Martinique : odieuse réponse coloniale aux problèmes du peuple. (NBH – 16/11/24)

Rodrigue Petitot, le président du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC) a voulu rencontrer François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer qui était en visite officielle en Martinique.

On connait la conjoncture sur l’île. Un important mouvement social a secoué la Martinique. D’importantes manifestations,  des affrontements avec la police, des troubles dus à l’absence de réponse de l’État français aux exigences de justice de la population. Concernant tout particulièrement le niveau de vie, les produits du quotidiens étant 40% plus cher là-bas qu’en France métropolitaine.

Les membres du RPPRAC qui souhaitent s’entretenir avec le ministre des Outre-mer, se sont rendus à la résidence préfectorale afin de réclamer une rencontre.

« On est venu voir le ministre », lance d’abord Rodrigue Petitot. 

« Vous ne le verrez pas ce soir. Faites une demande. Je n’ai reçu aucune demande de rendez-vous », répond alors le préfet de la Martinique.

C’est alors que le ton monte. Avant que la police ne pousse la délégation du RPPRAC vers la sortie.

Des réactions aussi caricaturalement colonialistes et méprisantes de la part du représentant de l’État sont révélatrices et inacceptables.

Un peuple souffre et lutte, ses leaders demandent à rencontrer le ministre et la réponse est formelle, bureaucratique et disons-le stupide. Fallait-il que Rodrigue Petitot et ses camarades viennent avec un carton d’invitation nominatif, fassent antichambre dans une salle d’attente, qu’ils mettent une cravate, voire un smoking et des chaussures à glands, avant d’avoir l’audace de demander poliment à voir un ministre ? Croyaient-ils, ces individus louches, qu’un ministre est un serviteur du peuple?

Fallait-il que ces Martiniquais soient sans savoir-vivre pour oser croire que le peuple peut se comporter ainsi face aux maîtres!

Que  le même État ait laissé s’empoisonner la population de l’île avec le chlordécone utilisé dans les bananeraies est sans doute secondaire. Que les tribunaux français aient prétendu que les autorités ignoraient la toxicité du produit (utilisé de entre 1972 et 1993) alors qu’aux États-Unis le produit était interdit depuis 1976 est sans doute sans grande importance. Les cancers, les prématurés, les fausses-couches et une pollution très grave des sols et des rivières…pertes et (surtout) profits.

En 1974 lors d’une des plus importantes grèves de la Martinique des ouvriers agricoles demandant que cesse l’utilisation du chlordécone, ni le préfet, ni les membres du gouvernement qui ont pris part aux négociations, ni les services de santé de l’État n’ont tenu aucun compte de cette lutte et de la demande des ouvriers agricoles.

Sans doute ceux-ci avaient-ils demandé rendez-vous en bonne et du forme au préfet et aux ministres de passage…conformément au protocole « républicain » et foncièrement colonial.

Le comble, le lendemain de cet incident, d’où seul le préfet est sorti ridiculisé, la police arrêtait Rodrigue Petitot. 

Arrestation qui a provoqué une nuit de colère et d’affrontements sur toute l’île.

Il faut dire que le préfet a considéré cette « intrusion inacceptable, inimaginable et intolérable » alors qu’il eut été si simple d’organiser une rencontre avec le ministre et les représentant du mouvement populaire. Mais ce n’est pas la logique comportementale du colonialisme. Il faut montrer à « ces gens » qui est celui qui tien le fouet.

Rodrigue Petitot surnommé «le R», interpellé le 12 novembre, a été placé vendredi sous contrôle judiciaire avant son procès fixé au 21 janvier 2025. Un bon présage pour les lutteurs de la Martinique: c’est l’anniversaire de l’exécution de Louis XVI.

Antoine Manessis

Source : http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2024/11/martinique-odieuse-reponse-coloniale-aux-problemes-du-peuple.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/martinique-odieuse-reponse-coloniale-aux-problemes-du-peuple-nbh-16-11-24/

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