« Nous aurons essayé d’impulser une enquête » : Face au génocide à Gaza, une grand-mère porte plainte à Paris après la mort de ses petits enfants dans un bombardement israélien (H.fr-6/06/25)

Janna et Abderrahim Abudhaer ont été tués à Gaza en 2023 à l’âge de 6 et 9 ans. À Paris, leur grand-mère a déposé plainte contre X vendredi 6 juin, en visant nommément Benyamin Netanyahou.© Mahmoud Zaki / Xinhua / ABACA

La grand-mère de Janna et Abderrahim Abudaher, tués à Gaza en 2023 à l’âge de 6 et 9 ans, a déposé en France une plainte contre X – mais visant nommément le premier ministre Benyamin Netanyahou, le gouvernement israélien et son armée – pour meurtre et génocide, ce vendredi 6 juin.

Par Julia HAMLAOUI et Tom DEMARS-GRANIA.

Janna et Abderrahim Abudaher, alors âgés de 6 et 9 ans, se trouvaient dans une maison du nord de Gaza « frappée par deux missiles de F16 tirés par l’armée israélienne » le 24 octobre 2023. Abderrahim est mort « sur le coup », et Janna peu après son transfert à l’hôpital. Ils font partie des 54 600 Palestiniens de l’enclave, majoritairement des civils, morts sous le feu de l’armée israélienne, recensés par le ministère de la Santé du Hamas, des données jugées fiables par l’ONU.

Leur grand-mère maternelle, Jacqueline Rivault, a déposé en France une plainte contre X – mais visant nommément le premier ministre Benyamin Netanyahou, le gouvernement israélien et son armée – pour meurtre et génocide, ce vendredi 6 juin. Cette plainte avec une constitution partie civile, annoncée à l’Agence France-Presse (AFP) par l’avocat Arié Alimi et déposée au pôle crimes contre l’humanité du Tribunal judiciaire de Paris, vise à obtenir la désignation d’un juge d’instruction. La Ligue des droits de l’Homme compte s’y joindre.

Des victimes de nationalité française

La nationalité française des victimes pourrait déclencher la compétence directe de la justice française et l’amener à devoir se prononcer. « Il y a eu d’autres plaintes avec la qualification de génocide, de crime contre l’humanité, qui ont été déposées, mais c’est la première avec des victimes françaises mortes à Gaza, rappelle Arié Alimi, joint au téléphone par l’Humanité. Le dossier devrait être instruit, peut-être qu’il y aura des mandats d’arrêt internationaux qui seront émis, mais au moins, nous aurons essayé d’impulser une enquête. »

Sollicité par l’AFP à plusieurs reprises sur le cas de ces deux enfants, le parquet antiterroriste avait répondu pour la dernière fois fin 2024 n’avoir pas ouvert d’enquête. « On ne pourra jamais le prouver, mais nous pensons que si une enquête n’a pas été ouverte, c’est aussi parce que c’étaient des enfants franco-palestiniens morts à Gaza, fustige Arié Alimi. Habituellement, quand des enfants français meurent dans des circonstances attribuables à un meurtre ou à un crime de guerre, le parquet ouvre spontanément une enquête. »

Selon la plainte de 48 pages, la « violence extrême » et les « bombardements réguliers » de l’armée israélienne sur Gaza après l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 ont amené la famille à quitter son appartement le 22 octobre au soir pour se réfugier dans une autre maison familiale puis une école. Ils auraient finalement été touchés par les deux missiles dans une nouvelle maison « au nord de la bande de Gaza, entre Fallouja et Beit Lahia », l’un d’entre eux entrant « par le toit et le second directement dans la chambre où se trouvait la famille ».

Si Abderrahim et Janna n’ont pas survécu, leur frère, Omar, a été grièvement blessé mais vit toujours à Gaza, comme sa mère, Yasmine Z. Également blessée, celle-ci a été condamnée en 2019 en son absence à Paris pour financement du terrorisme pour avoir distribué de l’argent à Gaza à des membres du Jihad islamique et du Hamas entre 2012 et 2013. Elle est visée par un mandat d’arrêt.

« Éliminer la population palestinienne »

La qualification de génocide est avancée par la plainte car ce bombardement est présenté comme faisant partie d’un projet visant à « éliminer la population palestinienne et la soumettre à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction de leur groupe ». Une accusation, étayée par la nature de l’offensive israélienne et les déclarations des membres du gouvernement, également formulée par plusieurs ONG, dont la Fédération internationale des droits de l’Homme, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), et qui revient de plus en plus régulièrement jusque dans les déclarations des responsables de l’ONU.

Un certain nombre d’actions judiciaires ont été entreprises en lien avec ce génocide, par exemple en Suisse, aux Pays-Bas ou encore en Allemagne. En France, trois plaintes ont été déposées ces derniers mois contre des membres d’associations franco-israéliens ou un soldat de l’armée israélienne, accusés de génocide ou de complicité. « Ce n’est pas une plainte qui va arrêter les chars et les bombardements, accorde Arié Alimi. Nous en avons tous conscience. » Mais pour l’avocat, comme pour Jacqueline Rivault et la Ligue des droits de l’Homme, le principal est ailleurs : « C’est de savoir que ces enfants ne sont pas morts pour rien. Mais aussi que si une plainte de leur grand-mère peut s’inscrire dans une initiative générale permettant la fin de ce nettoyage ethnique, il est bon de le faire, de l’annoncer et de le rendre le plus audible possible. »

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Source: https://www.humanite.fr/monde/armee-israelienne/genocide-a-gaza-une-grand-mere-porte-plainte-a-paris-apres-la-mort-de-deux-de-ses-petits-enfants-dans-un-bombardement-israelien

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/nous-aurons-essaye-dimpulser-une-enquete-face-au-genocide-a-gaza-une-grand-mere-porte-plainte-a-paris-apres-la-mort-de-ses-petits-enfants-dans-un-bombardement/

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