
À partir du mois de juillet 2025, il y aura moins de temps d’antenne pour les informations en breton, qui disparaissent des créneaux de 7 h 31 et 8 h 31, sur les ondes d’Ici Breizh Izel. Une décision qui divise à la rédaction, entre une volonté d’investir davantage le web et de ne pas délaisser les heures de grande écoute.
Par Clemence DILIGENT.
Dès juillet, la radio Ici Breizh Izel, anciennement France Bleu , cessera de diffuser des journaux en breton aux heures de grande écoute. Dans une pétition publiée lundi 2 juin 2025, des journalistes s’y opposent. Elle réunissait, vendredi 6 juin 2025, à 17 h, plus de 3 500 signatures.
Moins de locuteurs bretons
« La langue bretonne ne mourra pas » , répond Gurvan Musset, directeur d’Ici Breizh Izel. Le point de départ de ce changement : la réception des résultats d’une enquête sociologique, entre 2018 et 2025, qui indique que le nombre de locuteurs dans le Finistère est passé de 5,7 % à 2,7 %. À cela s’ajoute : la baisse de l’âge moyen des locuteurs. Par ailleurs, « ils [les journalistes] avaient de plus en plus de mal à trouver des interlocuteurs avec un bon ou assez bon niveau de breton. Ils avaient beaucoup de difficultés à trouver des sujets tournables. »
Chaque jour, il y aura donc de l’information en breton à 6 h 30, « dans un format à définir », et deux émissions à 13 h et le soir. Sur les ondes, on entendrait ainsi le breton 13 heures par semaine. « Les plus jeunes n’écoutent pas la radio, ils vont sur les réseaux sociaux. Problème : on en est pratiquement totalement absents. »
Au programme : des flashs vidéo sous-titrés, une newsletter ou encore des podcasts. « On a un podcast en breton qui doit bientôt sortir, sur la musique bretonne, et on travaille sur un partenariat avec Les Odyssées de France Inter », rappelle le directeur.
« Que les bretonnants s’y retrouvent »
Si les journalistes veulent participer au développement de leur présence sur le Web, le projet reste encore trop flou, selon eux. « On a envie d’être présent en podcast et sur les réseaux sociaux, mais pas au détriment de l’actualité aux heures de grande écoute et en direct », a réagi Valérie Le Nigen, journaliste à Ici Breizh Izel et actuellement en formation de breton. Elle rejoindra bientôt les quatre journalistes bilingues qui évoluent parmi la quinzaine que compte la rédaction.
Pour eux, cette actualité bretonne et locale reste « un pilier, un ancrage, qui permet aux bretonnants de raconter le monde actuel et de faire vivre cette langue qui évolue ».
Ils revendiquent la sauvegarde d’un temps d’antenne pour le breton. « Il ne restera plus qu’un reportage de deux minutes diffusé à 6 h 30 », détaillent les journalistes sur la pétition, avec la disparition des flashs de 7 h 31 et 8 h 31. Ils espèrent rouvrir le dialogue avec la direction, avant d’envisager d’aller plus loin. « Il ne faut pas seulement du reportage, c’est important que les brittophones s’y retrouvent. »
Comme d’autres, Kevre Breizh, coordination culturelle associative de Bretagne, a dénoncé une « dérive inacceptable ». Elle s’associe ainsi aux salariés « dans ce légitime combat pour nos droits fondamentaux », dans un communiqué. « Depuis cette création, les heures de diffusion en langue bretonne ont diminué comme peau de chagrin, laissant de plus en plus de place à des programmes généralistes. »
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