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Alors qu’il effectuait un stage d’observation, un lycéen de seconde dans un établissement de Saint-Lô (Manche) est mort, mercredi 18 juin, des suites d’un « accident » survenu la veille.
Par Clémentine EVENO .
Alors que dans l’indifférence quasi-générale, les travailleurs continuent de périr, un lycéen de seconde dans un établissement de Saint-Lô (Manche) est mort, mercredi 18 juin, des suites d’un « accident » survenu la veille alors qu’il effectuait son stage d’observation chez Gifi, a indiqué le parquet de Coutances.
C’est alors que le gérant de l’enseigne à Saint-Lô manipulait une palette, selon l’antenne locale ICI, que la marchandise aurait basculé sur le jeune stagiaire. La victime de 16 ans aurait été projetée en arrière, et sa tête aurait violemment heurté le bord d’un trottoir, selon cette même source.
L’enquête d’abord ouverte pour blessure involontaire se poursuit pour des faits d’homicide involontaire dans le cadre du travail. Elle doit « déterminer les circonstances exactes, vérifier le respect de la législation du travail et de la sécurité des travailleurs », a déclaré le parquet de Coutances à l’Agence France-Presse.
« Les jeunes sont de plus en plus exposés aux dangers sans y être préparés »
« Un élève ne devrait pas mourir en stage. La justice déterminera les éventuelles responsabilités », a déclaré, dans la foulée, le Sgen-CFDT Normandie. Le syndicat a également indiqué s’interroger « sur la mise en place précipitée de ces stages en Seconde générale, et sur le sens pédagogique dans le parcours de formation de l’élève », rapporte le quotidien local Ouest-France.
Une situation également dénoncée par la CGT Educ’action : « Avec l’explosion des périodes de stage en entreprise, les jeunes sont de plus en plus exposés aux dangers sans y être préparés », dénonce le syndicat, qui demande de « revoir les obligations liées à ces périodes de stage, de les repenser pour mieux les encadrer et assurer la sécurité des jeunes en entreprise ». L’organisation syndicale demande ainsi la suppression des stages en entreprise dès la 3e et « des séquences d’observation en seconde qui ne représentent pas d’intérêt », ainsi que « l’interdiction de l’apprentissage avant 18 ans ».
En réponse, le ministère du Travail a rappelé qu’ « il n’est pas acceptable que des jeunes qui commencent leur vie professionnelle trouvent la mort sur leur lieu de travail », raison pour laquelle « la ministre Astrid Panosyan-Bouvet a demandé d’instruire un renforcement des mesures destinées à prévenir ces accidents graves et mortels qui seront présentées aux partenaires sociaux ».
Pourtant, cet épisode dramatique est loin d’être le premier. Selon l’INRS (Institut national de recherche et sécurité), la fréquence des accidents du travail, pour les jeunes de moins de 25 ans, s’élevait à 10 % par an en 2018. Soit un bilan 2,5 fois supérieur aux accidents de l’ensemble des salariés (environ 4 %). En 2023, 38 jeunes sont décédés sur leur lieu de travail, ils étaient 43 en 2022.
Parmi les nombreux cas, près de trois ans plus tôt en 2022, un jeune de 14 ans est mort après que le mur d’un bâtiment s’est effondré sur le chantier de démolition, dans le vignoble au sud-est de Nantes, où il effectuait son stage de 3e. L’auteur du documentaire « Travail à mort », Joseph Gordillo, rappelait l’importance de mettre en exergue le fait que les morts au travail n’étaient pas des faits divers, mais des faits de société. Et pour cause : « Quand l’État estime qu’il s’agit d’un fait de société, il met en œuvre des actions concrètes ».
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