
Des centaines d’hommes et de femmes en colère se sont exprimés à Nantes, Saint-Nazaire, Blain, Pornic, Ancenis, Clisson… Mais les blocages espérés ou redoutés, selon le point de vue de chacun, n’ont pas vraiment eu lieu, à ce stade. Treize personnes ont été interpellées. De nouveaux rassemblements se forment, plus massifs, dans le centre de Nantes ou de Saint-Nazaire.
C’était la grande inconnue, le grand mystère, un appel à la grève générale, à tout bloquer, dans un contexte politique particulièrement délétère. Ça allait donner quoi ? De la colère, beaucoup de colère, dès 4h du matin ce mercredi 10 septembre, près de l’aéroport de Nantes, puis dans toute une série de lieux de la métropole nantaise et, au-delà, du département. À 6 h, des dizaines ou des centaines de personnes se retrouvaient là où c’était convenu, au rond-point du Cardo, à Orvault, sous le pont de Cheviré, au cœur du quartier Malakoff, à Nantes. Mais aussi à Ancenis, Châteaubriant, Blain, Saint-Nazaire, Clisson, Pornic.
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Et les blocages espérés par les manifestants et redoutés par les autorités ont été plutôt déjoués. Très vite, les forces de l’ordre ont semé la zizanie dans les rangs des manifestants en dispersant les groupes avec des gaz lacrymogènes, sans leur laisser le temps de s’organiser ou de figer des points de blocage. Pendant quelques minutes, le périphérique Est a été coincé, mais ça n’a pas duré, au niveau de la porte de La Chapelle. Les manifestants, pas assez nombreux, n’ont pas réussi à prendre le pont de Cheviré : « Ce n’était pas possible à 200 », peste un syndicaliste. Ceux qui étaient rassemblés à Malakoff se sont déplacés en ville, quelques poubelles incendiées sur leur passage, particulièrement sur le boulevard de Doulon. Le pont d’Ancenis a été bloqué une quinzaine de minutes.
Pris leurs dispositions
Si on a enregistré peu de perturbations, c’est aussi que les Nantais avaient, pour une grande partie d’entre eux, pris leurs dispositions. Passées les turbulences et blocages sporadiques du matin, on roule désormais sans difficulté dans cette ville, si souvent en proie aux bouchons.
Côté lycées, à Guist’hau, Jules-Verne et Mandela, à Nantes, ou Jean-Perrin, à Rezé, on observe des débuts de protestation. À Mandela, les lycéens tiennent une assemblée générale pour savoir s’ils poursuivent le mouvement les jours prochains. Les policiers y sont intervenus. Du côté du campus universitaire, une centaine de jeunes ont bloqué un rond-point pendant une bonne heure. À Blain, où, à midi, environ 200 manifestants paralysaient toujours le rond-point, et Saint-Nazaire aussi, nos journalistes ont remarqué la présence de très jeunes manifestants, lycéens ou étudiants.
L’appel à la grève générale semble, lui, peu suivi et on ne signale pas de fort impact sur la circulation des transports en commun.
Du côté des autorités, vers 10 h, on recensait treize interpellations mais pas de blessés. Selon les forces de l’ordre, à l’aube, 1 200 manifestants étaient rassemblés en divers points de la métropole. Les pompiers, à Nantes, sont intervenus plus d’une vingtaine de fois pour éteindre des barricades de poubelles et palettes enflammées.
Désormais, plusieurs milliers de personnes dans le centre de Nantes
La suite ? Les manifestants, qui ont tous évoqué en priorité des motivations liées au pouvoir d’achat, à la vie chère, au travail insuffisamment rémunéré, sont rassemblés du côté de la place du Commerce et de la place Graslin, à Nantes, dans une ambiance « calme », selon notre journaliste sur place. Les rangs des manifestants gonflent et sont largement plus nombreux que 1 200. Désormais, ils sont plusieurs milliers dans le centre-ville. Une assemblée générale est prévue à 18 h.
À Saint-Nazaire, ce midi, on compte entre 400 et 500 manifestants rassemblés près de la gare, soit un peu plus que ce matin à l’aube où ils avaient démarré entre 200 et 300.
« Les conditions de travail et les salaires se sont dégradés dans mon environnement, témoigne à Nantes, Matthieu, qui travaille dans le secteur de l’assurance. J’ai dû perdre entre 10 et 20 % de pouvoir d’achat. Et on est pressurisé. Je vois beaucoup de souffrance autour de moi. » Camille, lui, est enseignant et habite à La Chevallerais. Avec ses 1 940 € par mois, il pensait, dit-il, faire partie de la classe moyenne haute. « Mais aujourd’hui, on est locataire et on peut difficilement devenir propriétaire. Il y a quinze ans, avec presque 2 000 € par mois, on pouvait mieux s’en sortir. Le gouvernement nous balade… »
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