobie n’est pas nouvelle. C’est l’accomplissement d’une stratégie entreprise par le RN et reprise par la droite et l’extrême droite. Parmi eux, Yohan Pawer, proche d’Eric Zemmour (présent à nombre de ses meetings ainsi qu’à ses universités d’été), et porte-parole de l’association Eros (5). Ce sont donc ces personnes et ces politiques que Bruno Retailleau soutient.
En effet, le collectif d’extrême droite, Eros, ne prend même pas la peine de se dissimuler contrairement à Fiertés Citoyennes. Se présentant comme une « Association de lutte contre les dérives LGBTQIA+ et la cancel culture », ils se distinguent par leur racisme, islamophobie, et LGBTIphobies. Avec, entre autres dernièrement, leurs propos transphobes envers la cheffe de file LFI des municipales du Havre, Axelle Richard.
Comme le rappelle justement l’Inter LGBT, « L’année dernière, Eros a frappé et agressé des manifestantes et manifestants. Des dépôts de plaintes sont actuellement encore en cours contre eux ». Leur but n’est pas de rejoindre la Marche des Fiertés pour lutter avec l’inter LGBT, mais bien contre elle ! L’association organisant la Marche des Fiertés se dit « Assez choquée par leur méthode consistant à passer par le ministère pour les supplier de marcher ». L’Inter LGBT précise également que les collectifs ne sont pas passés par le chemin réglementaire pour s’inscrire.

Des attaques répétées qui servent la campagne de Retailleau
Ce sont donc ces associations que Bruno Retailleau entend imposer à l’Inter LGBT. À la suite des attaques répétées contre l’Inter LGBT, la préfecture aurait pu assurer la sécurité la Marche des Fiertés, et soutenir les droits des personnes queers. Il n’en n’est rien. Quatre jours avant la Marche des Fiertés, l’Inter LGBT est convoquée par le préfet lui-même. Non pas pour revenir sur cette demande grotesque, mais pour savoir comment assurer la sécurité des deux collectifs d’extrême droite.
Aujourd’hui, la préfecture de police se fait le bras armé de Retailleau, pour imposer deux collectifs d’extrême droite à la Marche des Fiertés. Cette action, suivant les chasses aux étrangers de la semaine dernière, s’inscrit dans la campagne xénophobe, raciste, islamophobe et LGBTIphobe de Bruno Retailleau. Celui-ci déjà, avait exprimé son soutien à Némésis, groupe d’extrême droite raciste, xénophobe et islamophobe sous couvert de féminisme.
Le but de la manœuvre de Retailleau est limpide. Comme au 8 mars, tenter d’inclure des associations d’extrême droite dans nos luttes. Cette stratégie de la provocation vise également à poser en victime ces groupes, rejetés des manifestations et protégés par la police. Stigmatiser et diaboliser nos combats pour légitimer les leurs : l’homo-nationalisme, la transphobie, la queerphobie, la xénophobie, l’islamophobie et le racisme. Telle est la stratégie de Bruno Retailleau, dont on peine à identifier ce qui le distingue de l’extrême droite.
L’Inter LGBT refuse de marcher avec ces collectifs. Elle souligne que « Les 130 structures refuseront de marcher si le collectif Eros a la possibilité de défiler, nous refuserons que l’image de la marche soit associée à un groupuscule d’extrême droite ». L’Inter LGBT ajoute qu’elle « Souhaite que la Marche des Fiertés soit un lieu de revendications et de fêtes pour toutes et tous, sereinement et en toute sécurité ».
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Source: https://linsoumission.fr/2025/06/25/marche-des-fiertes-paris-retailleau/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/marche-des-fiertes-bruno-retailleau-impose-la-presence-dassociations-dextreme-droite-islamophobes-et-lgbtiphobes-dans-la-marche-li-fr-25-06-25/