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Les négociations indirectes à Doha marquent le pas. En revanche, Tel-Aviv met en place son plan de transfert en morcelant l’enclave. Le chef du Mossad, David Barnea, était à Washington ce 18 juillet pour en parler avec l’administration Trump.
Par Pierre Barbancey
Le 8 juillet, Donald Trump, qui venait de recevoir Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche, se disait optimiste quant à un accord « dans la semaine », assurant que le Hamas « voulait un cessez-le-feu ». Las, douze jours après, les négociations indirectes entre l’organisation palestinienne et Israël, en cours à Doha sous les auspices du Qatar, de l’Égypte et d’Israël, sont pratiquement au point mort.
Et pour cause. Tel-Aviv, à aucun moment, n’a montré sa volonté réelle d’aboutir à un cessez-le-feu de longue durée, permettant d’annoncer la fin de la guerre en même temps que la libération des Israéliens détenus à Gaza et des Palestiniens qui se trouvent dans les geôles israéliennes. Le journal Haaretz indique qu’Israël a, pour la première fois, accepté d’envisager formellement de mettre fin à la guerre à Gaza dans le cadre des négociations en cours, mais le doute est permis.
« Accueillir » les Palestiniens expulsés
L’armée israélienne a appelé, dimanche 20 juillet, la population à évacuer le centre de la bande de Gaza, annonçant une opération contre le Hamas dans un secteur du territoire palestinien « où elle n’avait encore jamais opéré ». Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) avait rapporté, en janvier, que plus de 80 % du territoire palestinien, ravagé et affamé par la guerre, était couvert par des ordres d’évacuation israéliens toujours en vigueur.
Les déclarations des différents responsables israéliens, politiques et militaires, montrent qu’en réalité Israël cherche à gagner du temps pour mettre en place son plan visant à vider la bande de Gaza de l’essentiel de sa population et empêcher la société palestinienne de se réinstaller. L’armée a annoncé, mercredi 16 juillet, l’ouverture d’un nouveau « corridor » militaire dans le sud de la bande de Gaza, appelé Magen Oz. Long d’environ 15 kilomètres, ce corridor divise la ville de Khan Younès en deux entités, est et ouest. Il part d’un autre corridor, celui de Morag, qui coupe la bande en deux dans le sens est-ouest, alors que celui de Philadelphie longe la frontière entre Gaza et l’Égypte.
Plus au nord, on trouve, entre Khan Younès et Deir el-Balah, le corridor de Kissoufim et enfin, légèrement au sud de Gaza-Ville, le couloir de Netzarim, qui divise le territoire du nord au sud. Cinq zones distinctes, donc, qui permettent aux Israéliens de contrôler tout déplacement vers le nord, le sud, l’est ou l’ouest, ce qui va faciliter le projet de camp, cyniquement appelé « ville humanitaire », qui vise à concentrer au moins 600 000 Palestiniens sur les ruines de la ville de Rafah, avant leur expulsion définitive.

Vendredi 18 juillet, le chef du Mossad, David Barnea, se trouvait à Washington pour, selon la chaîne israélienne Channel 12, discuter du projet de « transfert » des Palestiniens de l’enclave. Barnea aurait affirmé à l’envoyé américain spécial états-unien, Steve Witkoff, qu’Israël était en pourparlers avec l’Indonésie, l’Éthiopie et la Libye pour « accueillir » les Palestiniens expulsés. Le patron du Mossad aurait demandé aux États-Unis d’aider à persuader ces pays et de leur offrir des incitations pour qu’ils acceptent.
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