
Jean-Baptiste Legeay – frère Clair-Marie – avait une vocation de religieux et d’éducateur, c’était également un patriote. En 1940, il devient un résistant de la première heure. Dénoncé, l’homme « d’un courage et d’une élévation de caractère au-dessus de tout éloge » a été décapité à la hache par les nazis le 10 février 1943, jour de son 46e anniversaire.
Jean-Baptiste Legeay, devenu frère Clair-Marie (1897-1943) a été exécuté par les nazis pour faits de résistance. Le Nantais est mort décapité à la hache dans la prison de Rheinbach, près de Cologne, le 10 février 1943, jour de son 46e anniversaire.
« Cela va faire quatre-vingts ans qu’il est mort dans des conditions horribles et nous souhaitons faire vivre sa mémoire. Mes parents et ma tante m’en parlaient souvent quand j’étais enfant – je suis né en 1941 – à la maison il y avait un livre sur lui titré « Un héros » que j’ai toujours, Je suis un membre de sa famille éloignée », confie Jean Legeay.
Sur la table du retraité, des livres et un arbre généalogique qui établit leurs liens de parenté. « À l’école, on nous parlait de lui comme d’une forte personnalité. On disait de lui que c’était un saint », appuie Claudie, son épouse.
La foi et la vocation d’éducateur
Jean-Baptiste Legeay est né le 10 février 1897, à Montbert. Il vit à Geneston dans une famille croyante. Très tôt, il a la foi. Son parcours scolaire le conduit à Campbon, à Guérande, au Croisic. En 1910, il est novice chez les frères de La Mennais.
Devenu orphelin, il part en Angleterre, il devient frère Clair-Marie. À 20 ans, il participe comme soldat à la Grande Guerre, où il est grièvement blessé, le 9 juin 1918. Démobilisé, sa vocation d’éducateur s’affirme, il retourne au Croisic, puis enseigne à Guérande.
« À 29 ans, il est nommé directeur-fondateur du pensionnat Notre-Dame-de-l’Abbaye à Chantenay. Puis il devient directeur de l’externat de l’école Saint-Similien à Nantes, où il reste jusqu’en juin 1940, expose Jean Legeay. C’était un éducateur admiré, mais il a vécu pendant des temps troublés. Quand la guerre éclate en 1939, il aurait pu rester en retrait parce que c’était un religieux, mais c’était également un patriote. Le soldat blessé de 14-18 n’accepte pas la défaite, ni l’armistice, c’est le début de sa lutte clandestine et il sera un résistant courageux. »
Résistant de la première heure
Jean Legeay met en exergue son sens de l’engagement : « Jean-Baptiste Legeay est un résistant de la première heure, qui organise un réseau de renseignements cherchant l’implantation des unités allemandes pour renseigner Londres. »
Un ancien élève pense qu’il avait été en relation avec Honoré d’Estienne d’Orves au début du réseau Nemrod, avant de rencontrer le réseau Sidonie (dans les Côtes du Nord, aujourd’hui les Côtes-d’Armor). Il a aussi été en relation avec Marcel Hévin (SNCF).
« Il est vite surveillé par l’occupant et en septembre 1940, il quitte Nantes pour Pléhédel (Côtes du Nord), où il est économe au manoir du Roscoat. Il poursuit ses activités de combattant de l’ombre et d’agent de l’Intelligence Service. Il organise le sauvetage d’aviateurs britanniques et un réseau d’évasion, raconte Jean Legeay. Mais, le 13 novembre 1941, il est dénoncé et arrêté ».
« D’un courage et d’une élévation de caractère au-dessus de tout éloge »
Presque toute la bande à Sidonie tombe aux mains des nazis. Jean-Baptiste Legeay est transféré à Fresnes, où il est incarcéré pendant quatorze mois dans des conditions terribles, il souffre de la faim et s’affaiblit. Son procès a lieu le 17 juillet 1942, il est condamné deux fois à la peine de mort, pour espionnage et aide à l’ennemi. Il est transféré le 26 janvier 1943 à la prison de Rheinbach, où il est exécuté, décapité à la hache.
Son corps a été rapatrié en janvier 1949 à Nantes. il est inhumé au cimetière de la Chauvinière et repose aux côtés d’autres résistants.
L’aumonier allemand qui était présent au moment de son exécution a témoigné plus tard. « Je me souviens qu’il était un homme pieux et aussi joyeux, et il l’était jusqu’au dernier moment. »
En 1946, l’hommage officiel de la France à Jean-Baptiste Legeay a pris la forme d’une citation : « Depuis le début de l’Occupation, il n’a cessé de rechercher et d’héberger des soldats et aviateurs anglais. En a sauvé et convoyé jusqu’à la frontière, une vingtaine. A fourni au groupe 31 « Georges France » de nombreux renseignements sur les Allemands. Arrêté en novembre 1941, il fut condamné deux fois à mort, et décapité à la hache à Cologne. D’un courage et d’une élévation de caractère au-dessus de tout éloge. »
Roberte JOURDON