À moins d’un an des élections municipales, l’Association des maires ruraux du Morbihan organise plusieurs réunions publiques pour « d » la fonction d’élu local. Une manière de prévenir une pénurie redoutée de candidats.
Entretien réalisé par Maxime LAVENANT.
Entretien avec Joël Marivain, maire de Kerfourn (Morbihan) et président de l’Association des maires ruraux du département. À son initiative, elle organisera quatre réunions publiques (1) pour susciter ou confirmer des vocations pour cette formidable fonction
de maire. Des élus partageront leurs expériences et répondront aux questions du public.
Pourquoi lancer cette série de réunions publiques ? Par crainte d’une pénurie de candidats ?
Un sondage national récent évoquait qu’environ 40 % des maires allaient repartir. C’est à peu près conforme à ce qu’on observe généralement. Mais dans les communes de moins de 2 000 habitants, il est plus difficile de trouver des candidats, c’est une réalité numérique.
Dans beaucoup de communes, il n’y a souvent plus qu’une liste— Joël Marivain, président de l’Association des maires ruraux du Morbihan
Y a-t-il une crise des vocations ?
Il y a une réduction du nombre de candidatures. Dans beaucoup de communes, il n’y a souvent plus qu’une liste. Mais je préfère parler d’une crise d’engagement, comme on l’observe dans le bénévolat.
Il y a moins de persévérance, les personnes s’engagent moins longtemps, sur un ou deux mandats. Aujourd’hui, on donne de son temps en fonction de son cadre professionnel et familial.
Vous décrivez là une évolution sociétale… Suppose-t-elle de revoir le statut de l’élu ?
Il a eu des avancées. Tous les gouvernements veulent en faire un peu. Mais des progrès sont encore nécessaires. Je pense à des difficultés sur la cotisation de trimestres pour la retraite. Ou encore à la maire de Poitiers (Vienne), privée de ses indemnités durant son congé maternité.
Quand on voit toutes les méchancetés et le populisme de bas étage qui alimentent les réseaux sociaux à propos du coût des élus… Une commune comme la mienne (842 habitants), c’est moins que le Smic ! Et de toute manière, la démocratie doit avoir un coût.
Plus généralement, les relations avec la population sont plus directes, on se fait interpeller dans la rue— Joël Marivain, président de l’Association des maires ruraux du Morbihan
Y a-t-il des freins spécifiques à l’engagement dans les communes rurales ?
Il y a des spécificités. Les moyens sont faibles, évidemment. Et beaucoup de personnes veulent s’adresser directement au maire. Il faut veiller à une répartition des rôles avec son équipe, sans quoi on peut être assez vite submergé.
Plus généralement, les relations avec la population sont plus directes, on se fait interpeller dans la rue. J’ai autant d’infos dans un bistrot ou une kermesse que durant une permanence.
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Ces municipales s’annoncent-elles plus compliquées que les précédentes ?
Non, parce qu’en 2020, nous étions en pleine crise du Covid. Et puis, si personne ne se présente, le préfet fera son boulot.
En 2020, faute de candidats, il n’y avait pas eu de premier tour à Persquen. Deux listes s’étaient finalement constituées en urgence face à la menace d’une fusion avec une commune voisine. Vous craignez ce scénario ?
Notre démarche vise justement à l’éviter.
Vous avez déjà déploré les scores élevés de l’extrême droite dans votre commune. Plus largement, le Rassemblement national nourrit de grandes ambitions pour 2026. Ce contexte pourrait le favoriser ?
On ne fait pas beaucoup de politique dans les communes rurales. S’ils veulent en mettre, ils vont être déçus. Et puis, ils devront travailler, composer, et sortir du « yakafokon ». Les solutions qui semblent faciles et évidentes n’existent pas. Tous ces discours radicaux, au niveau national, sont en décalage profond avec la réalité.
(1) Le 19 juin à 19 h 30 à la salle des fêtes de Malguénac ; le 20 juin à 19 h à la salle polyvalente du Croisty ; le 26 juin à 19 h à la salle de La Grange à Lanvaudan et le 27 juin à la salle municipale de l’étang à Réminiac.
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