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À l’appel de La France insoumise et des Écologistes, des milliers de personnes se sont réunies ce dimanche 6 avril à Paris pour défendre l’Etat de droit face au coup de force du Rassemblement national.
Par Margot BONNERY.
Ne pas laisser l’extrême droite dicter sa loi. Ce dimanche 6 avril, une partie de la gauche, dont les Écologistes et La France insoumise, s’est réunie place de la République à Paris pour manifester contre le Rassemblement national. « Ils parlent de procès politique et s’opposent à la justice uniquement lorsque cela les arrange, lance une lycéenne à travers la foule. En ce moment même, le RN manifeste place Vauban contre la condamnation de Marine Le Pen et de ses parlementaires pour avoir détourné 4 millions d’euros de fonds publics. Nous ne voulons pas de cette France-là en 2027. Notre République est menacée. Alors, faisons bloc. »
Non loin d’elle, le parti Génération.s, fondé par Benoît Hamon, et le syndicat Solidaires brandissent leurs drapeaux. La Jeune garde, l’association Attac, l’Unef et l’Union syndicale lycéenne ont elles aussi tenu à participer à cette riposte populaire. Au total, près de 15 000 personnes se sont mobilisées, selon les organisateurs.
Le RN « montre son vrai visage »
La secrétaire nationale des Écologistes tente de se frayer un chemin à travers la foule. En face de pancartes représentant les parlementaires RN derrière des barreaux, Marine Tondelier dénonce une « défense complètement complotiste » de Marine Le Pen.
La cheffe de file du RN souhaite un « système judiciaire à deux vitesses avec la mise en place d’une justice plus sévère pour les Français, mais plus souple pour elle », gronde l’élue municipale d’opposition à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Aujourd’hui, « 58 % des peines de prison sont données avec une exécution provisoire, poursuit Marine Tondelier. Éric Ciotti vient de déposer une proposition de loi pour dire que les exécutions provisoires dans ce pays sont anormales. Ni lui ni Marine Le Pen ne se sont jamais exprimés contre ».
Le RN « montre son vrai visage », surenchérit Manuel Bompard, coordinateur de LFI, aux côtés de sa camarade à la veste verte. Accompagné de Jean-Luc Mélenchon, de Manon Aubry et de Clémence Guetté, le député des Bouches-du-Rhône affirme qu’il ne suffit pas de « porter des cravates pour ne pas être dangereux ». « Marine Le Pen ne manifeste jamais pour défendre les services publics ou combattre la réforme des retraites, mais elle descend dans la rue pour s’attaquer aux juges après sa condamnation », dit-il aux journalistes.
La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, tient à rappeler son soutien aux magistrats qui subissent des menaces depuis la décision de justice à l’encontre des assistants parlementaires RN. « Un cadre de ce parti siégeant au Parlement de Nouvelle-Calédonie (Guy-Olivier Cuénot) s’est réjoui des menaces de mort à l’encontre de la présidente du tribunal », en les qualifiant de « saine révolte contre ce fascisme gauchisant ». Selon Athénaïs, militante de gauche non encartée, si des juges se font insulter, c’est en partie à cause du gouvernement qui ne les protège pas suffisamment. « Bruno Retailleau a estimé qu’il existait des juges rouges. Qu’un ministre remette en cause la justice en s’en prenant au syndicat de la magistrature est intolérable », affirme-t-elle.
Mobilisation nationale le 12 avril
Sous l’ombre de la statue de la République, le Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) déroule une banderole : « Non au coup de force fasciste, oui à l’État de droit ». Pour Mathieu, militant aux JC, l’extrême droite désire changer la loi et remettre en cause l’État de droit uniquement lorsque cela la touche. « Elle montre son vrai discours à ses électeurs, à savoir : être faible avec les forts, et inversement. Ils défendent uniquement leurs privilèges. Ce n’est pas la conception que l’on se fait de la justice et encore moins d’une République », souffle-t-il par-dessus la foule qui crie « RN, démission ».
Une vague de huées se fait entendre dans la foule. Alors qu’il appelait à un « front antifasciste », le député ex-LFI Alexis Corbière s’attire les foudres des militants insoumis. « Traître », crient certains avant de scander le nom de Mélenchon pendant son discours. Une désunion qui explique que certains partis politiques, comme le Parti communiste français et le Parti socialiste, n’aient pas appelé au rassemblement. Cependant, ce n’est pas pour autant que ces derniers ne s’opposent pas à l’extrême droite. « L’histoire nous enseigne que les attaques contre le système judiciaire sont toujours une des premières étapes de l’instauration de régimes liberticides et tyranniques », rappelle Fabien Roussel dans une tribune publiée sur l’Humanité. Le secrétaire national du Parti communiste français affirme que « la menace ne vient pas des juges, mais de ceux qui les insultent et les menacent ».
Pour défendre l’État de droit, le PCF sera présent lors de la manifestation nationale du 12 avril aux côtés de la CGT, SOS Racisme et de la Ligue des droits de l’homme. Un « large panel d’organisations de la société civile – syndicats, organisations antiracistes, féministes et de défense des droits humains, organisations étudiantes », écrit SOS Racisme dans un communiqué.
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