
Par Eliot Martello-Hillmeyer
Benjamin Duhamel doit être fier de sa maman. Ce mercredi 18 mars, Nathalie Saint-Cricq a été nommée, au moins temporairement, directrice de la rédaction nationale de France Télévisions. Jusque-là coordinatrice en charge des évolutions éditoriales de l’information du groupe, Nathalie Saint-Cricq est l’archétype du chien de garde zélé.
Défenseuse acharnée du pouvoir en place, porte-étendard de sa caste, acharnée obsessionnelle contre la Gauche de rupture et la France insoumise en particulier, Nathalie Saint-Cricq est de ce journalisme prêt à tout pour défendre le système néolibéral capitaliste dont il est la deuxième peau, voguant au gré de ses tendances réactionnaires pour conserver une place au chaud. La nomination de Nathalie Saint-Cricq à la tête de la rédaction de France Télévisions est une nouvelle étape dans l’inféodation du service public au pouvoir. Notre article.
Dans la famille Duhamel-Saint Cricq, on demande la mère
Nathalie Saint-Cricq est une figure bien connue du paysage audiovisuel français. Errant dans les couloirs du service public depuis les années 90, elle est d’abord une héritière. Nathalie Saint-Cricq est en effet la fille de Jacques Saint-Cricq, ancien président du conseil de surveillance du journal La Nouvelle République, poste aujourd’hui occupé par Olivier Saint-Cricq, frère de Nathalie. Elle est par ailleurs la petite-fille de Jean Meunier, plusieurs fois ministres sous la IVᵉ République.
Mais l’ancienne directrice du service politique de France 2 fait partie aussi d’une famille élargie, la plus célèbre famille de l’éditocratie à la française : les Duhamel/Saint-Cricq. Nathalie Saint-Cricq est ainsi l’épouse de Patrick Duhamel (ancien directeur général de France Télévisions), lui-même frère de l’inénarrable Alain Duhamel (que l’on vous présente ici). Nathalie Saint-Criq est donc aussi la belle-sœur de Dominique Duhamel-Castéra, mère de l’ancienne ministre macroniste Amélie Oudéa-Castéra.
Elle est la mère de Benjamin Duhamel, jeune visage des vieux chiens de gardes que l’on vous présente ici.
Pour aller plus loin : Portrait – Benjamin Duhamel : l’héritier au service du pouvoir
Haute dignitaire du journalisme de cour à la française, la nomination de Nathalie Saint-Cricq à la direction de la rédaction de France Télévisions révolte les journalistes
Dans la foulée de l’annonce de la nomination de Nathalie Saint-Cricq, le journal l’Humanité a relayé les inquiétudes de journalistes de France Télévisions. « On est révolté de cette décision, d’autant que nous n’avons pas été prévenus. Cela intervient à un moment très tourmenté pour France Télévisions et pour l’information. Ce n’est pas un bon signe pour franceinfo ni pour la rédaction nationale. » témoigne un délégué syndical du Syndicat National des Journalistes-CGT de France Télévisions.
Sous couvert d’anonymat, un autre journaliste de France Télévision témoigne : « Que dire, si ce n’est que cette nomination est celle d’un clan qui se serre les coudes et qui se répartit les postes en circuit fermé ! Difficile d’y voir un renouveau, un élan… Nathalie Saint-Cricq représente l’ostracisation, le contraire du pluralisme, et le management toxique très présent dans ces nominations à la rédaction nationale comme à franceinfo ! ».
On ne présente en effet plus l’admiration de Nathalie Saint-Cricq pour le pouvoir en place et le président de la République en particulier. En 2023 par exemple, la voilà qui déclarait tout en sobriété à propos d’Emmanuel Macron : « Le style Macron : Il réussit, il est jeune, il est diplômé, il est riche, donc ça c’est naturellement quelque chose qui peut énerver les gens. Il faut considérer que c’est irrationnel, mais ça existe. ». Elle était aussi une des 10 éditorialistes reçus en secret par Emmanuel Macron à l’Élysée au moment de la mobilisation contre la retraite à 64 ans pour leur donner les bons éléments de langage.
Pour aller plus loin : Retraites : 10 éditorialistes reçus en secret par Macron à l’Élysée
En miroir de cette admiration, c’est logiquement sa haine de la France insoumise que Nathalie Saint-Cricq vomit à longueur de plateau, enchaînant les approximations, les sous-entendus diffamatoires et les mensonges. En juin 2024 par exemple, une séquence ridicule, mais révélatrice la montrait en train d’essayer de souffler discrètement une question à un de ses collègues en lui montrant un papier sur lequel était écrit « JLM 1 PB » (sic), soit « Jean-Luc Mélenchon, un problème ? », une séquence qui lui avait notamment valu le recadrage en direct de Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale.
Contre le copinage et la cooptation : les propositions de la France insoumise pour renforcer et démocratiser l’audiovisuel public
Le copinage, la cooptation et la solidarité de caste sont aujourd’hui les principes directeurs de décision et de nomination au sein du service public audiovisuel français et de ses sphères de direction. En 2022 par exemple, la députée macroniste Aurore Bergé, aujourd’hui au gouvernement, avait été nommée au conseil d’administration de France Télévisions, suscitant la colère des syndicats. Fin 2024, la députée macroniste Prisca Thévenot, elle aussi ancienne ministre, est entrée au conseil d’administration de Radio France.
Après son élection en 2017, Emmanuel Macron avait déjà fait désigner à la tête de Radio France une ancienne camarade de promo à l’ENA. La même année, il avait nommé à la tête de La Chaîne Parlementaire – Assemblée nationale un réalisateur de documentaire l’ayant suivi pendant la campagne présidentielle de 2017. La directrice actuelle de Radio France, Sybile Veil, était aussi camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA.
En bref, lorsqu’il ne s’agit pas de propulser à la tête de la rédaction de France Télévisions l’une des éditorialistes les plus avides de défendre le pouvoir, c’est tout simplement les copains qui sont nommés aux postes de direction.
Pour aller plus loin : Pour une révolution citoyenne dans les médias – Les propositions de LFI et de son programme actualisé pour une information libre et indépendante
Pour renverser cette situation, pour renforcer et démocratiser un service public audiovisuel qui n’est souvent plus de service que celui du pouvoir, la France insoumise et son programme actualisé « L’Avenir en Commun » font de multiples propositions. Ainsi, par exemple, les présidents de France Télévisions et de Radio France doivent être élus par le Parlement et le financement de l’audiovisuel public doit être garanti par l’instauration d’une contribution audiovisuelle dédiée, universelle et progressive. Un véritable organisme citoyen chargé de contrôler la déontologie des médias doit être créé.
Concentration des médias dans les mains d’une poignée de milliardaire, sous-financement et ingérence politique dans l’audiovisuel public, nombreux sont les obstacles à une information libre et pluraliste telle que nécessaire pour que vive une démocratie. Pour y faire face, la France insoumise propose par son programme une révolution citoyenne dans les médias, un projet dont nous présentions certaines des mesures phares ici.
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Source: https://linsoumission.fr/2025/03/20/nathalie-saint-cricq-france-tele/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/nathalie-saint-cricq-nommee-directrice-de-la-redaction-nationale-de-france-televisions-la-soumission-du-service-public-au-pouvoir-continue-li-fr-20-03-25/