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Autour du mot d’ordre « Climat, justice, libertés », plusieurs milliers depersonnes ont défilé dans quelque 70 villes françaises dimanche 28 septembre. À Paris, la marche a relié la gare du Nord à la place de la République, avec des manifestants « inquiets pour leur avenir ».
Par Jessica STEPHAN.
« Le capitalisme pollue et détruit, détruisons le capitalisme », pouvait-on lire sur une pancarte brandie dans le cortège parisien. De Bourg-en-Bresse à Guebwiller, de Marseille à Nantes, à travers 72 villes françaises de toutes tailles, des « marches des résistances » ont rassemblé plusieurs milliers de personnes ce dimanche 28 septembre.
Un appel à un autre projet de société face aux crises environnementales, sociales et démocratiques lancé par 12 associations qui a dépassé les 300 signataires dont, pour la première fois, la CGT.
L’inaction climatique, une menace pour les plus démunis
Dans le cortège parisien, qui s’est élancé non loin de la gare du Nord à 14 h 30, les couleurs des ONG, le rouge de la CGT, quelques drapeaux palestiniens. Les associations à l’origine de l’appel à mobilisation insistent sur la convergence des luttes.
« Il n’y aura pas de justice sociale sans justice environnementale, et inversement », martèle Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac et cofondatrice du collectif des Rosies. Et de fustiger les inégalités croissantes, les riches toujours plus riches, « les dividendes qui s’échappent des efforts communs ».
Zoé Pélegry, porte-parole d’ANV-COP21 et d’Alternatiba, abonde : « On va se battre, on est obligés de continuer. Ce sont les personnes les plus pauvres et les plus discriminées qui vont payer le prix de l’inaction climatique. »
Les ONG s’inscrivent dans les suites de l’opposition citoyenne à la loi Duplomb et les mobilisations sociales des 10 et 18 septembre. Si la CGT a passé le cap de la signature, c’est dans l’objectif de « faire comprendre que la transition ne se fera pas sans les travailleurs et que les questions sociales et environnementales sont indissociables. Les scientifiques du Giec l’ont parfaitement démontré », rappelle Fabienne Rouchy, secrétaire confédérale de la CGT.
La CGT appelle à amplifier la mobilisation
Une convergence déjà mise en pratique : « On travaille beaucoup avec les ONG sur des projets concrets dans les entreprises, pour modifier les modes de production, notamment sur les Pfas. »
Pourtant, à Paris, cette marche pour le climat, enrichie de ses dimensions sociales et démocratiques, a peiné à mobiliser largement. « Il devrait y avoir une manifestation énorme », déplore Fabienne Rouchy. « Il faut se regrouper pour avoir une justice sociale et environnementale », insiste la secrétaire confédérale, qui appelle à « amplifier » la mobilisation.
Lutter ensemble pour se faire entendre, donc. Et proposer des alternatives : « Notre seule option, c’est de travailler à l’élaboration d’un projet de société autour des enjeux écologiques, sociaux, démocratiques », renchérit Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Un recul social et environnemental
L’inquiétude et le risque du découragement planent sur le mouvement climat, comme le soulignent Solène et Garance, la vingtaine, mobilisées mais sans illusions. « On est inquiètes pour notre avenir », reconnaît Solène, membre de plusieurs associations féministes. « On vient un peu à contrecœur. On en a marre que les manifs ne donnent rien. Il faut trouver de nouveaux moyens d’action. »
Garance, elle, n’est pas une habituée : « Je n’ai jamais aimé manifester, mais j’y vais de plus en plus parce que c’est nécessaire. » Ce ne sont pas les représentants de la CGT qui diront le contraire. « Les enjeux sociaux et environnementaux vont de pair », répète Benoît Martin, secrétaire de l’union départementale de la CGT Paris. « L’Europe et la France sont dans un recul des normes sous prétexte de simplification, détaille-t-il. Cela donne un mauvais signal. La production capitaliste génère des pollutions nuisibles sur les travailleurs et la population. »
Dans le cortège parisien, où des manifestants ont scandé qu’ils étaient « plus chauds que les fachos », une pancarte résumait toute la difficulté : « Le climat exige des actes politiques, pas des « petits gestes » ». À quelques semaines de la COP30 de Belém, au Brésil, ces actes politiques sont attendus.
Des échéances politiques d’ici 2026
Ces marches viennent d’ailleurs clore un mois d’actions mondiales pour le climat, au total plus de 600 à travers 85 pays, dans le cadre de l’initiative « Draw The Line » (fixons les limites), en amont du sommet.
Andressa Dutra, représentante de Greenfaith, dont l’antenne française appelait à cette marche, est justement venue spécialement du Brésil en amont de la COP30 pour rappeler que « la crise climatique n’affecte pas tout le monde de la même manière », soulignant l’importance de prendre en compte les peuples autochtones.
En attendant, les ONG ont prévenu : d’ici à la COP30, elles continueront la lutte et appellent à une forte mobilisation le 2 octobre prochain. Sans oublier les prochaines échéances : les discussions parlementaires sur le budget de la France pour 2026, les 10 ans de l’accord de Paris sur le climat mais aussi les élections municipales de 2026.
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