Nationalisme breton, nuances d’ultras ? -un courrier de Daniel Quillivic (*) au Télégramme (21/03/25)

Des membres des Bagadoù stourm, lors d’une réunion du Parti national breton (PNB) en décembre 1941 à Quimper.

« Votre article du mercredi 19 mars 2025 titré Quand l’ultradroite parasite le mouvement breton propose dans la partie Questions à KRISTIAN HAMON historien une assertion qui, de mon point de vue, édulcore totalement les faits : Alors que le premier PNB [Parti National Breton] était ouvertement pro nazi – nous dit Kristian Hamon –, le deuxième, sous la direction de Raymond Delaporte, adoptant une ligne plus modérée – exit le qualificatif pro nazi – est à classer dans la liste des partis collaborationnistes. Affirmation comprise par l’intervieweur (Thierry Charpentier) qui formule ainsi sa seconde question : Pas de doute, le premier PNB était pro allemand ?, sous entendu que le deuxième ne l’était pas !

Voici donc quelques propos  »modérés » de Raymond Delaporte :

1. « …Notre heure n’est pas passée. Elle va bientôt sonner

Il viendra un jour où le Parti National Breton sera le Parti unique en Bretagne. Ce jour là certains comptes seront à régler. …R. DELAPORTE. » (l’Heure bretonne n°32, 10 février 1941).

2. « L’EUROPE VA SE RECONSTRUIRE : La débâcle des armées soviétiques prépare la défaite des Anglos-Saxons

La Guerre se termine à l’Est. Elle se termine par une victoire totale de l’armée allemande. De cette victoire, nous n’avons pas douté un seul instant. Cette conviction absolue, nos écrits la prouvent, nos actes la prouvent… .R. DELAPORTE. » (l’Heure bretonne n°67, 18 octobre1941).

3. À partir du 19 septembre 1942 (l’Heure bretonne n°114) jusqu’au 31 octobre 1942, le PNB organise un Grand Concours du Moco. En réalité un appel à la délation avec récompenses à la clé (espèces sonnantes pour les premiers  »gagnants », du 75e au 200e prix des livres sur l’Histoire de la Bretagne). On peut donc se dénoncer entre voisins. Le  »gagnant » est un voyageur de commerce (l’Heure bretonne N°121, 7 novembre 1942) qui dénonçait ses propres clients ! (Moco= personne originaire de Provence, mais il est permis d’imaginer toutes les dérives possibles lors de cette campagne de délation).

N’en déplaise à M. Kristian Hamon, son deuxième PNB était bien pro nazi, antisémite, xénophobe, dictatorial.

Le corps de l’article de M. Thierry Charpentier se termine par l’évocation d’une décision prise par M. Yvon Ollivier : mettre en pause le mouvement Bretagne notre avenir…nous ne voulons pas prendre le risque de compromission avec le PNB. M. Yvon Ollivier était l’un de ceux (avec Kristian Hamon) qui s’offusquaient de voir, à Pont L’Abbé la rue au nom du pro nazi, antisémite, xénophobe Youenn Drezen disparaître du répertoire des ses rues.

Rappelons simplement ici que ce journaliste nationaliste militant signe sous l’un de ses pseudos, Tin Gariou, dans le dernier n° de l’Heure bretonne (n° 203, 2 juillet 1944 ; Archives départementales du Finistère), un article intitulé DALC’HOMP PEG ! (Tenons Dur!) où il ne renie rien. L’imprimerie du journal à Rennes ayant été détruit par l’aviation alliée, Youenn Drezen et ses acolytes ont trouvé le moyen de sortir ce n°203 réduit à un recto/verso au format A4 tout juste amélioré. Au revers de son article : Le ministre Speer et la nouvelle arme secrète, Déjà un maquis anti-allié ?, La tactique allemande… Sous le titre l’Heure bretonne : le drapeau Gwenn ha du, le refrain du Bro goz ma zadou, le triskèle. »

(*) Daniel QUILLIVIC , auteur de « Bro Goz-L’imposture »

Pont-L’Abbé le vendredi 21 mars 2025

°°°

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/nationalisme-breton-nuances-dultras-un-courrier-de-daniel-quillivic-au-telegramme-21-03-25/↗

°°°

Quand l’ultradroite parasite le mouvement breton-article de Thierry Charpentier (paru le 18 mars 2025 sur le site LeTelegramme.fr et le 19 mars sur la version papier du Télégramme)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *